Les Trois Glorieuses (Bourgogne), l’une des plus belles fêtes bachiques du monde, sont célébrées le 3ème week-end de novembre. Elles représentent le grand rendez-vous viti-vinicole de la Bourgogne avec la planète vin juste au moment où le sort du nouveau millésime se fixe. C’est en quelque sorte une valse endiablée, un week-end de folie sous les hospices du marketing et de la tradition. Elle se marque comme toute bonne valse en trois temps.
Première glorieuse à Vougeot
Le troisième samedi de novembre se déroule au Château du Clos de Vougeot la réunion du plus grand chapitre annuel de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin (on prononce tâte-vin), un dîner de gala au château (smoking et robe longue exigés).
Deuxième Glorieuse à Beaune
Le dimanche qui suit, ont lieu à l’Hôtel-Dieu de Beaune les très célèbres ventes aux enchères des Hospices de Beaune *dont va dépendre le prix des dernières vendanges. De nombreuses animations ponctuent ce week-end de festivités : spectacles de rue, dîners de gala organisés par des confréries bourguignonnes, sans oublier des dégustations de prestige proposées par les plus grands domaines viticoles familiaux et maisons de négoces de Beaune.
*Voir aussi Vente des vins Hospices de Beaune 2014
Troisième Glorieuse à Meursault
Le lundi suivant, se déroule la Paulée de Meursault qui autrefois réunissait autour d’une même table, à la fin des vendanges, patrons et ouvriers agricoles. Aujourd’hui, cette Troisième Glorieuse est un grand repas partagé par l’ensemble des vignerons, des négociants, des clients, des amis dans la cuverie du château de Meursault ex- propriété de la famille Boisseaux fondatrice du groupe Kriter et de la maison Patriarche (revendue au groupe bordelais de Pierre Castel) : 730 invités (mais qui n’a pas rêvé d’être invité ?).
Le repas commence à 13 h et s’étire tout l’après-midi. Le repas est payant mais chacun apporte son vin, le meilleur si possible (jéroboams, grands crus, millésimes anciens…). Plus de 60 crus sont dégustés. A cette occasion, on y récompense de 100 bouteilles de Meursault l’auteur d’un livre, amateur de vin et amoureux de la Bourgogne (en 2010, la lauréate fut Amélie Nothomb, en 2011, l’historien Jean-Robert Pitte, en 2012, le journaliste et écrivain Patrick de Carolis), en 2013 le philosophe et académicien Michel Serres et en 2014, l’écrivain et biographe Gonzague Saint Bris. Et c’est ainsi que chaque année, la saison vinicole de la Côte de Beaune se clôt par la Paulée de Meursault créée en 1932, point d’orgue de ces Trois Glorieuses.
Le château de la Paulée
Le château de Meursault dont l’origine remonte au XIe siècle fut agrandi au XIXe siècle. Magnifiquement restauré en 1973, il était la propriété de la famille Boisseaux. Depuis décembre 2012, le château appartient à la famille Halley, sous la conduite d’Olivier Halley, fils du fondateur de Promodès ayant fusionné avec Carrefour en 1999. Le château avec ses caves du XIV et XVIe siècles est à la tête d’un domaine de 60 ha dont 23 ha en Premiers et Grands Crus (une centaine de parcelles en Aloxe-Corton, Savigny-les-Beaune, Pommard, Beaune, Volnay, Meursault, Puligny-Montrachet…). A noter que la famille a également acquis le château de Marsannay (Côte de Nuits) dont le domaine s’étend sur près de 34 ha, débutant au nord par le Bourgogne Montre-Cul à Dijon et se terminant au sud par des vignes au Clos de Vougeot.
A la Saint Vincent (et à contre-temps)
Et s’il fallait ajouter une quatrième Glorieuse sans doute faudrait-il attendre la Saint Vincent (le 22 janvier), le saint patron des vignerons. C’est le repas du cochon, une fête tournante organisée par la confrérie des Chevaliers du Tastevin, qui se déroule chaque année dans une commune différente (de Bourgogne évidemment !).