« Hubert de Montille est parti au cours d’un repas entre amis en buvant un Pommard Rugiens 1999. Tous ceux qui l’ont connu un peu intimement savent que c’est le départ qu’il aurait souhaité » notait Le Point sur son site internet. C’était le samedi 1er novembre 2014. Il avait 84 ans.
A l’affiche du film Mondovino
Une image reste indissociable du célèbre film Mondovino (2004) de Jonathan Nossiter, celle d’Hubert de Montille planté devant sa maison de Volnay. Derrière une gueule à la Hitchcock mâtiné de français mal embouché, il offrait au monde entier, sans mâcher ses mots, la figure lumineuse d’un vigneron défenseur de la notion de terroir n’hésitant pas à affirmer haut et fort que là où il y a de la vigne, il y a de la civilisation. Il n’y a pas de barbarie.
Un ancien avocat de retour sur terre
Ce vigneron, ancien avocat* contribua à restaurer le Domaine de Montille installé à Volnay depuis le milieu du XVIIIe siècle ; un domaine qui couvre aujourd’hui sur Volnay et Pommard 7 ha offrant sans doute l’une des plus belles et des plus pures expressions du pinot noir (pas ou peu de bois neuf). Sans doute ces vins peuvent-ils paraître austères, voire durs dans leur jeunesse, mais pour ensuite évoluer avec grâce : on les massacre en les buvant jeunes, disait d’ailleurs Hubert de Montille (voir plus bas). Le domaine est depuis 2002 sous la responsabilité de son fils Etienne (sa sœur Alix se réservant le patrimoine des blancs). Ici, se pratique la culture biologique depuis 1995, complétée en 2005 par la biodynamie (certification Ecocert).
*Alors qu’il était bâtonnier, c’est lui qui dans l’affaire Grégory défendit Bernard Laroche.
On s’y tailladait les pieds
Trois premiers crus à Volnay font partie du domaine de Montille : les Champans, les Mitans et le plus emblématique d’entre eux, les Taillepieds (pour 1/10e de sept hectares parmi 15 propriétaires différents) soit 1,52 ha et une production annuelle de 7200 bouteilles. Le lieu-dit tirerait son nom de sa forte pente sur laquelle les vignerons se « tailladaient les pieds » en bêchant la terre. Tout a été dit sur ce premier cru presque mythique, son exposition favorable au soleil, un drainage optimal en mi-pente, la complexité des sous-sols et tous les soins apportés aux vignes depuis des siècles par des gens soucieux de la qualité comme aimait le dire Hubert de Montille.
A la question* pourquoi militer pour les vins de garde ?
Hubert de Montille répondait : les arômes tertiaires, la complexité d’un vin qui se révèle après vingt ans… les gens sont complètement à côté de la plaque en consommant les vins trop jeunes. Je me cramponne et me bats pour que les gens conservent leurs vins. On les massacre en les buvant jeunes. Personne ne veut plus attendre, on veut tout et tout de suite. Plus personne n’a de cave ni de moyens. Tout ça, c’est de la foutaise… ils ont bien les moyens d’aller se faire bronzer ou de s’acheter des grosses bagnoles… «
Voilà bien le personnage qui s’est éteint avec au palais, le goût du meilleur de la Bourgogne, le voisin Pommard, un Rugiens 1999.
*http://www.demontille.com/fr/nos-racines/hubert-de-montille