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Chinon ce vin de Loire dans les pas de Gargantua

Du haut de sa forteresse dominant la vallée de la Vienne, Chinon est une place forte historique et culturelle. Avec son vignoble, cet ensemble est classé au patrimoine mondial de l’Unesco au titre de paysage culturel exceptionnel. Photo © François Collombet

Les guerres picrocholines à La Devinière

Antoine Rabelais, père de François, était avocat au siège royal de Chinon et sénéchal de Lerné. Il possédait plusieurs propriétés, dont cette « maison des champs » à Seuilly, héritée de sa mère. Accolé au logis du XVIIe siècle, le pigeonniergrange. C’est l’édifice le plus emblématique de La Devinière (voir la photo) avec son toit de tuiles de terres cuites courbe. Il contient 288 boulins pouvant accueillir chacun un couple de pigeons, révélateur de la fortune du maître des lieux.

Une guerre inspirée de l’actualité de l’époque

Rabelais a placé sa maison natale au cœur de son roman Gargantua. C’est le château de Grandgousier. Il a fait de La Devinière le siège de sa dynastie de géants et de ce lieu le centre d’une épopée fantastique : la fameuse guerre picrocholine inspirée de l’actualité de l’époque (le conflit entre François 1er et Charles Quint).

Voici la maison natale de François Rabelais, La Devinière sur la commune de Seuilly près de Chinon. Cette modeste maison devenue musée conserve avec vénération toutes les traces de ce géant universel de la littérature. Mais cette tranquillité n’est qu’un leurre. N’est-ce pas là que se situe le théâtre des guerres picrocholines et le fief de Grandgousier, père de Gargantua. Photo © François Collombet
A La Devinière, Rabelais ancre Gargantua dans le microcosme chinonais. C’est là qu’il y situe sa guerre « picrocholine » mondiale : des milliers de soldats se rossent à coup de lancer de poules, de bâtons et sont noyés dans la « pisse » de jument géante de Gargantua. Un conflit qui débute à Seuilly pendant les vendanges et qui a pour origine une « fouace » , petite brioche aux épices, le délice des boulangeries locales. Photo © François Collombet

La fouace, quelle poisse !

Depuis Rabelais, elle est célèbre. Mais cette petite brioche est responsable d’une querelle qui va dégénérer en guerre picrocholine. Il en donne d’ailleurs la recette : « faictes de fine fleur de froment délayée avec beaux moyeux d’œufs et de beurre, safran, épices et eau ». Aujourd’hui, c’est une petite brioche bien paisible, ronde épicée de safran et surmontée d’une noix. Elle se mange aussi bien sucrée que salée.

Aujourd’hui, à la Devinière, l’automne couvre le paysage d’une « langueur monotone ». Mais ici, l’imaginaire se confond avec le réel. C’est bien dans cette campagne que se déroula la fameuse guerre picrocholine. Oui, un « paysage remarquable » en cours de classement auprès de l’Unesco. Au loin, au-delà des vignes, le château du Coudray Montpensier, récompense offerte par Gargantua à Gymnaste (Gargantua remportera un grand nombre de victoires, notamment grâce à son compagnon et professeur Gymnaste). Photo © François Collombet

Une lecture musicale mêlant le vertige des listes ou énumérations rabelaisiennes à celui d’une musique concrète produite par la manipulation de petits objets démesurément sonores.

Chinon, vignoble historique et culturel

A Chinon, on dit qu’ouvrir une bouteille c’est libérer : « un vin juste qui a la gueule de l’endroit et de l’année où il est né, et les trippes du bonhomme qui l’a fait« . Cette formule choc vient de l’œnologue Jacques Puisais (1927-2020), habitant Chinon. Autre formule chez Rabelais : « Le vin a le pouvoir de remplir l’âme de toute vérité, de tout savoir et de toute philosophie « . Le vin dans l’oeuvre de Rabelais est omniprésent, et par l’habilité de sa plume, il a créé un lien entre les nourritures terrestres et celle de l’esprit.

De Rabelais à Max Ernst, on mesure les géants et on déguste du chinon

Ici, dans la maison de Max Ernst à Huismes (près de la Loire), une dégustation de Chinon du Domaine Jourdan (17 ha de cabernet franc qui s’étendent de la plaine de la Vienne aux coteaux de Cravant). Cette figure de l’art en Europe pour le XXe siècle s’installa à Huismes dans la ferme du Pin qu’il baptisa « Le pin perdu ». L’atelier de Max Ernst et le jardin avec son mur de sculptures sont ouverts au public. Photo © François Collombet
A Huismes dans le Chinonais, atelier de Max Ernst dont la maison a reçu le label « Maison des illustres ». Son oeuvre se découvre à travers les plus grands musées du monde. Photo © François Collombet

Rabelais était-il aussi anthropologue ?

Savigny-en-Véron à la confluence de la Loire et de la Vienne accueille le musée du Véron, musée d’anthropologie sociale et culturelle ouvert sur le monde. Photo © François Collombet

Au cœur de Chinon, à la rencontre des vignerons

Au choix, pour une dégustation avec les vignerons et les vigneronnes de l’appellation : La Cabane à vin ; La Cave Voltaire ; Le Charbon et la Dilettante et quelques autres cavistes au centre de Chinon.

Dégustation d’un Chinon blanc « Nature » Elisabeth 2022. A gauche, Bastien Rocour du Domaine La Trochoire au Couziers non loin de l’abbaye de Fontevraud. Chez lui, 4 ha sont consacrés à la vigne plantés en chenin blanc (une rareté à Chinon) sur un coteau majoritairement constitué de sols argileux, avec silex, sur sous-sol calcaire plus ou moins affleurant. Un domaine intégralement certifié en agriculture biologique par Ecocert. Les vendanges sont faites manuellement à pleine maturité, en tris successifs. Les raisins sont ensuite soient mis à macérer (avec ou sans rafles selon les millésimes) ou directement pressés à l’aide d’un vieux pressoir horizontal. Un chinon parfaitement « nature ». Seul un léger sulfitage peut intervenir à la mise en bouteilles selon les cuvées produites. Photo © François Collombet

Les Caves Painctes pour rejoindre « le Temple de la Dive bouteille »

Si un lieu est plus emblématique à Chinon, ce sont bien les Caves Painctes. Partout l’extraction du tuffeau dans les coteaux et dans les plaines de Chinon a permis de bâtir châteaux, maisons et caves. Mais ici à Chinon, elles inspirèrent à Rabelais le « Temple de la Dive bouteille ». La légende veut que son père y posséda sa cave. Enfant, il y joua en arpentant les nombreuses et profondes allées. C’est en creusant cette pierre de tuffeau (roche calcaire) que la ville médiévale de Chinon fut édifiée. De plus elles offraient les conditions parfaites pour la conservation du vin. Aujourd’hui, ces quelque 1200 m2 de cavités appartiennent aux vigneron(ne)s de Chinon ainsi qu’au Entonneurs Rabelaisiens, deuxième confrérie bachique de France.

Des caves qui abritent la Maison des vignerons et vigneronnes de Chinon

Dans la ville même, au pied de la falaise surplombées par la forteresse royale, l’entrée des Caves Painctes est le lieu d’un bâtiment architectural ambitieux avec son toit de zinc et de tuiles rouges : la Maison des vignerons et vigneronnes de Chinon ; une Maison résolument tournée vers le futur.

Soirée banquet, le Carnaval des Caves Painctes en images

Ouverture du banquet où clergé et géants ont décidé de se mettre en scène pour accueillir les convives. Photo © François Collombet
Un menu gastronomique signé Chevalier traiteur, incontournable à Chinon et nourri à la musique de New Orleans des musiciens du French Quarter Orchestra. Photo © François Collombet
Jean-Martin Dutour président du syndicat des vins de Chinon qui joue les « zorros » a sorti de sous sa cape, son somptueux Chinon Château de la Grille 2018 (grand millésime) ; l’un des rares châteaux, style troubadour (route de Huismes à Chinon) du Val de Loire entouré de son vignoble : 35 ha plantés en cabernet franc sur des sols argilo-calcaires cultivés en agriculture raisonnée ; un vin reconnaissable à sa bouteille, réplique d’un modèle champenois du XVIIe siècle. Château de la Grille est devenu une référence dans le chinonais pour sa qualité. Sa gestion depuis 2009 est le fruit d’une rencontre entre Christophe Baudry, sixième génération de vignerons à Cravant-les-Côteaux et Jean-Martin Dutour, ingénieur agronome et œnologue. Photo © François Collombet

En cette année olympique, le champion chinonais de roulage de barriques est…

C’est une épreuve qui se déroule sur une piste spécialement aménagée dans l’une des galeries des Caves Painctes

Jean Denys de Bonnaventure meilleur temps, meilleur sportif ! Il est le vainqueur du 4e concours de roulage de barriques (novembre 2024). Impressionnant ! Photo © François Collombet

Jean de Bonnaventure à la tête du château de Coulaine est aussi un formidable vigneron. Il a repris en 2017 cette très ancienne exploitation familiale située sur le terroir de Beaumont-en-Véron. 19 ha de vignes conduits en culture biologique (certifié en 1997). Sélection parcellaire de sols 100 % « Millarges », mêlés de matière organique, sur tuffeau jaune, situés en haut du coteau de Coulaine. Jean de Bonnaventure est ingénieur Agronome (ENSAT) et diplômé du DNO (Diplôme National d’œnologue). Son Château de Coulaine / Jean de Bonnaventure (cabernet franc) est une cuvée issue d’une grande parcelle située derrière le château, sur un plateau de sables calcaires jaunes et d’argiles, exposé en plein soleil.

A la Confrérie des Entonneurs Rabelaisien, on rythme les saisons de la vigne

La Confrérie perpétue le message de Rabelais fondé sur la liberté d’esprit, la tolérance et le bien vivre. Photo © François Collombet

« Messieurs les beuveurs, honorables dames et gentes demoiselles … la confrérie des Bons Enton­neurs Rabelaisiens déclare ouvert son chapitre en ce vray pays de Rabelais qui le vit naistre et dit qu’avant l’extraordinaire repaissaille digne des grands gousiers, de bons amis beuveurs entreront en grandes pom­pes et honneur comme chevaliers après bonne et valable épreuve à dire et à voir comme fust Gargan­tua en bon vin breton qui ne croit en Bretagne mais en bon pays de Véron, Cravant, Panzoult, Ligré, Beaumont et austres lieux du pays de Chinon »

Quel est donc le point commun à tous ces gens illustres : Simone Veil, Caroline Kennedy, Pierre Sallinger, Line Renaud, jules Romains, Antoine Blon­din, Yves Coppens, Gérard Depardieu, Claude Cha­brol, Pierre Troisgros, Paul Bocuse, Périco Légasse, Stéphane Le Foll… (Ils sont plus de 40 000)* ? C’est d’avoir été un Jour ou l’autre, depuis plus de cinquante ans, adoubés chevaliers de la confrérie des Bons Entonneurs rabe­laisiens, la seule de France qui puisse en toute légiti­mité se prévaloir du maître à tous en ce domaine, François Rabelais. Un nom qui évoque un esprit pétillant, audacieux, un humaniste, mais aussi la ripaille, la paillardise qu’on retrouve dans les person­nages de Gargantua, Pantagruel, Grandgousier, etc. Nous sommes à Chinon, au cœur des terres rabelai­siennes au temple de la Dive Bouteille.

*Il se tient en moyenne par an une trentaine de chapitres exceptionnels intronisant chaque année un bon millier de vaillants néophytes, futurs chevaliers de la confrérie, prêts à porter allégeance à François Rabelais et à vanter le bon vin de Chinon.

Les grands dignitaires de la Confrérie des Entonneurs Rabelaisiens, seule confrérie en France à avoir obtenue le « prix de l’art de vivre » grâce à son dynamisme et à ses valeurs qui reflètent un certain état d’esprit et fait perdurer une tradition très ancienne. Photo © François Collombet

Sans doute la confrérie la plus célèbre de France

La confrérie les Bons Entonneurs Rabelaisiens de Chinon est sans doute la plus célèbre de France (deuxième confrérie bachique après les Tastevin en Bourgogne). Elle est née le 8 juin 1961. Elle tient chapitre solennel quatre fois par an sous les voûtes immenses des célèbres Caves Painctes. Ces jours-là, les Grands Dignitaires dans le rouge, l’or et l’hermine de leurs costumes d’apparat reçoivent les futurs chevaliers au cours d’un imposant cérémonial d’intronisation. Leur sont alors remis le Grand Diplôme d’Honneur de la Confrérie et le Cordon aux couleurs rouge et or de Chinon, soutenant la médaille frappée à l’effigie du plus célèbre des chinonais, François Rabelais.

A la mi-juin se tient donc l’un des quatre grands chapitres de la confrérie, un chapitre solennel (le chapitre de la Fleur) sous la présidence symbolique d’un invité de marque (acteurs, écrivains, ministres…)

Les 4 grands chapitres de la Confrérie

  • Chapitre de la Saint Vincent : en janvier
  • Chapitre de la Fleur : en juin
  • Chapitre des Vendanges : en septembre
  • Chapitre de Diane : en décembre

A Chinon, on met partout ses pas dans ceux de Rabelais

Ici, dans ce vignoble chinonais de 2400 ha, chaque pas mène à Rabelais, géant universel de littérature né en 1494 à Seuilly près de Chinon. Entrer en chinonais c’est donc entreprendre un voyage au pays de François Rabelais avec cette curieuse impression qu’il est omniprésent. Il écrivait : « Boire est le propre de l’homme, boire vin bon et frais, et de vin divin on devient » ou encore : « Le vin est ce qu’il ya de plus civilisé au monde « . Si tout est démesuré dans l’oeuvre de Rabelais et notamment la soif, celle-ci n’est qu’une allégorie à l’envie d’apprendre et que « savourer » et « savoir » sont identiques puisque venant de la même racine latine « sapere » signifiant avoir de l’intelligence, du goût et du jugement.

Le vin (en chinon blanc et rouge) du Clos de la Devinière, trait d’union entre la maison de Rabelais, son oeuvre et le paysage où a évolué Gargantua. Le vignoble a été planté en 2004 de cabernet franc et de chenin. Une production d’environ 4000 bouteilles par an. Photo © François Collombet

Ce Gargantua qui a aussi façonné les Puys

Il est dit que ce sacré Gargantua, ce géant gentil a quelque peu modifié le paysage. D’abord, pas de doute c’est lui qui aurait fait pencher le clocher de l’église de Lerné en s’asseyant dessus. Ensuite, en décrottant ses bottes, il aurait formé les fameux Puys, ces buttes calcaires dotées de végétation méditerranéenne, une rareté dans le Val de Loire et où la vigne en contrebas s’épanouit. On les trouvent surtout dans la zone de confluence (Loire et Vienne), dominant jusqu’à 88 m le paysage alentour (on en dénombre 8 vers Chinon, Beaumont-en-Véron et Huismes.

Un vignoble structuré par la Vienne et la Loire

Comme dans son oeuvre, le paysage est structuré par la Loire et son affluent, la Vienne. Ces deux cours d’eau dessinent une sorte de triangle dont la pointe s’étire jusqu’à Candes-Saint-Martin (l’un des plus beaux villages de France)*. Sa base se referme sur 5000 ha de forêt ( une forêt domaniale) protégeant la vigne des vents du Nord. Et c’est encore la pierre de tuffeau dans laquelle est creusée la maison natale de Rabelais à la Devinière qui marque le paysage vinicole du Chinon ; une pierre formée il y a 90 millions d’années donnant cette légère couleur « terre de Sienne ». Elle prend même une teinte jaune sur des sols sable-coquilleux (appelés ici « millarges ») qui rappellent la présence de la « mer des faluns » recouvrant l’ouest de la France entre 16 et 3 millions d’années.

*Deux cours d’eau qui ont autrefois grandement développé les vins de Chinon.

Vue de la forteresse de Chinon sur l’autre rive de la Vienne. Jusqu’au XIXe siècle, la Vienne était un axe commercial majeur où de nombreux bateaux circulaient et notamment des gabares pour le transport du vin. La Vienne (et la Loire) jouèrent un rôle essentiel dans le développement du vignoble de Chinon permettant de l’exporter jusqu’au nord de l’Europe. Photo © François Collombet

Cabernet franc ou « breton », cépage roi du chinon

A chinon, le cépage roi est le cabernet franc (à 95 %) donnant des rouges et des rosés. Mais ici, on l’appelle « breton » ou « vin breton » ou « plant breton »*. C’est Rabelais lui-même qui le mentionne pour la première fois dans son roman Gargantua en 1534 : « J’entends de ce bon vin breton, lequel poinct ne croist en Bretagne mais en ce bon pays de Verron  » ( Le Verron est un territoire sur l’appellation Chinon).

*Ce nom « breton » viendrait du toponyme du lieu d’approvisionnement qui pourrait être Nantes et des marchands bretons qui en assuraient le commerce. Autre lieu d’approvisionnement possible, le port de Capbreton, à l’embouchure de l’Adour dans les Landes. Le cabernet franc ayant vraisemblablement pour origine le biturica venu d’Espagne.

A Chinon, la vigne rentre dans la ville

Ici à Chinon, la vigne semble venir s’échouer sur cette forteresse royale qui s’étend sur 500 m de long, amarrée à un solide éperon rocheux (ici, les vignes Echo et Le Paly). Photo © François Collombet

Le Clos de l’Echo, vignoble historique de l’appellation

Le Clos de l’Echo situé au pied de la forteresse de Chinon est le vignoble historique de l’appellation. Son nom vient de l’écho qui se répercute à l’infini sur les murailles du château. C’est sans doute là que fut plantée la première vigne chinonaise. Il aurait appartenu à la famille de François Rabelais. Un temps voué aux céréales, ce terroir est depuis 1952 la propriété de la famille Couly. Les 13 ha du vignoble assez pentus offre un sol à dominante argilo-calcaire idéal pour le cabernet franc. Arnaud Couly petit fils de René et fils de Jacques est aux commandes du domaine depuis 2005. Le domaine est doté d’un chai moderne creusé dans le tuffeau et des caves impressionnantes du Xe  siècle sont situées sous la forteresse de Chinon.

Ce Clos de l’Echo est une institution chinonaise. On dit qu’il fut la propriété des parent de Rabelais. Il appartient depuis 1921 à la maison Couly Dutheil (avec le Clos de l’Olive). Ce clos est situé dans Chinon, face à la forteresse. La qualité exceptionnelle des vins qui y sont produits est en grande partie due aux sols argilo-calcaires, avec la présence d’argiles bleues (les mêmes qui ont fait la réputation Pétrus). Photo © François Collombet

Première appellation du Val de Loire en production de vins rouges

Le chinon, cru historique de la Touraine produit 13 millions de bouteilles (11 millions en rouge, 1,1 million en rosé et 530 000 bouteilles en blanc). Chinon est la première appellation de vin rouge en volume de Loire. Elle recense 166 vignerons travaillant 2400 ha : 95 % en cabernet franc et 105 ha en chenin (5 % mais c’est « tendance !), de vignes entre Tours et Saumur (la moyenne des surfaces d’exploitation est de 14,4 ha). L’appellation Chinon est constituée de petits clos, de vignes de châteaux ou de grandes maisons de maître, de parcelles sur terrasses et coteaux et jusque dans le centre ville de Chinon ainsi qu’au cœur des 26 villages qui constituent l’appellation comme à Savigny-en-Véron, Cravant-les-Côteaux ou encore Ligré.

Des vins de plus en plus bio (44 % des surfaces)

Les chiffres de la dernière enquête montrent l’inexorable montée de l’agriculture biologique. Ainsi, 74 % des surfaces en production sont labellisées ou en cours de labellisation Bio, HVE, terra Vitis. 44 % des surfaces sont conduites en agriculture biologique et biodynamique. Quant aux vendanges, 29 % des surfaces sont récoltées manuellement. Pour l’élevage, les vignerons élèvent leurs vins en barriques (entre 1 et 25 %), 6 % entre 50 et 74 % et seulement 1 % entre 75 et 100 %.

Depuis les murailles de la forteresse royale de Chinon, on découvre un impressionnant paysage de vignes dont le Clos de l’Echo. Photo © François Collombet

Sur un sous-sol de tuffeau, trois types de sols

Le vignoble se rencontre sur des coteaux surplombant la Loire et la Vienne offrant un paysage viticole qui se décline en vignes de plaines alluviales, de puys, de clairières et d’îlots. Pas moins de 51 terroirs ont été discernés par l’INRA d’Angers. Une pierre est ici emblématique, le tuffeau cette pierre blanche de Touraine qui a su façonner la vie, la vigne et les vins ; des vins riches en expression, puissants en bouche et possédant un excellent potentiel à bien vieillir. Trois types de sols reposent sur ce sous-sol de tuffeau : alluvions sableuses et graveleuses, argilo-calcaire et argilo-siliceux. Si le tuffeau servit à la construction du site fortifié de Chinon, il permit aussi à de nombreux vignerons d’y creuser leur cave et souvent leur maison.

*Ces terroirs se différencient par le sol, le sous-sol, les caractéristiques géologique, pédologique, climatique, le drainage, la profondeur, la granulométrie, l’altitude…

Vignoble donnant sur le prieuré Saint-Louans (aujourd’hui, un Ehpad) vers Mon Plaisir. C’est sur cet éperon calcaire situé à l’extrémité ouest du coteau dessinant la rive droite de la Vienne qu’évoluent les vignes du Château de Louans tout près de la ville de Chinon. Photo © François Collombet

La parole au Président du syndicat des vins de Chinon

Jean-Martin Dutour, élu en 2023 président du syndicat des vins de Chinon est l’un des deux dirigeants de la maison Baudry-Dutour (aujourd’hui 6 domaines du Val de Loire). Il représente les 166 vigneron(ne)s de l’appellation. Cet ingénieur agronome de formation, est résolument tourné vers le futur : « Nous savons, comme partout, que nous devons faire face à des problématiques émergentes, à commencer par le réchauffement climatique, mais j’ai de l’ambition pour notre appellation. Elle connaît actuellement une montée en gamme constante de ses vins, avec des cépages remarquables, un vrai engouement des consommateurs et une belle dynamique collective. L’avenir nous appartient, à nous d’anticiper les enjeux de demain et de nous en saisir pleinement ! »

Jean-Martin Dutour, des domaines Baudry-Dutour (6 domaines du Val de Loire) à La Devinière. Il a été élu en 2023, président du syndicat des vins de Chinon, poste qu’il a déjà occupé entre 2014 et 2017. Il fait face aujourd’hui à une consommation du vin en baisse et au changement climatique. Photo © François Collombet

Cette forteresse royale qui force l’admiration

Parler de Chinon, de ses vins, de son ancrage rabelaisien sans évoquer la forteresse royale serait lui amputer un pan de l’histoire européenne.

Forteresse royale de Chinon située sur un éperon rocheux. Elle domine la ville médiévale et les alentours. Ce haut-lieu de l’Histoire européenne est riche d’un passé militaire médiéval. Il a été marqué par Henri II Plantagenêt roi d’Angleterre, les rois de France, Philippe Auguste ou encore Philippe Le Bel. Le château fut également le cadre de la rencontre entre le dauphin (futur Charles VII) et Jeanne d’Arc. Photo © François Collombet

Pour aller plus loin

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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