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Château de Fesles berceau de l’AOP Bonnezeaux (Anjou)

Le coteaux de Fesles l’un des points les plus hauts du Val de Loire

Gilles Bigot chef de culture et maitre de chai du Château de Fesles, sur la plus prestigieuse parcelle du domaine, au lieu-dit La Chapelle. Photo © François Collombet

l’AOP Bonnezeaux, minuscule terroir mais immense réputation

Le château de Fesles est indissociable de l’AOP Bonnezeaux. N’est-il pas le berceau de l’un des meilleurs vins liquoreux au monde. Si sa réputation qui provient d’un seul cépage, le chenin, est immense, son terroir est minuscule. Jugez-en ! Voici une appellation qui ne couvre que 70 h en production pour 187 000 bouteilles par an. Elle s’étend sur une toute petite portion de la seule commune de Thouarcé (rive droite du Layon) : trois coteaux aux pentes abruptes orientés plein sud : « La Montagne », « Beauregard » et surtout « Fesles » sur des schistes gréseux avec des filons de quartz et de phtanites.

 Le Moulin de la Montagne émergeant au milieu des vignes à Beauregard sur l’un des 3 coteaux du Bonnezeaux. Photo © François Collombet

Le château de Fesles sur un emplacement viticole vieux de près de mille ans

Si l’édification du château situé à Thouarcé, au cœur de l’Anjou, à l’extrême sud des Coteaux du Layon, près du village de Bonnezeaux, date du XVIIIème siècle, la vocation viticole du lieu serait beaucoup plus ancienne. On parle de 1055 et de la première mention d’un cru Bonnezeaux par les moines du prieuré le Gué du Berge (dont il ne reste que la chapelle romane). Aujourd’hui, le château est au milieu des vignes. A presque 100 m d’altitude, il domine la vallée du Layon dont il est possible de repérer les 21 clochers. En 1991, la propriété a été restaurée. Depuis, la qualité de ses installations en fait une référence en Anjou, et l’une des propriétés les plus reconnues de la région.

Le vignoble du château de Fesles est un coteau à presque 100 m d’altitude qui domine la vallée du Layon. Photo © François Collombet

Un vignoble en bio depuis 2022

La renommée du Château de Fesles réside principalement dans sa production de vins blancs liquoreux, et notamment du précieux Bonnezeaux. Mais, le domaine qui s’étend sur 46 ha produit surtout des vins en AOP Anjou blanc, Rosé d’Anjou, Cabernet d’Anjou. Ainsi, sur le plateau, 23,5 ha sont consacrés au cabernet franc (90 %) et cabernet sauvignon (10 %) pour l’Anjou Rouge, l’Anjou-Villages rouge et le Cabernet d’Anjou. 2 ha reviennent au grolleau pour la composition du Rosé d’Anjou. Quant au coteau, c’est le domaine du chenin blanc sur 22,5 ha. Il contribue à l’élaboration de l’Anjou Blanc, du Coteaux du Layon et bien évidemment du Bonnezeaux. Depuis le millésime 2022, toutes les cuvées sont certifiées en agriculture biologique avec des vendanges effectuées à la main pour une meilleure sélection des baies. La production annuelle du château est de 270 000 bouteilles.

Production du château de Fesles. De gauche à droite : Château de Fesles Côteaux du Layon 2021 ; Château de Fesles La Chapelle Chenin Blanc 2021 ; Crémant de Loire Brut Blanc de Blancs, La Chapelle Château de Fesles ; Bonnezeaux 2014 La Chapelle du Château de Fesles. Photo © François Collombet

La grande qualité des Anjou rouges : Ils sont l’objet d’un tri sévère sur table avec un éraflage à 100 % et une cuvaison en cuves inox à température 30-33°c (macération de 8 à 15 jours). L’élevage se fait sur lies fines en cuves inox thermorégulées durant 4 mois pour respecter l’expression du cabernet franc sur le fruit suivi d’une conservation en bouteilles pendant 6 mois avant la commercialisation. Les Anjou rouges Villages sont issus de vieilles vignes pouvant avoir jusqu’à 70 ans et l’élevage se fait en barriques de chêne.

La vinification des rosés : en Rosé d’Anjou, la récolte se fait tôt le matin pour préserver les températures fraîches, puis macération en pressoir ou en cuve. La vinification est à 18°c en cuve inox. Pour le Cabernet d’Anjou, on effectue une fermentation basse température après un pressurage direct ou après une courte macération. L’arrêt de la fermentation se fait quand il reste environ 20 gr/l de sucre. 

La vinification des Anjou Blancs : après une vendange manuelle issue de deux tris, vinification d’une partie en cuve pour le fruit et le croquant, et une autre partie en barrique pour la complexité aromatique.

Gilles Bigot dans la parcelle mythique du château de Fesles, La Chapelle, face au Layon, à mi-pente, à l’arrière du château. Photo © François Collombet

Les Bonnes Fées du Bonnezeaux du château de Fesles 

Cette AOP légendaire produit un très grand liquoreux sur un terroir de schiste qui retient l’eau de pluie et conserve une fraîcheur favorisant une acidité naturelle. Autre facteur déterminant, le cépage. L’acidité naturelle du chenin va équilibrer le vin. Il nait de la pourriture noble. Ici, comme dans le sauternais, le botrytis peut se développer grâce aux brouillards automnaux montant du Layon et venant envelopper les vignes. C’est pendant cette période que va se concentrer le sucre et les arômes, grâce aux nuits froides et au journées chaudes favorisant une belle maturité du raisin. Résultat : un nez très concentré aux subtils arômes de confit de figue, de coing, de poire, de caramel au lait et de poivre blanc : un vin hors normes avec un potentiel de garde d’au moins vingt-cinq ans.

Une parcelle mythique, La Chapelle et de très vieux ceps

Les vignes de Chenin dont les plus vieux ceps ont près de 70 ans sont plantées sur un terroir de schistes et Phtanite. La culture est raisonnée et les vendanges manuelles s’effectuent par tries successives (jusqu’à 6). De mi-octobre à mi-novembre, lors des récoltes tardives, les ramasseurs ne cueillent ainsi que les grappes à parfaite maturité par dessèchement (ou par passerillage après les vendanges, souvent nécessaire pour concentrer le raisin en sucre). La vinification se fait en fût de chêne de 400 litres, puis l’élevage en barriques pendant 18 mois.

Dans les caves du château de Fesles, les 3 barriques de Bonnezeaux de la récolte 2022. Photo © François Collombet
Dégustation du Bonnezeaux 2014 avec Gilles Bigot, chef d’exploitation et maitre de chai du château de Fesles. Photo © François Collombet

Le légendaire millésime 1947

Lors du siècle dernier, 1947, dans la Loire, est une année légendaire. II faut remonter à 1929 pour trouver un millésime comparable. En dépit de nombreux millésimes remarquables (1959, 1976, 1989, 1996), 1947 reste une « anomalie ». Quant au XXIe siècle, il débutait par deux millésimes exceptionnels : 2001 et 2005. Attendons la suite !

1947 selon le grand dégustateur Michel Dovaz*

1947 une année légendaire ! Cette année-là, les raisins atteignent de tels taux de sucre  que de nombreux producteurs de vins blancs n’ont pu fournir de vins secs car la fermentation alcoolique s’interrompait spontanément alors que le vin contenait encore vingt à quarante grammes  de sucre ! Que dire de la richesse des raisins laissés sur souche  jusqu’à ce que le botrytis fasse son œuvre? Les 20, 22, et même  25 degrés potentiels ont été facilement atteints, voire dépassés.  

*Millésimes : les grandes années de 1900 à nos jours chez Assouline. Michel Dovaz (décédé fin 2023 à 95 ans) était un très grand dégustateur et très grand connaisseur des vieux millésimes. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages consacrés aux vins. Il collaborait à de nombreuses revues spécialisées notamment depuis de très nombreuses années à La Revue du vin de France.

Sa description organoleptique du Bonnezeaux 1947  

Le château de Fesles 1947 est un vin inaltérable, même si sa robe a pris des teintes acajou. Le bouquet est aussi puissant que somptueux agrumes et abricots confits, miel et cire. En bouche, un admirable équilibre se maintient, l’acidité du chenin ayant bien résisté aux chaleurs torrides de l’été et de l’automne 1947. Le moelleux suave n’est pas mou, en dépit d’un taux de sucre élevé, contrebalancé par une nervosité encore présente et par une touche amère, peut-être due à l’élevage. 

Michel Dovaz en deuxième plan au côté de Nicolas de Rabaudy lors de la délibération du jury du prix Edmond de Rothschild 2017. Photo © François Collombet

A qui appartient aujourd’hui, château de Fesles

Au cours des siècles, les propriétaires successifs du Château de Fesles étaient des familles aristocratiques qui entretenaient le château et développaient progressivement le vignoble. C’est au XIXe siècle qu’une famille de vignerons passionnés du vin, la famille Boivin, ont acquis la propriété. Pendant trois générations cette famille a relevé de nombreux défis, et notamment le phylloxéra. Elle a également largement contribué à l’accroissement du vignoble, à l’amélioration des techniques de viticulture et de vinification, et au développement commercial. En 1991, la propriété a été entièrement restaurée sous l’impulsion de son propriétaire de l’époque, Gaston Lenôtre(2020-2009). La famille Helfrich* est aujourd’hui propriétaire, depuis 2008 du château de Fesles.

*Avec Grands Chais, le groupe est le 5e acteur mondial et le n°1 en France sur le marché de la production et du négoce de vins. En Loire, il détient la Maison Lacheteau, 300 salariés, 514 ha de vignes et sept propriétés en propre dont le château de Fesles, le château de Champteloup à Brigné-sur-Layon et le château de Montguéret à Nueil-sur-Layon ; avec également un site d’embouteillage à Doué-la-Fontaine. Le groupe est aussi le premier producteur de fines bulles de Loire.

Depuis le château de Fesles, il est possible d’arpenter les vignes de Bonnezeaux en trottinette électrique. Ici, près de Beauregard. Photo © François Collombet

Château de Fesles : cave labellisée « Caves Touristiques »

Caves Touristiques est un réseau de 350 domaines viticoles qui ont adhéré à une démarche de qualité d’accueil en cave pilotée par InterLoire avec les institutions du tourisme et du vignoble. Photo © François Collombet

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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