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Commanderie de Peyrassol : quand la vigne et l’art se rencontrent en terre provençale !

Commanderie de Peyrassol, 850 ha de garrigues et de forêts pour abriter l’un des plus beaux vignobles de Provence.

De ce lieu, ne dit-on pas qu’il serait un éden provençal. Mais un éden qui se mérite ! Y aller d’Aix-en-Provence, c’est une bonne heure de route sur la mythique nationale 7. Une grosse chaleur de début d’été. Au loin, les abords de Marseille flambent. Surtout ne pas louper le petit chemin étroit et sous couvert d’ombre qui mène à la Commanderie de Peyrassol ! La route serpente entre bois et vignes jusqu’à un vaste cirque naturel. Vallons et collines se succèdent dans un total isolement ! Les limites du domaine, impossible de les distinguer ! A l’horizon, la ligne bleue du Massif des Maures. Autour, 850 hectares d’un seul tenant dont 95 ha de vignes ayant obtenues le label bio en 2022.

Des parcelles souvent bordées de murets et de restanques sur des sols argilo-calcaire, à 300 m d’altitude. Le vignoble Château Peyrassol produit des vins bio rosés, blancs et rouges en AOP Côtes de Provence à partir d’une incroyable variété de cépages : cinsault, syrah, grenache, cabernet, sauvignon, rolle (vermentino), clairette, tibouren, ugni blanc… Photo © François Collombet
Avant d’accéder à la Commanderie, le cœur du domaine, le visiteur emprunte cette structure d’accueil et son haut-vent en acier Corten (alliage métallique résistant à la corrosion atmosphérique, qui se teint en rouille avec le temps) conçue par l’architecte Charles Berthier. Photo © François Collombet
Immense salle d’accueil et d’exposition qui rassemble tous les vins de Château Peyrassol et des autres domaines viticoles de Philippe Austruy : Château Malescasse (Cru Bourgeois exceptionnel du Haut Médoc) depuis 2012 ; Tenuta Casenuove, vignoble toscan près de Florence, depuis 2015 et au Portugal, Quinta Da Côrte dans la vallée du Douro en 2013 (œnologue conseil, Stéphane Derenoncourt). La production de Château Peyrassol est à très forte majorité en rosés mais aussi de plus en plus, en rouges et en blancs. Le domaine s’enorgueillit d’être présent sur les plus belles tables françaises et internationales. Photo © François Collombet
Dès l’accueil, un lieu d’exposition temporaire, cette année avec l’artiste brésilien Jonathas de Andrade

Chaque année, une exposition temporaire crée l’ac­tualité. Après Anish Kapoor, Michelangelo Pistoletto, Berlinde De Bruyckere, Bertrand Lavier, c’est au tour de Jonathas de Andrade, artiste majeur de la scène artistique brésilienne, d’investir le domaine avec poésie et force à la fois. Dans le cadre de la saison croisée Brésil-France 2025, cette exposition « L’art de ne pas être vorace », aborde les relations avec l’en­vironnement et le monde vivant.

Inaugurant un nouvel espace jouxtant l’accueil, l’exposition temporaire « L’art de ne pas être vorace » propose une lecture de l’œuvre de l’artiste Jonathas de Andrade (né à Maceio au Brésil en 1982), à travers son approche de la nature et des territoires. Ici la mise en scène du câlin d’un pêcheur pour un poisson qu’il vient de prendre dans ses filets. Photo © François Collombet

A la sortie du tunnel, dans le vignoble, les 35 drapeaux de Daniel Buren
Après avoir emprunté le tunnel créé par l’architecte Charles Berthier en 2020 avec sur ses parois les noms des femmes et des hommes qui ont fait l’histoire du domaine, on débouche sur ce grand vignoble séparé par le Damier flottant arc-en-ciel de 35 drapeaux de Daniel Buren. Dans le claquement permanent des drapeaux, se découvre à droite, au plus près de la Commanderie, le vignoble planté en grenache par Françoise Rigord, (1944-2022), ancienne propriétaire, grande figure de la Commanderie de Peyrassol, l’une des vigneronnes historiques de l’appellation AOP Côtes de Provence. A gauche, celui planté en syrah, par le nouveau propriétaire depuis 2001, Philippe Austruy. Photo © François Collombet

I/ Sans doute l’un des plus beaux vignobles de Provence

Depuis la reprise en 2001 du domaine par Philippe Austruy, le vignoble a été totalement restructuré: installation de nouvelles caves et d’équipements de dernière génération, restauration de kilomètres de restanques. Il est labellisé biologique depuis 2022, il produit des rouges, des blancs et des rosés connus dans le monde entier.

La carte des vins à Peyrassol est exceptionnelle et notamment Le Clos Peyrassol Rosé élaboré depuis 2009, dans les meilleurs millésimes. Ce Clos produit également un Blanc de Blancs (rolle) et un Rouge de syrah et cabernet sauvignon. En cœur de gamme, les cuvées Château Peyrassol dans les 3 couleurs et enfin, la cuvée XIIIE Château Peyrassol célébrant les 20 ans de l’acquisition de la Commanderie de Peyrassol par Philippe Austruy : Rosé 2024 grenache/syrah ; Blanc rolle/ugni blanc ; et Rouge syrah/cabernet sauvignon/grenache (dégustation de ces vins lors d’un déjeuner au Bristrot de Lou, place du village à La Commanderie de Peyrassol). Photo © François Collombet
Depuis la façade de la cave telle une vigie et décorée d’une œuvre de l’artiste italien Loris Cecchini (Arborexence), vaste étendue de vignes avec en perspective, le champ d’oliviers du domaine. Photo © François Collombet

*Un terroir très largement argilo-calcaire ou caillouteux.

Clos Peyrassol au pied des bâtiments de la Commanderie est entouré d’un spectaculaire mur de pierres sèches. La parcelle du Clos couvre 7 ha plantés sur des sols à dominante de calcaire et d’argiles rouge. Il est issu de la dissolution karstique du sol calcaire en créant un relief en forme de lentille concave. Clos Peyrassol donne des vins exceptionnels dont le Rosé issus d’un assemblage de cinsault, grenache et tibouren. Le Blanc de Blancs (cépage rolle) est élevé 9 mois en jarres de grès et le Rouge (syrah, cabernet sauvignon), de 12 à 14 mois en foudres et œufs en béton. A l’image de la croix des chevaliers de l’ordre de Malte, cette sculpture qui borde le clos, haute de 6 m est d’Alain Clément (2005). Elle marque l’entrée du Clos Peyrassol. Photo © François Collombet
Vin emblématique du château, ce Clos Peyrassol Rosé (millésime 2023 : cinsault, grenache, tibouren) est élaboré depuis 2009, dans les meilleurs millésimes. Il est ici servi en magnum au Bistrot de Lou, place du village à la Commanderie de Peyrassol. Photo © François Collombet
Un vignobles savamment protégé

Facile de se perdre dans cette armure forestière ! Un véritable encerclement du domaine (entouré d’un solide grillage) pour protéger autant le vignoble que le cœur du domaine, sa commanderie. Une boucle de 13 km sans rencontrer âme qui vive. Que du maquis provençal, des chênes blancs centenaires, des pins parasols, des pins d’Alep, des pins maritimes. On traverse des forêts de cèdres imposants de l’Atlas, des érables, des charmes, des cormiers, plus, partout des cystes, des églantiers, des genévriers avec quelques étangs qui miroitent dans le contrebas. Au détour d’un sentier, des mouflons qui surgissent d’un bosquet, des cerfs peu farouches habitués à l’homme, ou une biche et son faon qui s’étonne à peine de ma présence.

En empruntant le sentier qui part de la Rouvière (avec ses chambres d’hôtes), il n’est pas rare de croiser mouflons, cerfs ou comme ici, une biche et son faon. Des animaux qui ne sont plus chassés. Photo © François Collombet

Cet écosystème forestier constitue un bénéfice considérable pour la vigne. En y ajoutant l’enherbement, voici un autre facteur qui va favoriser les auxiliaires de la vigne. Sans aucun apport extérieur, ils luttent naturellement contre les ravageurs qui comme on le sait sont nombreux. De plus, le système racinaire qui se développe avec l’enherbement va de pair avec l’apparition des mycorhizes, réseau de filaments reliés aux racines de la plante. Ces champignons puisent dans le sol, nutriments et minéraux vers la vigne avec en plus, des propriétés drainantes. C’est également pour la maîtrise de l’enherbement des sols que chaque hiver et avant l’apparition des premiers bourgeons, le vignoble Château Peyrassol accueille de début janvier à mi-avril, des centaines de moutons conduits par leur berger, Guillaume. Résultat, de l’auto fertilisation des sols.

Ici, pas d’irrigation mais les quelques 62 parcelles de vignes du domaine ont toutes accès à un minimum d’eau. Peu de stress hydrique (selon l’année). A titre d’expérience, des capteurs le mesurent sur la parcelle Ventru. La gestion du couvert végétal est également stratégique pour préserver les grappes du contact direct avec l’implacable soleil d’été. Au moment des vendanges, on joue ici sur les acides plutôt que sur le degré de sucre. Donc des vendanges presque en sous-maturité et des raisins avec une acidité contrôlée pour obtenir au final un bel équilibre naturel malgré des taux de sucre inférieurs.

En 2015, construction de ce nouveau cuvier entièrement dédié aux vins rouges. Ce chai permet de vinifier et d’élever les vins rouges pour qu’ils expriment au mieux leurs terroirs. Ainsi, les raisins, éraflés et triés, arrivent par gravité dans ces cuves en béton. Photo © François Collombet
Le travail en cave 

Toute la philosophie du travail en cave consiste à préserver les baies et leurs arômes en pratiquant une vinification parcellaire, en privilégiant la gravitation lors de l’encuvage. Ajoutons des pressurages délicats et un travail sur lies fines. Depuis quelques années déjà, la terre est venue compléter le bois des barriques, l’inox des cuviers de rosé ou le béton des cuves et des œufs des rouges.

C’est dans ce type d’œuf en béton que le Clos Peyrassol Rouge (syrah et cabernet franc) est élevé 12 à 14 mois (ainsi qu’en foudres). Photo © François Collombet
Jarres (ou amphores) de grès et de terre cuite, véritables révélatrices du terroir

Ainsi, jarres (ou amphores) de grès et de terre cuite accueillent maintenant les vins les plus délicats du domaine, ceux notamment du célèbre Clos Peyrassol. Leur légère microporosité, plus accentuée pour la terre cuite que pour le grès, une argile mélangée à de la silice chauffées à plus haute température, les rapproche des oxygénations produites en barriques, sans les traces de bois. A la clé, des vins frais et une belle minéralité, véritable révélateur du terroir.

Jarres ou amphores de grès et de terre cuite dans les caves du vignoble Château Peyrassol. Elles sont réservées aux vins les plus délicats et tout particulièrement ceux issus du Clos Peyrassol. Photo © François Collombet

Une recherche de minéralité et de fraîcheur

C’est ainsi que l’intégralité du Blanc de Blancs issu de la parcelle Clos Peyrassol est vinifiée en jarres de grès. Le vin rosé du Clos Peyrassol est vinifié pour 60 % en jarres de grès et pour 40 % en cuves inox. L’assemblage final finit de s’affiner ensuite en totalité dans des jarres de grès. Les amphores de terre cuite quant à elles sont souvent utilisées, en fonction des millésimes, pour accueillir les jus des syrahs afin de leur apporter longueur et fraîcheur très recherchés aujourd’hui.

Cuverie inox du Château Peyrassol. Après un pressurage pneumatique délicat et la séparation soignée des jus, la vinification traditionnelle se fait en cuve inox à température contrôlée, des opérations qui précèdent les assemblages des meilleurs vins du domaine. Cette cuverie est dotée de cuves multiples de 250 hl jusqu’à une méga cuve de 2000 hl. Photo © François Collombet
Le portail de Peyrassol, œuvre de Wim Delvoye (2011) : figure de la scène belge contemporaine reconnue pour son humour. Dans l’acier du portail, va-t-on y reconnaître Monsieur Propre, le logo de la Warner Bros Pictures, une citation de l’Enfer de Dante, la maxime « Ars Gratia Artis », une couronne royale surmontant un blason arborant des lys, ou encore, une ventouse…? Photo © François Collombet
Entrée de la Commanderie avec ses cyprès, lieu historique du domaine qui laisse apparaître les traces de son histoire, au travers des murs séculaires de la cave templière ou de l’ancienne magnanerie (lieu d’élevage du ver à soie). Elle fut fondée en 1204 par l’Ordre des Templiers. Sur le pignon du bâtiment, la Croix de Malte signature de l’Ordre des Chevaliers de Malte qui occupèrent les lieux de 1311 à la Révolution (1789). Photo © François Collombet
Pour cette entrée des caves, Daniel Buren propose un Cylindre incrusté aux couleurs (2017). Photo © François Collombet
Dans cet espace en attente de plantation, voici l’unique exemplaire d’une série entamée en 2010 et intitulée Senhor Vinho (2018) ; une sculpture en fer forgé de l’artiste portugaise Joana Vasconcelos. Elle emprunte cette forme aux tauries, bouteilles de vin portugaises au volume singulier. Photo © François Collombet
Cette sculpture P&T de 1978 de Victor Vasarely avec ses effets d’optiques et principes algorithmiques. Elle avait été conçue au départ pour un centre de vacances du Ministère des Postes et Télécommunication. Tout proche, le musée Vasarely à Aix-en-Provence vient d’être entièrement restauré. Photo © François Collombet

Sur l’esplanade de l’art, l’œil ne peut être attiré que par cette immense colonne totem constituée de vases marocains. L’œuvre est intitulée Colonne coloniale (2021) de l’artiste camerounais Pascale Marthine Tayou. Au pied de la colonne coloniale, une multitude de figurines typée coloniale. Photos © François Collombet

Une architecture qui respecte le dénivelé du terrain

Entrée du centre d’art. Photo © François Collombet
En 2016 s’ouvrait le centre d’art au milieu des vignes. Un édifice en béton dessiné par l’architecte Charles Berthier pour abriter la collection d’art contemporain de Philippe Austruy. Photo © François Collombet
Œuvres de la collection Philippe Austruy exposées dans le centre d’art. Photos © François Collombet
Aujourd’hui, le deuxième bâtiment du centre d’art réunit des artistes en prise directe avec l’histoire, la culture underground, les conflits sociopolitiques, la violence. Ici, l’oeuvre de JR photograffeur avec sa série Giants (Havana, Cuba 2019) et ce jeune garçon de La Havane. Photo © François Collombet
Le bâtiment central surmonté d’un toit-terrasse et percé d’un puits de lumière accueille l’installation monumentale de Bernar Venet. Son œuvre (2016) intitulée 2 angles 17,5° et 15,5° est largement marquée par les diagrammes et les schémas. Courbe ou droite, brisée alignée ou en bataille, la ligne s’impose dans l’espace et devient sculpture : « La ligne c’est ce qui vient avant le superflu ». Photo © François Collombet

Les jardins de la Commanderie de Peyrassol furent labellisés « Jardins remarquables » en 2016 avec ses buis taillés à la française qui constituent l’une des merveilles botaniques des lieux.

Dans ces « Jardins remarquables », sous l’œil de notre médiateur attaché au centre d’art, cette poule patineuse, intitulée Les patins de Gilles par son créateur, César (1984). L’univers industriel est une source d’inspiration dans l’œuvre de César, célèbre pour son usage de la ferraille qu’il découpe, compresse, assemble. Photo © François Collombet
Soirée gastronomie à la Commanderie de Peyrassol, Chez Jeannette avec une cuisine créative de saison élaborée à partir des produits du potager et de la ferme bio par Benjamin Le Balch, chef doublement étoilé (deux toques Gault et Millau en 2024). En 2025, il décrochait sa première étoile au guide Michelin. Photo © François Collombet
Un cadre à faire rêver ! Une soirée de début d’été dans la belle lumière provençale, une terrasse qui domine les plus vieilles vignes du Château Peyrassol et cette cuisine largement ouverte sur la salle. Un accueil attentif, chaleureux
et souriant, que demander de plus que le plaisir de déguster la cuisine si créative du jeune chef Benjamin Le Balch et de son équipe. Photo © François Collombet
Pour ouvrir le dîner le chef sommelier du restaurant Chez Jeannette nous a met le vin en bouche avec ce magnifique Clos Peyrassol, Rosé 2024 issu d’une des plus belles parcelles du domaine. Au nez, des arômes évoquant fleurs blanches, agrumes et fruits blancs ; un vin soutenu par l’acidité naturelle du raisin avec une salinité dosée. Photo © François Collombet
Savoureux souvenir (entre autres) de ce désert framboise Stracciatella, pesto basilic, rhubarbe pochée parfaitement en accord avec le verre de Porto, Porto da Côrte LBV 2016 du domaine Quinta Da Côrte dans la vallée du Douro de Philippe Austruy au Portugal. Photo © François Collombet

Il est au sommet du hameau. Au sol, une calade qui servit d’aire de battage des céréales dès la période médiévale. Autour, les édifices emblématiques de la Commanderie de Peyrassol, la Bastide, et les bâtiments viticoles. A l’ombre des mûriers, une cuisine simple et fraîche parfaite pour la pause méridienne.

Cette pause déjeuner au Bistrot de Lou avec salades et légumes venus de la ferme et du potager bio du domaine, ses viandes et poissons grillés et sa sélection des vins de Château Peyrassol. Mais l’intérêt ici est autre. Il est au mur. Deux œuvres d’Antoni Tapies : Mural I et Mural II (2004). Elles se parent de nombreux symboles et signes donnant ici une dimension énigmatique. Un lien évident avec le franquisme. Voir Mural II qui revêt ses initiales (à la manière du « A » anarchiste). Des lettres au pochoir évoquant l’armée et un homme alité à proximité d’une croix qui rappelle la Cruz Roja (la Croisx Rouge espagnole). Photo © François Collombet

Très loin du cœur de la Bastide, au bout d’un chemin sans fin parsemé d’œuvres d’art, on arrive à ce lieu de villégiature; un ancien corps de ferme, le décor d’une maison familiale tout proche du jardin potager biologique. Autour, une forêt de cèdres de l’Atlas, plantée au XIXe siècle par un ancien général d’empire. Quelques chambres, des petits appartements familiaux, une ambiance délicieusement provençale, c’est cela l’accueil à la Rouvière.

Petit-déjeuner à La Rouvière. Tout est fait maison. Les œufs et autres produits proposés proviennent de la ferme bio juste à côté. Photo © François Collombet
A la Rouvière, au pied de la maison, la piscine et pour les amateurs, tout proche, un espace dédié au sport et au bien-être (sauna, bain froid, bain nordique, yoga, massage) et évidemment randonnée en forêts à condition de ne pas s’y perdre. Photo © François Collombet

Une histoire de plus de huit siècles

Voici un vignoble situé sur la commune de Flassans-sur-Issole dans la Provence verte et qui eut étonnamment si peu de propriétaires. D’abord ce fut une commanderie des Templiers fondée au XIIIe siècle. Elle servit d’étape pour les pèlerins en partance pour la terre sainte. Mais c’était aussi une terre à vignes. La preuve, ce parchemin des Templiers conservé aux archives de la ville de Marseille qui donne les comptes de la Commanderie pour la récolte de l’an 1256 soit 44 milleroles (28.000 litres) « de bon vin franc ». En 1308, quatre mois après l’arrestation des Templiers du Royaume de France, les Templiers de Provence sont incarcérés à leur tour.

Sous l’ordre des Chevaliers de Malte jusqu’à la Révolution
Dans ses rosés, Françoise Rigord voulait y retrouver ce goût de « poudré », peut-être comme l’umami, une nouvelle saveur à apporter aux rosés de Peyrassol ?

Changement de chevaliers ! A partir de 1311, l’Ordre des Chevaliers de Malte hérite de la Commanderie de Peyrassol comme de tous les biens des Templiers. Précieusement entretenu, le vignoble restera à l’Ordre de Malte jusqu’en 1789. Devenu bien national à la Révolution, la Commanderie est acquise en 1830 par la famille Rigord. À partir de cette date, ce sont les dames de Peyrassol qui gèrent le domaine, tandis que leurs époux exercent des professions libérales jusqu’au Dr. Rigord qui hérite du domaine en 1967 et entreprend de replanter une grande partie de la propriété.

François Rigord, « la Dame de Peyrassol »

Mariée au Dr. Rigord, Françoise Rigord (1944-2022) décida de mettre en bouteille et de commercialiser les vins de la Commanderie. Elle était née à Loches en Touraine et s’était installée en Provence après des études commerciales et de communication à Paris. Au début des années 1970, elle pris en main La Commanderie de Peyrassol qu’elle hissera parmi les meilleurs vignobles de Provence. Françoise Rigord fut membre de l’Ordre des dames du vin et de la table et de l’Ordre illustre des chevaliers de Méduse. Elle publiera « La Dame de Peyrassol » (éditions Féret) en 2008. Elle fut l’une des pionnières du rosé. Françoise Rigord, « la dame de Peyrassol » a contribué avec talent à installer la réputation de la toute jeune appellation Côtes-de-Provence. Ses cendres reposent dans une des chapelles de la Commanderie de Peyrassol.

L’homme qui rencontra son jardin d’Eden

En 2001, Philippe Austruy, passionné de vin, rachetait la propriété et lui insuffla un nouvel
élan : « J’ai pu y mêler mes deux plus grandes passions, le vin et l’art. 850 ha de bois et de garrigues, 95 ha de vignes, ce morceau de Provence confère aussi une grande responsabilité. Le trans­mettre intact aux futures générations et contribuer à laisser s’y épanouir toutes les conditions d’une biodiversité préservée s’est imposé à moi. Et ce sera
l’œuvre d’une vie… Mais j’ai souhaité passer à un stade plus engageant. avec notamment un vignoble cultivé selon les principes de l’agriculture biologique, des jardins conservatoires de la faune et de la flore locale, une ferme biologique, des restaurants privilégiant les produits locaux et les circuits courts. La Commanderie de Peyrassol est le jardin d’Eden dont nous rêvons tous. » Philippe Austruy.

Né de parents médecins, Philippe Austruy a construit sa carrière dans le secteur de la santé. Amateur de vin et passionné des terroirs, il a créé une superbe collection de vignobles qu’il a réhabi­lités au fil des ans et menés à l’excellence. Il est aussi un féru d’art et fut l’ami notamment du sculpteur César. Photo © François Collombet
Les domaines viticoles de Philippe Austruy tournés vers l’art et l’art de vivre

En France : Château. Peyrassol au cœur de la Commanderie de Peyrassol et Château La Bernarde en Côtes de Provence (ac­quises respectivement en 2001 et en 2016), Château Malescasse, cru bourgeois exceptionnel du Haut Médoc, acquis en 2012. Au Portugal, Quinta Da Côrte dans la val­lée du Douro (acquise en 2013). En Italie : Tenuta Casenuove au coeur du Chianti, en Toscane (acquise en 2015), Petreto et Tenuta Isola nel Giglio égaIe­ment en Toscane.

Alban Cacaret celui qui épaule son oncle

Dès le début de l’aventure de la Commanderie de Peyrassol, Alban Cacaret épaule son oncle Philippe Austruy et veille au quotidien sur cet ancien trésor des Templiers. Sitôt ses études de pharmacie termi­nées, il rejoint le domaine dont il connaît la moindre des parcelles. II découvre l’univers vigneron, pas à pas, jusqu’à devenir aujourd’hui un représentant averti, fin dégustateur et passeur enthousiaste à travers le monde. En grand amoureux de ces lieux où la nature sauvage – la garrigue – et la nature domestiquée coexistent avec tant d’harmonie.

Beaucoup de charme et excellent communicant, Alban Cacaret très amoureux de l’Italie est vice président des Vignobles Austruy. Il dirige la Commanderie de Peyrassol, aux côtés de son oncle, Philippe Austruy, propriétaire depuis 2001. Ensemble, ils ont fait de Peyrassol l’un des vignobles les plus réputés de Provence. Beaucoup d’idées et pourquoi pas reprendre l’idée de Françoise Rigord de monter une route du Rosé jusqu’à l’Amérique ? Photo © François Collombet
Ce Clos Peyrassol (7 ha cernés de murets en pierres sèches) offre une cuvée d’exception (en 3 couleurs) créée en 2009. Réalisée uniquement dans les meilleurs millésimes, elle incarne l’esprit d’excellence du domaine. Rare et précieuse, elle n’est tirée qu’à 10 000 bouteilles en moyenne par millésime. Photo © François Collombet

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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