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Champagne et transition soutenable  

En Champagne, les pistes les plus réalistes pour une transition soutenable 

Pour la transition soutenable, quelles sont les priorités que se fixent la Champagne face à l’urgence climatique et à l’érosion de la biodiversité ? Comment mieux accélérer la transition bas-carbone ? Quels moyens mettre en œuvre pour atténuer et s’adapter au changement climatique ? Quels sont les plans envisagés pour restaurer la biodiversité et préserver les ressources naturelles ? Et surtout comment concevoir la viticulture du futur et démontrer son engagement dans la transition environnementale ? 

La filière Champagne ce sont 16 200 vignerons, 130 coopératives, 370 maisons, 34 200 ha (31 % chardonnay, 31 % meunier, 38 % pinot noir) ; 285 millions de bouteilles récoltées en 2023 avec un rendement de 10 000 kg/ha. C’est la première appellation viticole mondiale (0,5 % de la surface du vignoble mondial, 10 % de la consommation du vin effervescent en volume et 28 % de la consommation de vins effervescents en valeur). 68 % du vignoble sous certification environnementale. Chiffres issus du Comité Champagne. Photo © François Collombet

Une étude inédite pour atteindre les ambitions de soutenabilité de la filière

Pour favoriser de nouvelles pratiques afin d’atteindre les ambitions de soutenabilité de la filière, la chaire bioéconomie et développement soutenable de NEOMA (en partenariat avec la Caisse d’Epargne Grand Est Europe), a mené une étude inédite sous la responsabilité de Nicolas Béfort. Elle a pour ambition d’accompagner tous les acteurs de la profession par la formation, la généralisation des expérimentations et le développement de boucles de circularité « vertueuse » ; celles qui doivent favoriser de nouvelles pratiques pour atteindre les ambitions de soutenabilité de la filière. 

*NEOMA Business School et son plan stratégique 2023-2027 « Engage for the Future » veut répondre aux grands défis d’avenir. L’École, à travers ses 3 campus (Reims, Rouen et Paris), propose un large portefeuille de programmes depuis le Bachelor. Elle regroupe 10 000 étudiants. Sa faculté rassemble plus de 195 professeurs permanents, enseignants-chercheurs, dont plus de 70 % d’internationaux. NEOMA présidée par Michel-Edouard Leclerc a pour directrice générale, Delphine Manceau.

La soutenabilité, grand défi pour la Champagne 

Comme de nombreux secteurs, la filière du champagne connaît actuellement un double défi : un dérèglement climatique évident et des attentes de plus en plus fortes des consommateurs en quête de produits plus respectueux de l’environnement. Alors, dans ce contexte, comment faire pour que cette transition écologique s’ancre “harmonieusement” dans la stratégie marketing des maisons ? Comment peut-elle se transformer en dynamisme collectif adopté par la filière tout en préservant la diversité de chacun ? *. « Aujourd’hui, l’innovation et la soutenabilité sont des défis majeurs car l’enjeu est que le champagne reste une source d’inspiration pour l’ensemble du secteur viticole, en France et dans le monde » explique Nicolas Béfort, directeur de la Chaire bioéconomie et développement soutenable de NEOMA et auteur de l’étude. Il ajoute : « elle vise à alimenter la réflexion en cours au sein de cette filière déjà très engagée sur le sujet

Nicolas Béfort à la tête de la chaire bioéconomie et développement soutenable de NEOMA et auteur de l’étude : « Champagne et transition soutenable ». Photo © François Collombet

Un patrimoine à protéger

L’étude souligne la stratégie historique du Champagne ; cette idée d’un patrimoine à protéger ce qui devient un avantage compétitif fort. « Le collectif joue un rôle déterminant grâce à une organisation interprofessionnelle très structurée qui agit depuis longtemps au nom de la marque Champagne. Tous les acteurs interrogés soulignent ainsi la nécessité de favoriser l’intelligence collective et l’innovation participative » note Nicolas Béfort.

Deux approches pour favoriser la transition soutenable  

Il faut savoir que dès 2003, la Champagne était la première région viticole au monde à réaliser son bilan carbone. Mais l’urgence climatique la contraint aujourd’hui à accélérer le mouvement. Quelles sont les différentes approches pour favoriser sa transition soutenable ? Deux sont présentées par l’étude. Celle-ci repose sur l’analyse de base de données et sur une vaste campagne d’entretiens menée auprès des acteurs de la filière. Elle met en exergue ces deux approches de réorientation stratégique : 

1/L’approche « puzzle » : la transition environnementale est traitée de manière indépendante, par postes d’émissions de gaz à effets de serre (culture, verre, emballage, transport…), et déclinée en objectifs mesurables. « Cette réorientation nécessite souvent un arbitrage entre identité de marque et enjeux de soutenabilité, avec des incertitudes sur la perception du consommateur« , explique Nicolas Befort. Une stratégie surtout mise en œuvre par des organisations de grande taille, capables d’investir en R&D pour rationaliser les processus et élaborer des plans d’action dédiés. 

2/L’approche « holistique » : la durabilité est perçue comme un processus de transition globale, principalement orientée sur les modes de production. L’évaluation des pratiques est assurée via les labels qui structurent la professions (certification HVE, label Viticulture Durable en Champagne VDC, label BIO). Ces différents labels proposent des référentiels complets de bonnes pratiques environnementales, avec le développement d’outils et de méthodes impactant l’ensemble des fonctions. 

Dans la filière Champagne, 3 profils d’organisations

Cette étude réalisée sur 3 ans met en avant trois catégories d’organisations selon le degré d’avancement du processus de transition environnementale :

1/Les vignerons pionniers. Ils sont engagés depuis au moins 10 ans. Ces producteurs sont en mesure d’acheter des raisins et des vins clairs soutenables. « Cette catégorie de vignerons possède une forte capacité à structurer des communautés de pratiques et à transférer des connaissances de manière formelle ou informelle » précise Nicolas Béfort. 

2/Les vignerons novices. Ils ont démarré la transformation de leur domaine il y a moins de cinq ans mais leur engagement impulse une dynamique forte pour l’évolution du secteur. Leurs expérimentations portent principalement sur la reconstitution de la biodiversité, les modes de culture et de vinification, et le bilan carbone de la production. « Ces vignerons font face aujourd’hui à trois tensions » analyse Nicolas Béfort. « D’abord, ils doivent souvent choisir entre verdir complétement la gamme ou verdir une partie de l’activité, conformément aux deux réorientations stratégiques possibles. Ensuite, ils se questionnent sur l’arrêt de la transformation après l’obtention d’un label ou sur la poursuite de la démarche dans une logique d’amélioration continue. Enfin, ils se trouvent confrontés à la problématique de créer une marque spécifique ou à maintenir la marque existante »

3/Les vignerons ayant des domaines de petite taille. Il s’agit principalement de récoltants-producteurs. Ils ont une surface de production plus petite que les autres groupes et ils ont démarré leur conversion en agriculture biologique récemment, en réponse à une augmentation de la demande pour des raisins soutenables. « Les coopératives et les Maisons de Champagne jouent un rôle clé pour porter la transition dans ce groupe » note Nicolas Béfort. 

Les mesures pour accélérer la transition écologique du champagne 

 En résumé, voici les 3 mesures qui vont accélérer la transition écologique du champagne

1/La formation des acteurs et la circulation des connaissances. Celles-ci doivent se faire dans les principales étapes de recherche et d’innovation, via la mise à disposition d’outils pertinents et l’identification des trajectoires de transition réussies. Ils servent alors de modèles. « L’implication des coopératives et des réseaux existants est fondamentale pour favoriser la diffusion des bonnes pratiques »

2/La généralisation des expérimentations, élément crucial, notamment via la création d’un registre des expérimentations et le recensement des pratiques expérimentales. « L’une des pistes identifiées dans l’étude est la duplication d’expérimentations à différents endroits du vignoble d’un même procédé » ajoute Nicolas Béfort. « L’objectif final étant de généraliser les expérimentations »

3/Le développement de boucles de circularité. Elles permettent de créer de nouvelles activités et de favoriser l’atteinte des objectifs de neutralité carbone, troisième recommandation identifiée dans l’étude. 

Le grand débat autour de la transition soutenable animé par Nicolas Béfort (à droite), auteur de l’étude, dans le grand amphithéâtre de NEOMA. De gauche à droite, Frédéric Zeimett, Directeur général du Champagnes Leclerc-Briant ; Remi Vervier, Directeur général du Champagne Palmer & Co ; Joël Rochard, Consultant international viticulture, œnologie durable ; Laurent Panigai, Directeur général du Syndicat général des vignerons de Champagne ; Pauline de Limerville, Directrice générale de l’Union des Maisons de Champagne ; Charles Goemaere, Directeur général du Comité Champagne ; Eric Rodez, Président de la Villa Bissinger, dirigeant des champagnes Rodez. Photo © François Collombet

Le soutien de l’organisation interprofessionnelle du Champagne

Un cas exemplaire, la maison de Champagne Palmer & Co à Reims

Champagne Palmer & Co est l’un des premiers acteurs du Champagne à se doter du statut de “société à mission”*. Palmer & Co est implanté sur 415 ha de vignes, répartis sur une quarantaine de crus dont plus de 200 ha en Grands et Premiers Crus dans la Montagne de Reims. Elle détient la certification ISO 14 001 et celui du Label Engagé RSE – 2 étoiles.  * La finalité de la « société à mission » est de concilier l’intérêt commun des associés et la réalisation d’un objectif plus large d’intérêt général, et non de la restreindre au seul partage d’un bénéfice ou à la seule réalisation d’une économie. Photo Palmer & Co

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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