Le château de Chambord, un vignoble aujourd’hui de 14 ha, un cépage roi, le romorantin, un chai inauguré en juillet 2022, des fûts venus de ses propres chênes, l’ambition à cour terme de créer un grand vin de Loire et pourquoi pas, le rêve d’une AOP Chambord (en place de l’AOP Cour-Cheverny).
Renaissance d’un vignoble
Le premier vignoble est le fait d’un roi, un roi qui incarne la Renaissance, François 1er. En 1519 (année également de la mort de léonard de Vinci au Clos Lucé à Amboise), il entreprend la construction de son bel et somptueux édifice. Il va de soi à cette époque que la vigne est indispensable. Il fait donc venir de Beaune en Bourgogne 80 000 pieds d’un cépage appelé aujourd’hui romorantin (à croire certains experts, il s’agirait plutôt de pinot noir). Le vignoble de Chambord* perdura jusqu’au phylloxera même si quelques parcelles subsistaient encore ces dernières années, à consommation familiale.
*En 1547, à la mort de François 1er, un recensement des métairies du domaine royal de Chambord témoigne de la présence de parcelles de vignes dans la plupart des fermes.
Le coup de pouce de la maison Henry Marionnet
Lorsque Jean d’Haussonville (issu du corps diplomatique) président de l’établissement public du domaine de Chambord depuis 2010, en mal de recette, décide l’implantation d’un vignoble à Chambord. Ne pas oublier que le Domaine national de Chambord est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) depuis 2005, il faut donc le rentabiliser. Il s’adresse tout naturellement à un voisin, la Maison Henry Marionnet. Henry Marionnet* et son fils Jean-Sébastien détiennent le domaine de la Charmoise à Soings en bordure de la Sologne. Leur production a acquis une réputation internationale. N’est pas un de leurs vins qui fut servi à la reine Elizabeth II lors de sa visite officielle en France en 2004 ! Ce sont eux qui vont fournir au Château ces fameux pieds du cépage romorantin issus de leur vigne pré-phylloxérique.
*Henry Marionnet en 1999, découvrait et achetait à un voisin une vigne plantée avant 1850, non greffée et pré-phylloxérique. C’est de cette vigne qu’est issu le romorantin planté à Chambord en 2015.
Inauguration du chai de Chambord à 1,4 km du château
Juillet 2022, sept ans après les premières plantations, Jean d’Haussonville, directeur général de Chambord (aux côtés de Daniel Collay président Groupama Paris Val de Loire, principal mécène du projet) inaugurait le chai de Chambord. Un bon kilomètre sépare le château du chai situé juste à proximité des vignes. Il a été aménagé dans l’ancienne ferme de l’Ormetrou* adossée au mur d’enceinte du domaine. Le projet initial signé Jean-Michel Wilmotte a dû être abandonné. Il fallait être plus raisonnable, rappelle Guillaume Trouvé, architecte du patrimoine, directeur des bâtiments et des jardins du domaine national de Chambord. Nous avons pris la partie de rénover, par la même occasion notre patrimoine précise-t-il. En fait ce chai est installé dans l’ancien hangar de la ferme en ossature métallique, agrandi de 2 travées supplémentaires et entièrement bardé de bois. La salle de dégustation est en train de se terminer dans l’ancienne maison d’habitation. Jean d’Haussonville parle d’un chai à l’image de Chambord, c’est-à-dire un monument historique et éco-responsable : il n’y a pas eu de création de bâtiment mais plutôt une rénovation d’un bâtiment ancien déjà existant dans une démarche de conservation du patrimoine. Aujourd’hui, le chai contient 14 cuves thermorégulées.
*La ferme de l’Ormetrou a été choisi pour être le site du nouveau chai. Les anciens plans de Chambord montrent une parcelle de vigne sur ses terres et les archives attestent, en 1787, un clos de dix arpents (6 ha) plantés en bon complans d’auvergnat blanc et rouge franc, noms donnés à plusieurs cépages notamment dans l’orléanais et la Touraine ; l’auvernat blanc étant le nom du chardonnay et l’auvernat noir, celui du pinot noir.
Ces chênes de Chambord dont on fait des tonneaux pour le vin et le whisky
Depuis 2018, Chambord a lancé une fabrication de tonneaux entièrement fait en chêne de sa propre forêt ; une forêt entièrement classée au titre des monuments historiques ; forêt qui avoisine les forêts domaniales de Boulogne, Russy et Blois, propices également à la fabrication de fûts de chêne. C’est ainsi qu’une édition limitée de fûts de chêne de haute qualité est proposée chaque année. La fabrication et la chauffe des fûts est assurée par la tonnellerie Cadus* en Bourgogne. Le chêne de Chambord est fendu en merrain à la main dans les règles de l’art et maturé deux ans à l’air libre au cœur du domaine.
*Pour chaque fût livré, Cadus s’est engagée en partenariat avec une pépinière, à replanter un chêne en France.
Ces fameux chênes du domaine de Chambord
Avec 5440 ha, le Domaine national de Chambord est tout simplement le plus grand parc clos de murs d’Europe. Il abrite une flore et une faune exceptionnelle. Il est recouvert à 79 % de forêt (soit environ 4300 ha), en majorité plantée de chênes, mais aussi de pins. Dès la construction du château, François 1er acquiert les terres agricoles jouxtant le massif forestier de Boulogne au nord de la rivière Cosson pour constituer un parc de plus de 2500 ha. En 1645, Gascon d’Orléans, frère du roi Louis XIII augmente la surface du domaine et fait achever la construction du mur d’enceinte (32 km). Le parc est aujourd’hui inscrit au réseau Natura 2000, dont l’objectif principal est la préservation de la biodiversité.
Élevés en fûts de chêne de Chambord.
Pour les chênes de Chambord, respect de la grande tradition tonnelière afin de garantir un résultat organoleptique irréprochable avec des tannins et des arômes révélés par la chauffe du tonnelier. Les fûts sont disponibles en chauffe moyenne ou longue. Ils sont fournis aussi avec des fonds non chauffés. Première édition, 100 exemplaires numérotés disponibles en 225 litres (barrique bordelaise) ou 228 litres (pièce bourguignonne). Les éditions suivantes offriront une gamme plus élargie disponibles en 300, 350, ou 400 litres (mais pas plus de150 exemplaires).
Un goût de Chambord dans le Scotch Whisky RAER
Mécène du chai depuis 2021, le Scotch Whisky RAER (Jackton Distillery à Glasgow) a signé un contrat de marque avec Chambord. Ce partenariat sur 10 ans, porte sur la production de spiritueux (gin et whisky), vieillis dans des fûts de chêne de la forêt de Chambord. RAER Alliance Scotch Whisky* versera une redevance de 10 % pour la vente des bouteilles portant le nom et l’image de Chambord.
*L’un des cosignataires, Jeffrey East préside l’entreprise RAER ALLIANCE SCOTCH WHISKY, basée à Cour-Cheverny. Il la codirige avec sa femme, Cendrine Gellens-East (également gérante de l’entreprise Domaine de la Taurie).
Chambord, un vignoble de 14 ha à 1400 m du château
Le vignoble est situé à 1400 m du château à l’intérieur de son gigantesque parc dont la surface équivaut à celle de Paris. Les premières plantations datent de 2015. Aujourd’hui, elles couvrent plus de 14 ha d’un seul bloc, au lieu-dit l’Ormetrou. C’est une ancienne ferme transformée aujourd’hui en chai située juste en bordure de l’enceinte du château. A cet endroit, la vigne exposée nord-sud jouit d’un terroir à dominante sableuse mélangé en sous-sol à de l’argile (on est en Sologne). Elle est entourée ici de 5000 ha de forêts ce qui entrainent des hivers plus rigoureux qu’ailleurs dans la région. Le gel est une sérieuse préoccupation. Et manque de chance, dès la première année, un épisode de gel obligea le Domaine à installer des éoliennes pour chasser l’air froid. On est sur un site classé et historique. La seule solution fut de dénicher en toute hâte des éoliennes mobiles et démontables.
2022, première année de récoltes de l’ensemble du vignoble
Les premières vendanges furent récoltées en 2018. Le domaine a déjà produit les cuvées 2019, 2020 et 2021. Mais, 2022 est la première année où les récoltes de l’ensemble du vignoble ont été produites (en agriculture biologique, la production doit attendre quatre ans avant d’être labellisée). Les vignes sont exploitées en régie directe, à l’aide d’un viticulteur recruté par le domaine, en contrat avec un laboratoire éco-certifié et sous la surveillance d’Henry et Jean-Sébastien Marionnet.
Chambord, un vignoble aux cinq cépages
Les 5 cépages ont été plantés à Chambord de 2015 à 2018 pour produire des vins en AOP Cheverny et dans un futur proche, en appellation Cour-Cheverny.
- 4 ha de romorantin dont les ceps sont issus par bouturage d’une vigne pré-phylloxérique et donc franc de pied, c’est-à-dire non greffée, venus du voisin solognot, la maison Henry Marionnet (Domaine de la Charmoise) ;
- 4 ha de pinot noir (ou auvernat qui fut cultivé à Chambord jusqu’à l’épidémie du phylloxéra) ;
- 3 ha de sauvignon ;
- 2 ha d’orbois, un cépage propre au Val de Loire appelé aussi herbois ou arbois, menu pineau ou demi-pineau ou encore verdet ;
- 1 ha de gamay.
Le choix de ces cépages s’est fait évidemment en fonction du cahier des charges des deux appellations voisines. Ainsi, l’AOP Cheverny demande pour son vin rouge, un assemblage de pinot noir et de gamay (84 % pinot noir et 16 % gamay) et pour son vin blanc, 60 % de sauvignon et 40 % d’orbois. Quant à l’AOP Cour-Cheverny, elle a la particularité d’être en mono-cépage, exclusivement romorantin.
Sur l’étiquette des bouteilles, un double C en attendant, Chambord
Tout sur l’étiquette y est : un double C pour Comte de Chambord, les symboles royaux tels que la couronne de François 1er ou la fleur de lys mais n’y figure pas encore le nom de Chambord si ce n’est en plus discret Domaine de Chambord. Enfin, il est possible d’adopter un pied de vigne de Chambord à raison de 1000 €. Vous aurez la satisfaction d’avoir une plaque à votre nom apposée sur votre pied de vigne. Un droit également vous sera accordé pour l’acquisition préférentielle de bouteilles des cuvées des années suivantes.
Les cuvées de Chambord (en bio)
Les vins de Chambord sont produits en agriculture éco-certifiée biologique, sans apport de levures artificielles.
1/Domaine national de Chambord
Vin blanc de Chambord en appellation Vin de France Romorantin : prochainement AOP Cour-Cheverny. C’est un vin blanc issu exclusivement romorantin (ceps provenant par bouturage d’une vigne pré-phylloxérique. Les raisins sont égrappés dans un pressoir de dernière génération, sous gaz inerte. Les fermentations se déroulent à basse température, sans fermentation malolactique. Tarif : 30 € la bouteille
2/Château de Chambord
Vin rouge de Chambord en AOP Cheverny. Assemblage de 16 % gamay et 84 % pinot noir. Les raisins sont vidés en grappes entières (sans éraflage) dans les cuves en inox. Fermentation avec uniquement des levures indigènes. Tarif : 20 € la bouteille.
3/Domaine national de Chambord
Vin blanc en IGP Val de Loire : mono-cépage, 100 % sauvignon. Tarif : 12 € (en rupture de stock)
Des bouteilles à la baronne
La bouteille de forme à la baronne a été choisie en souvenir d’un modèle issu de la cave personnelle du maréchal de Saxe, maître de Chambord au milieu du XVIIIe siècle, et dont un exemplaire fut exhumé lors de fouilles archéologiques.
Où retrouver les vins de Chambord ?
D’abord dans des restaurants en région (Maison et Bistro d’À Côté, Montlivaut, Petit Bistro, Blois) et à Paris (Café Varenne, Paris 7e). Mais également dans les 2 boutiques du château (halle et château) ou sur le site internet du Domaine de Chambord.
En région Centre-Val-de-Loire
- La Vinithèque : 1, rue d’Avignon – 45000 ORLEANS
- Le Palais Gourmets : 4, place de la paix – 41200 ROMORANTIN
- Wine Privates Services : les Chabottes – 41220 St-LAURENT NOUAN
- France Terroir : 4, rue du Commerce – 41000 BLOIS
A Paris
Cave Vino sapiens :145, rue Saint Dominique – 75007 Paris