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Juliénas Cru du Beaujolais

Le village de Juliénas, à peine 900 habitants entouré de ses 597 ha de vignes.
Le village de Juliénas, à peine 900 habitants entouré de ses 597 ha de vignes.

Juliénas est l’un des 10 grands crus du Beaujolais. C’est l’appellation sans doute la plus médiatique des vins du Beaujolais. Elle offre des vins réputés pour leur côté robuste et de bonne garde. Ils sont dotés d’une superbe robe violacée et reconnaissables à leurs arômes de fraise, de violette, de cannelle, de groseille et de pivoine. Ils ont en plus ce qu’on appelle de la mâche. Le Gamay, unique cépage de l’appellation joue ici la partition de la minéralité, de la fraîcheur et de l’élégance. Des vins superbes qui expliquent l’engouement qu’ils suscitent.

Juliénas, la plus grande variété de sols du Beaujolais

Juliénas est la porte d’entrée du Beaujolais à l’extrême nord du département du Rhône, en bordure du Mâconnais
Carte du Beaujolais. Juliénas est la porte d’entrée du Beaujolais à l’extrême nord du département du Rhône, en bordure du Mâconnais

Juliénas est la porte d’entrée du Beaujolais à l’extrême nord du département du Rhône, en bordure du Mâconnais (et de la Bourgogne), à 15 km de Mâcon et à 25 km de Villefranche-sur-Saône (capitale du Beaujolais). Le village de Juliénas (aux deux églises) à peine 900 habitants est entourée par les communes de Chénas, Jullié (Juliénas et Jullié doivent leurs noms à Jules César), Cenves et Emeringes pour le Rhône, et par Saint-Amour, Pruzilly et La Chapelle de Guinchay en Saône-et-Loire. L’appellation possède sans doute la plus grande variété de sols du Beaujolais. Son vignoble de 597 ha sur des terrains granitiques et arides, infiltrés de veines de manganèse et de porphyre occupe les pentes sud et sud-ouest du mont Bessay haut de 478 m. La plupart des sols a cette particularité d’offrir ces pierres bleues, correspondant à l’alliance des schistes et des diorites. Les coteaux sont très pentus et largement ouverts vers le sud, mais ces derniers s’effacent vers l’est au profit d’alluvions anciennes, de replats et de sous-sols argileux. L’AOC Juliénas est aujourd’hui travaillée par une soixantaine de vignerons, en culture traditionnelle et raisonnée, et une centaine d’adhérents à la cave coopérative, pour une production totale de 3,5 millions de bouteilles environ par an.

Quid des 8 climats « porte drapeau » de l’appellation Juliénas ?

Juliénas Tradition du Bois de la Salle 2018 sur sols d’argiles sableuses et cuvettes d’alluvions récentes de la Saône. Vendange manuelle, mise en cuve en grappes entières, macération carbonique : +/- 8 jours, contrôle des températures à 27/28°. Elevage en cuve inox pendant 7 mois. Mise en bouteille février/mars. C’est un juliénas souple et fruité. Arômes dominants de framboise, mûre sauvage et myrtille et une finale qui exprime la fraîcheur du Gamay.

Sur les quelque 590 ha revendiqués en appellation, le quart revient à la Cave coopérative de Juliénas* et de Chaintré (associés en 2013 et réunissent aujourd’hui 169 coopérateurs pour 290 ha). Sur le dossier de la délimitation des climats du Beaujolais, Juliénas est en pointe. L’appellation devrait être une des premières à déposer un dossier à l’INAO pour une demande de reconnaissance de 8 climats porte-drapeau englobant 54 lieux-dits. Chaque producteur a ainsi le choix de revendiquer sur l’étiquette le climat et/ou le lieu-dit sachant que ces 8 climats représentent 457 ha, soit 80 % environ de la superficie totale de l’appellation. Ils ont été choisis et découpés selon des critères historiques, 4 d’entre figurant déjà dans les décrets de 1938 : La Bottière, Les Capitans, Les Chers, Les Paquelets). La sélection des 4 autres se fera en fonction de critères naturels liés à l’étude géologique aujourd’hui finalisée.

*La Cave du Bois de la Salle à Juliénas (sur la route qui mène à Pruzilly) sert aujourd’hui de point de vente.

Juliénas, un cru porté aux nues

Le Juliénas est sans doute le plus célèbre, le plus médiatique des crus du Beaujolais. Cette célébrité, il la doit d’abord à ses vins pour leur côté nerveux, bien structuré, solide et de bonne garde qui s’apprécient aussi bien jeunes qu’après quelques années de bouteille (jusqu’à 7 ans). Il la doit aussi aux journalistes du Canard Enchaîné qui l’ont porté aux nues.

Où il est question de Victor Peyret, du Canard Enchaîné, du Cellier de la vieille Eglise…et de Cloche Merle

Au centre du village de Juliénas, la vieille église désaffectée depuis 1868, s’est transformée grâce à Victor Peyret en 1954, en Cellier de la Vieille Eglise, géré par l’association des producteurs du Cru Juliénas. L’histoire du grand homme de Juliénas que fut Victor Peyret serait-elle digne d’une légende ? Surement puisque chaque année, lors des Nuits du Vin (dernier weekend du mois de Juin), est décerné à une personnalité, le prix Victor Peyret* qui perpétue la mémoire de cet homme (1902-1959) mécène et ambassadeur perpétuel du Juliénas.

*Un prix récompensé par une centaine de bouteilles de Juliénas.

Juliénas, le cru des journalistes

Célèbre façade du restaurant Coq à Juliénas (ex-Coq d’Or) qui fut le point de ralliement des journalistes du Canard Enchaîné (Photo Le Progrès)
Célèbre façade du restaurant Le Coq à Juliénas (ex-Coq d’Or) qui fut le point de ralliement des journalistes du Canard Enchaîné (Photo Le Progrès)

Sa très grande popularité, Juliénas la doit au journal satirique, le Canard Enchaîné. Tout commence dans les années 1930. Victor Peyret dirige alors au Château des Capitans à Juliénas, une petite affaire de négoce en vins. Il est aussi très introduit auprès des chansonniers de Montmartre. Son comparse, Toto Dubois, avant de cultiver la vigne à Juliénas est journaliste au Salut Public à Lyon. Pendant la guerre 14-18, il se lie d’amitié avec Maurice Maréchal, futur directeur du Canard Enchaîné. Tout ce beau monde, journalistes en tête descendus de Paris prend alors l’habitude de venir s’encanailler dans le vignoble. On se retrouve au restaurant Le Coq au Vin (aujourd’hui, Le Coq à Juliénas) pour des déjeuners d’anthologie. Le journal en fit de telles descriptions que le Juliénas devint l’un des crus le plus médiatisés de l’époque, baptisé le cru des journalistes.

Clochemerle à Juliénas

Voici le compte rendu du journal Le Monde (sans commentaire !). Lyon, 18 mars 1965 : l’écrivain Gabriel Chevallier* avait en 1945 concédé l’exploitation, pour dix ans de la marque  » Cuvée Clochemerle  » à un négociant en vins de Juliénas. M. Victor Peyret. Aucune demande de renouvellement n’était intervenue lorsqu’en 1959 la coopérative de Vaulx-en-Beaujolais prit contact avec le romancier, et, le 10 mai 1960, obtint pour six ans la marque  » Cloche-merle « , moyennant une redevance de 10 francs (anciens) par bouteille. En 1961, la coopérative, constatant que M. Peyret continuait à vendre du  » Clochemerle « , l’assigna devant le tribunal de Villefranche-sur-Saône. Puis elle assigna également Gabriel Chevallier. Le tribunal, par jugement du 5 octobre 1962, avait rejeté comme irrecevable la demande de la coopérative, mais admis la responsabilité de l’écrivain envers celle-ci. La cour d’appel de Lyon a réformé ce jugement. Elle a débouté la coopérative de Vaulx de son action  » injustifiée et mal fondée  » à l’encontre de Gabriel Chevallier, mais elle a condamné M. Peyret à verser 1 500 francs de dommages et intérêts à la coopérative.

*Gabriel Chevallier (1895-1969), écrivain français est l’auteur de Clochemerle, une chronique rabelaisienne autour d’une « pissotière ». Cet ouvrage publié en 1934, est devenu un grand classique de la littérature humoristique.

Château de Juliénas. Le domaine compte 35 ha de vignes en appellation Juliénas. Les vignes sont âgées en moyenne de 45 ans. Thierry Condemine cultive ses vignes en lutte raisonnée, la récolte est manuelle et la vinification traditionnelle.
Château de Juliénas. Le domaine compte 35 ha de vignes en appellation Juliénas. Les vignes sont âgées en moyenne de 45 ans. Thierry Condemine cultive ses vignes en lutte raisonnée, la récolte est manuelle et la vinification traditionnelle.

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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