Magrez (Bernard Magrez) 2013 : le pape en ses châteaux pourrait-on dire de Bernard Magrez, fringant septuagénaire, girondin et self made man, le fortuné propriétaire du prestigieux Pape Clément qui décrocha la note ahurissante de 100/100 pour le millésime 2009 accordée par le critique américain Robert Parker. Pape Clément (32,5 ha) est un cru classé de Graves rouge (Pessac-Léognan), qui s’enorgueillir d’avoir produit du vin sur les mêmes terres pendant 7 siècles et dont le nom est le souvenir d’un homme d’Eglise, Bertrand de Goth, bordelais devenu pape en 1305, à la mort de Benoît XI. Du haut de ce château, fierté de Bernard Magrez, n’est-ce pas 40 vignobles qui aujourd’hui de part le monde contemple leur insatiable propriétaire ?
40 vignobles de part le monde…
Sa fortune (102e fortune française en 2013 selon le magazine Challenges avec 525 M€), il la doit, en important la première marque de whisky vendue en France. Ce tonitruant homme d’affaire a ainsi vendu sa société William Pitters à Marie Brizard et a cédé sa gamme Malesan (12 millions de bouteilles par an) à son vieil ami Pierre Castel (Groupe Castel). Aujourd’hui, Bernard Magrez (né en 1936) est à la tête de 40 vignoble en France et dans le monde soit 950 ha. Ainsi, Bernard Magrez possède-t-il aujourd’hui 20 châteaux bordelais, 9 en Languedoc-Roussillon (dont le domaine de Lagueiranne dans le Var acquis en 2011 qui produit 60.000 bouteilles de rosé, sur 10 ha), 2 en Provence et 10 dans le reste du monde (Uruguay, Argentine, Chili, Etats-Unis, Maroc, Japon* et 3 en Espagne). Oubliée sa déception d’avoir été bouté hors de Chine ! Il s’agissait d’un vignoble acquis il y a une vingtaine d’années à Tsin Tao sur la mer de Chine, lieu de villégiature des empereurs. Il fut repris huit ans plus tard, sans ménagement par les autorités locales . J’y avais développé un riesling italien exceptionnel planté par les Russes dit-il encore avec nostalgie.
* Exploitant un cépage blanc autochtone, le Koshou
Un stradivarius nommé Château Fombrauge
Sans doute retire-t-il aujourd’hui une certaine fierté de voir son château Fombrauge accéder (enfin !) au rang de grand cru classé (septembre 2012). C’est d’ailleurs le nom qu’il donna à l’un des plus beaux stradivarius dont il se porta acquéreur dans le cadre d’un mécénat. Mais précisons qu’il possède également trois autres grands crus classés : château Pape-Clément ( Cru Classé en Graves rouge), Tour Carnet (Haut-Médoc Quatrième Cru Classé) et dernier de cette liste, acquis en octobre 2012, château Clos Haut-Peyraguey (Premier Cru Classé de Sauternes) faisant de lui l’un des très rares propriétaires ayant autant de crus classés.
Succès, déception, achat
Mais son dernier achat est la suite d’une énorme déception. Lorsqu’en avril 2012, Bernard Magrez annonçait comme acquis, l’achat à Anne Farges de château Romer, second cru classé de Sauternes pour 1,5 m d’€ (7 hectares, dont 5 de vignes en production), c’était sans compter avec la SAFER (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) qui au dernier moment lui préféra un jeune vigneron, François Janoueix, jeune oui mais déjà à la tête d’une société de négoce et de plusieurs crus (Fronsac, Montagne-Saint-Emilion, Lalande de Pomerol…). En 2012, Il s’était également porté acquéreur coup sur coup de château Rochâteau Malleprat à Pessac-Léognan (14 ha) et château Moulin d’Ulysse à Listrac dans le Médoc (11ha). A noter qu’il possède sept domaines en copropriété avec son ami Gérard Depardieu, notamment, deux en Bordelais, deux en Languedoc-Roussillon, deux en Espagne et un en Argentine. Depuis 1990, il a confié la plupart de ses vignobles à l’œnologue Michel Rolland. En 2011, il vendait 4,5 millions de bouteilles dont 1 millions de grands crus. Son groupe* réalise 50 m d’€ de CA (et une marge de 19 à 20 % ). Avec un montant estimé à 500 m d’€, Bernard Magrez est d’après le magazine Challenge, la 83e fortune de France.
*Groupe BMGV (Bernard Magrez Grands Vignobles)
dans l’attente d’un Premier Cru du Médoc (classement 1855)
Bernard Magrez, ce compositeur de vins rares (signature de ses vins) est un amateur de musique classique et sacrée. N’a-t-il pas organisé un concert exceptionnel et inédit à l’Opéra de Bordeaux fin septembre 2012 avec six Stradivarius dont cinq appartenant à l’Etat Russe, joués par les solistes du Conservatoire de Moscou et le sixième, le stradivarius Château Fombrauge, confié à Matthieu Arama pour célébrer le tout nouveau classement de son Château Fombrauge. Cet homme tout à la fois mécène*, vigneron et homme d’affaire est à 73 ans encore en quête du Graal : mettre la main sur l’un des cinq joyaux du Médoc. Une rumeur au printemps 2011 (mais ce n’est qu’une rumeur) désignait le château Latour propriété de son ami François Pinault !
*Fondation Bernard-Magrez et Institut Culturel Bernard Magrez pour le mécénat artistique créés en 2010 et 2011.