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Montmartre fête le ban des vendanges

Le Clos Montmartre fête la 88e édition du ban des vendanges

Clos Montmartre, ban des vendanges. Un vignoble qui couvre 1556 m2 et compte 1726 pieds de vigne.  Photo © François Collombet

Le Clos Montmartre fête ses vendanges

Être invité au traditionnel ban des Vendanges du Clos Montmartre (la 88e édition*) par Alain Coquard, président de la République de Montmartre, est un honneur pour un parisien (n’habitant pas la butte). Rendez-vous donc au restaurant La Bonne Franquette chez Patrick Fracheboud, cette institution montmartroise située à l’aplomb du vignoble. Il est tôt. Belle journée d’octobre. Elle s’annonce ensoleillée et relativement chaude. Idéale pour des vendanges mais celles-ci nous ont devancé de quelques jours. Les petits poulbots impatients sont déjà là. Café au comptoir.

* La première fête des vendanges de Montmartre s’est tenue en 1934. Les vignes avaient été plantées 2 ans plus tôt. Ne donnant pas de raisin avant la troisième année, il fallut la générosité des vignerons du Beaujolais pour offrir à Montmartre sa première la fête.

Quand le président de la République de Montmartre attend la maire de Paris

Pour cette journée de fête, on attend le « ban » et l’arrière-ban de Montmartre : Éric Lejoindre, le maire du 18e arrondissement, Gilles Guillet, Grand Maître de la confrérie du Clos Montmartre, la Commune Libre de Montmartre, les Compagnons de la Butte Montmartre, les représentants des confréries et groupes folkloriques participant au défilé. Est également attendue, la maire de Paris, Anne Hidalgo. Et à tout seigneur, tout honneur, on y verra, le maître des lieux, Vincent Bolenor, vigneron-jardinier du Clos Montmartre ainsi que Sylviane Leplâtre, l’œnologue de la Ville de Paris en charge du vignoble et de la vinification. L’événement attire comme tous les ans, les médias du monde entier. N’est-ce pas l’une des manifestations parisiennes les plus populaires qui attire près de 500 000 visiteurs sur les rues de la Butte ? Et cette année encore, des marraine et parrain d’exception : la chanteuse Kerenn Ann et le dessinateur Jul.

La Butte Montmartre au patrimoine mondial de l’UNESCO !

L’appel a été lancé fin septembre 2021 par le maire du XVIIIe arrondissement pour classer la Butte Montmartre au patrimoine mondial de l’UNESCO. Et pas de doute, la production de ce vin urbain et bio sera un atout de taille dans le dossier.

Devant La Bonne Franquette, ce restaurant mythique de Montmartre, les petits poulbots sont là, prêts à descendre vers le Clos Montmartre et après, mener le célèbre défilé qui parcourra les rues de la butte.  Photo © François Collombet
Clos Montmartre, ban des vendanges 2021. Sur l’estrade, au premier plan : le hiératique président de la République de Montmartre, Alain Coquart ; Jul l’un des parrains de l’événement ; Anne Hidalgo, la maire de Paris ; Eric Lejoindre, maire du 18e arrondissement ; Karen Ann, l’autre parrain/marraine et Eric Sureau, président du comité des fêtes et d’actions sociales de Montmartre. A l’extrême droite, Bernard Beaufrère, le talentueux garde champêtre de la République de Montmartre. Photo © François Collombet
Ces petits poulbots au pied de l’estrade du Clos Montmartre ; ces gosses emblématiques de Montmartre, véritables stars du quartier. Photo © François Collombet
Un air de violon ce jour de ban des vendanges au Clos Montmartre. Photo © François Collombet

Clos Montmartre sans doute le clos urbain le plus célèbre du monde

Le Clos Montmartre connu dans le monde entier occupe une partie du flanc nord de la Butte Montmartre dans le 18e arrondissement de Paris. Il est à l’angle de la rue Saint-Vincent et de la rue des Saules (entrée 14-18 rue des Saules). Cet incroyable lopin de vigne planté en 1932 à l’initiative d’une poignée d’habitants qui tenaient à sauver le terrain de l’urbanisation et auxquels la mairie apporta son soutien, est à portée de voix du légendaire cabaret, le Lapin Agile, du musée de Montmartre qui le surplombe ainsi que du restaurant, La Belle Franquette, une institution à Montmartre.

Clos Montmartre sur le versant nord de la butte avec panorama sur Paris. Tout en bas (en ocre), au 22, rue des Saules, le célèbre cabaret de Montmartre, Le Lapin agile.  Photo © François Collombet

La plus petite vigne de France

La cueillette du raisin sur sans doute l’une des plus petites vignes de France n’a pris que quelques heures, une récolte destinée à produire deux cuvées, l’une rouge et l’autre rosé. Clos Montmartre couvre 1556 m2 et compte 1726 pieds de vigne. On y recense près de 27 cépages, avec les incontournables gamay, pinot noir et de sauvignon. Depuis quelques années, les ceps moribonds, âgés d’une soixantaine d’année en moyenne, sont progressivement remplacés par des cépages « résistants » aux maladies cryptogamiques, et adaptés aux conditions climatiques de la capitale : de nouvelles variétés résistantes aux maladies avec les qualités œnologiques que l’on connait : artaban et vidoc (développés par l’INRAE), les suisses pinotin, cal1-28, cabernet jura, divico, l’allemand monarch…» . Des pieds venus d’une trentaine de cépages français et suisses, particulièrement fertiles et résistants aux maladies. La vigne prospère ici sur un sol de sables de Fontainebleau (très siliceux) dont le sous-sol est composé d’argiles vertes, de marnes à huîtres et de gypse. Son propriétaire n’est autre que la mairie de Paris (Direction des Parcs et Jardins) sous la férule de Sylviane Leplâtre œnologue-conseil de la ville de Paris, en charge du Clos Montmartre.

Aux côtés d’un respectable ministre de la République de Montmartre, Sylviane Leplâtre, l’œnologue du Clos Montmartre et Vincent Bolenor, l’unique vigneron du Clos.  Photo © François Collombet

Premier cep planté au XIIe siècle

La colline de Montmartre ainsi que Clignancourt et la Goutte d’Or étaient la propriété de l’abbaye de Saint-Denis. Les vignobles de Gentilly, Vanves et Suresnes appartenaient à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Le premier cep de la vigne de Montmartre (la plus ancienne de Paris) aurait été planté par Adélaïde de Savoie. Elle fut la première abbesse de l’abbaye de Montmartre, une abbaye fondée par son époux, le roi Louis VI le Gros. A sa mort en 1137, elle s’y retira. Son tombeau est en l’église Saint-Pierre-de-Montmartre.

Ce jour là, ban des vendanges, quelques grappes de gamay ont été laissées pour les photographes.  Photo © François Collombet
Après les vendanges, resterait-il la récolte des olives du Clos Montmartre ?  Photo © François Collombet
Belle apparition dans les vignes du Clos, Laura Druot, miss Montmartre.  Photo © François Collombet
Entre Keren Ann et Eric Lejoindre, Anne Hidalgo hésiterait-elle à goûter ces quelques grains de gamay ?  Photo © François Collombet

Montmartre, un clos bio évidemment !

Vincent Bolenor est le seul vigneron-jardinier à s’occuper de la vigne de Montmartre cultivée évidemment en bio. Elle n’est traitée qu’avec des pesticides autorisés en viticulture biologique (le cuivre et le soufre) d’où son inscription parmi les sites Oasis Nature, un label délivré par l’association d’Hubert Reeves pour la préservation de la biodiversité. La récolte tourne entre 1100 et 1 500 kg pour 1726 pieds : « nous en possédions davantage par le passé. Mais depuis que nous avons décidé de ne plus tailler en Gobelet, pour privilégier la taille Guyot, nous avons espacé les rangs » précise Vincent Bolenor.

Voici la cheville ouvrière, le vigneron du Clos Montmartre, Vincent Bolenor.  Photo © François Collombet

Clos Montmartre, un kaléidoscope d’arômes

Le Clos Montmartre est vinifié dans les caves de la mairie du 18e arrondissement avec des techniques innovantes et sans sulfites. Sylviane Leplâtre, l’œnologue du Clos (et œnologue pour la ville de Paris et de Courbevoie) est presque dithyrambique (et avec raison) : c’est un vin exceptionnel, qui n’existe pas ailleurs. Il est issu de 30 cépages différents. La parcelle est exposée au nord, ce qui lui donne un peu d’acidité, dans une latitude assez élevée. Les vignes sont taillées de manière à disposer d’un maximum d’ensoleillement. Au niveau du goût, ce sont des arômes très complexes. C’est un kaléidoscope d’arômes. Les tanins sont très tendres, ronds. C’est très frais. Un vin très agréable, qui ne ressemble à aucun autre.

Une production de 2400 bouteilles de 50 cl.

La production est d’environ 1500 bouteilles de 50 cl de vin rouge et 900 de vin rosé. Et la qualité est au rendez-vous ! Lors d’une dégustation à l’aveugle les vins du Clos Montmartre ont été qualifiés de haut niveau par le président de l’association des sommeliers de Paris-île de France. Le produit de la vente du vin de Montmartre sert exclusivement à financer nombre d’actions sociales du 18e arrondissement.

Clos Montmartre avec une production annuelle de 1900 bouteilles (1100 en rouge, 800 en rosé).  Photo © François Collombet
Le Clos Montmartre s’est vidé. On s’apprête au défilé qui va rassembler près de 500 000 personnes dans les rues de la butte.  Photo © François Collombet

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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