Moulin-à-Vent (Beaujolais) cru du Beaujolais, vin rouge : c’est le seigneur du Beaujolais, celui qui se rapproche le plus des grands Bourgogne ; un vin qui trouve son origine à l’époque gallo-romaine. Avant le passage à gué de la Mauvaise, sur la grande voie romaine stratégique, reliant Lugdunum (Lyon) capitale des Gaules à la mer du Nord, des vignes furent plantées autour des villas gallo-romaines édifiées à Romanesca (Romanèche).
Au XVIIIe siècle, un certain moulin à vent !
Quant au nom de Moulin-à-Vent, il apparaît dès 1757, sur une facture établie par le sieur Etienne Chalandon. Il s’agissait d’un antique moulin à vent servant à moudre le grain, construit à 258 m, au sommet d’une colline au centre de l’appellation. Il a été classé monument historique en 1930. Cette mesure officielle a permis de conserver un témoin du passé dans son état d’origine (son mécanisme intérieur est presque intact). Ses ailes furent arrachées lors d’une tempête en 1910 mais restaurées à la faveur du soixante-quinzième anniversaire du cru en 1999.
Un sous-sol riche en manganèse
La longue liste des qualités d’un tel cru ne saurait faire oublier l’originalité de son sous-sol riche en manganèse sur les communes de Romanèche-Thorins en Saône-et-Loire et Chénas dans le Rhône (aucune commune ne porte le nom de Moulin-à-Vent). Le sol est constitué d’arènes granitiques roses friables qu’on appelle gore, infiltré ici et là de filons de manganèse. Ainsi, la vignes de ses racines va-elle puiser sa sève dans cette roche riche en manganèse (bioxyde de manganèse)* pour apporter au Moulin-à-Vent, sa force et son caractère. C’est aussi ce type de sol qui serait responsable du remarquable vieillissement des Moulin à Vent au point de faire dire aux spécialistes qu’il pinote comme le cousin bourguignon.
6 à 7 ans de cave
Les 670 ha de son vignoble situés au nord de la région des dix crus du Beaujolais, produisent quelque 5 millions de bouteilles.
Le Moulin-à-Vent grâce à la vinification beaujolaise, semi-carbonique en grappes entières, exprime particulièrement bien les arômes et saveurs du gamay (cépage exclusif du Beaujolais). Il donne des vins fruités, bien charpentés et ici, étonnamment aptes à la garde. Ils ont besoin de six à sept ans de cave avant de révéler complètement leur robe rubis foncé et leurs arômes d’iris, de roses fanées, d’épices et de fruits mûrs. On y décèle les bonnes années, une palette aromatique plus complexe, avec des fruits noirs, pivoine, pierre à feu, lichen, griotte. Il évoque alors un Bourgogne de bonne race, s’affirmant le plus corpulent et le plus savoureux de tous les crus du Beaujolais.
Les 15 climats répertorié du Moulin-à-Vent :
- Les Carquelins,
- Les Rouchaux,
- Champ de cour,
- En Morperay,
- Les Burdelines,
- La Roche,
- La Delatte,
- Les Bois maréchaux,
- La Pierre,
- Les Joies,
- Rochegrès,
- La Rochelle,
- Champagne,
- Les Caves,
- Les Vérillats.
Près de 300 producteurs exploitent cette appellation dont les plus connus sont : Château du Moulin-à-vent, Château des Jacques, Maison Georges Dubœuf, Domaine Paul et Eric Janin, Union des producteurs du Moulin-à-vent, Le vieux domaine, Château de Chénas…
*Le manganèse, associé à des minéraux comme la barytine et la fluorine, ont été exploité dans les roches broyées qui jalonnent la grande faille séparant la Plaine de la Bresse des Monts du Beaujolais.