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Pichon Longueville Comtesse de Lalande (Pauillac Deuxième Cru Classé 1855) Médoc

De château Pichon Longueville Comtesse de Lalande,  on dit ici pour faire court : Pichon Lalande et pour le voisin Pichon Baron ! Les parcelles du vignoble de 87 ha tournent autour du château. Elles ont pour nom  Les Ardileys, le Moulin Riche, Longueville, Grand’Plante, la Chapelle, Virginie, Sophie, Marie-Joséphine…Elles sont proches de la Gironde avec des vignes mitoyennes à celles de Château Latour.

De la terrasse du Château Pichon Longueville Comtesse Lalande, on aperçoit Château Latour et la Garonne qui a cet endroit est large de 3 km. Photo © François Collombet

Une intrusion sur la commune de Saint-Julien

Les croupes sont constituées de graves sur argiles, composition qui favorise un excellent drainage. Ce sont ces graves de l’ère quaternaire dites graves garonnaises, notamment celles de la nappe Günzienne, la plus ancienne. Cette région de Pauillac jouit d’un microclimat et d’une sécheresse relative qui favorisent la concentration des raisins.

Une singularité, jusqu’à 35 % de merlot

Les 45% de cabernet sauvignon signent la structure, la charpente du vin et lui donnent sa longévité. La proportion de 35 % de merlot est à la fois surprenante et inhabituelle dans une appellation qui privilégie le cabernet sauvignon. Ce cépage apporte la couleur, la rondeur et la souplesse. C’est la marque distinctive des vins de ce domaine.

Retour en force du cabernet sauvignon

D’importants travaux de restructuration du vignoble ont été entrepris suite aux études approfondies des sols et sous sols. Elles ont abouti à une cartographie très précise des nombreuses parcelles et à une meilleure connaissance du terroir. Un programme de replantation qui a été lancé va  favoriser une meilleure adéquation du cépage et de son porte greffe avec de la nature du sol. On aboutira à terme à une modification significative de l’encépagement avec :  61 % de cabernet sauvignon, 32 % de merlot, 4 % de cabernet franc et  3 % de petit verdot. L’assemblage se fait fin décembre ou début janvier en présence de Frédéric Rouzaud et de l’équipe technique du château. Château Pichon Longueville Comtesse de  Lalande est ensuite élevé 18 mois en barriques, dont 50 % en chêne neuf et 50 % en chêne d’un an pour aboutir à  un vin que James Laubé du Wine Spectator a baptisé  Second Cru de Première Classe.

Production annuelle : 340 000 bouteilles environ.
Aujourd’hui, les seconds vins représentent 20 à 50 % de la production totale du château. Les archives conservées au Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande mentionnent l’existence d’un second vin déjà au XIXe siècle.

Second vin : Réserve de la Comtesse. Il a été créé et mis sur le marché pour la première fois en 1973. Les seconds vins représentent aujourd’hui 20 à 50 % de la production totale du château.

Terrasse du Château Pichon Longueville Comtesse Lalande de style néo-classique. Photo © François Collombet

La dynastie Pichon-Longueville, 250 ans de présence

Les archives relatent l’achat de quarante parcelles bien graveleuses à Saint Lambert près de Pauillac ce qui constitua le domaine de Pierre de Mazure de Rauzan et… l’origine de Pichon Longueville. Ce nom, le vignoble le trouvera un peu plus tard lorsque Thérèse, la fille du fondateur, le recevra en dot, en épousant Jacques de Pichon Longueville, premier Président du Parlement de Bordeaux. Ainsi commençe l’histoire de l’un des plus grands vignobles bordelais qui, durant plus de 250 ans, conservera son intégrité sous l’égide d’une même famille.
En 1850, Le Baron Joseph de Pichon Longueville décide de partager le domaine entre ses cinq enfants. Dans un esprit d’équité, il applique une règle arithmétique très simple. Ses deux fils reçoivent les deux cinquièmes du vignoble et les installations vinicoles et ses trois filles, les trois autres cinquièmes. Mais, en l’absence de descendance, finalement seuls deux enfants héritent du domaine : Raoul reprend la partie destinée aux fils, Virginie la partie destinée aux filles.

C'est elle Virginie, Comtesse de Lalande qui décida au milieu du XIXe siècle d'administrer elle-même son vignoble et celui de ses soeurs.
C’est elle Virginie, Comtesse de Lalande qui décida au milieu du XIXe siècle d’administrer elle-même son vignoble et celui de ses soeurs.

Le vignoble de la Comtesse

Après une période intermédiaire de quelques années pendant laquelle l’ensemble du domaine est administré par le baron Raoul de Pichon Longueville (jusqu’à sa mort à 95 ans), la rupture est consommée en 1860. Désormais, la terre de Pichon Longueville connaîtra deux destins différents. Anticipant le partage, Virginie, épouse du comte Henri de Lalande, prend alors la direction du domaine, lui donnant son indépendance et le nom de Comtesse de Lalande. Dès 1840, désireuse de rester au coeur du Médoc sur les terres des Pichon Longueville, elle se fait construire une résidence inspirée de l’Hôtel de Lalande à Bordeaux. Sa passion de la vigne ainsi que la qualité de sa gestion font d’elle une personnalité marquante dans le Médoc, laissant au domaine une empreinte qui est restée attachée à son nom. En 1855, lors du classement effectué sous Napoléon III, le Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande accède au rang de Second Cru Classé.
En 1925, Edouard et Louis Miailhe, issus d’une ancienne famille de propriétaires et de courtiers bordelais, achètent le Château.

May-Eliane de Lencquesaing, une grande dame du vin

May-Eliane de Lencquesaing
May-Eliane de Lencquesaing, la grande Dame de Pichon

En 1978, May-Éliane de Lencquesaing*, fille d’Édouard Miailhe et épouse du général de Lencquesaing, devient (par un heureux tirage au sort !) propriétaire et administratrice du château. Elle reprend alors des études d’œnologie, constitue une équipe de choc dont Thomas Dô Chi Nam, un vinificateur de génie. En 1994, elle est élue femme de l’année par la revue anglaise spécialisée Decanter. La même année, elle est nommée ambassadrice section vin de la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux et créé un trophée récompensant les meilleurs vins d’assemblage dans le Médoc. Femme de lettres, elle publie en décembre 2002 Vivant, je suis ! dit le vin !  La famille Miailhe en restera propriétaire jusqu’en 2007, où la Maison de Champagne Louis Roederer décide de reprendre le relais de cette longue tradition familiale. Le château fut acheté par  Frédéric Rouzaud l’année où il a succédé à son père, Jean-Claude Rouzaud, à la tête de Louis Roederer, en coiffant d’ailleurs sur le poteau le groupe Hermès.

*May-Éliane de Lencquesaing après avoir été longtemps l’ambassadrice de Pauillac et de Pichon-Longueville Comtesse de Lalande à travers le monde, a en 2003 acheté un vignoble au bout du monde,  à Glenelly Hill, tout près de la ville de Stellenbosch en Afrique du Sud, dans la province de Western Cap. Elle aime le vignoble du Cap, mais elle y applique les leçons qu’elle a apprises à Bordeaux. Elle y a même planté du petit verdot, comme à Pichon.
May-Eliane de Lencquesaing a été élevée au rang d’officier de la Légion d’honneur en 2011.

Nicolas Glumineau à la direction générale des propriétés bordelaises de Louis Roederer

Nicolas Glumineau
Nicolas Glumineau à 38 ans en 2012 prenait la direction des 3 châteaux propriétés de Louis Roederer dans le bordelais

 

Fin 2012, Nicolas Glumineau doté d’un DEA de génétique appliquée à l’oenologie (dans le laboratoire du professeur Denis Dubourdieu) à 38 ans succédait à Sylvie Cazes*. Ce grand sportif quittait la direction de l’exploitation de Château Montrose (propriété d’Olivier et Martin Bouygues) pour prendre la tête des propriétés bordelaises de Louis Roederer soit 3 châteaux (dont Château de Pez et Château Haut Beauséjour) et  85 personnes dont une bonne soixantaine à Pichon Longueville Comtesse de Lalande. Il a pour objectif à court terme de faire passer le domaine à la viticulture bio si les essais qui sont menés actuellement s’avèrent concluant. Pour rappel, le pas a été franchi par des châteaux classés comme Pontet-Canet (certifié en biodynamie), Guiraud, Durfort-Vivens ou même dans une moindre mesure Smith Haut Lafitte.

*Sylvie Caze avait succédé  à Gildas d’Ollone, l’ancien directeur général de Pichon Lalande depuis l’acquisition du Château par Louis Roederer en 2006. C’est lui qui avait été chargé de reprendre le flambeau à la suite de May-Eliane de Lencquesaing pour faire renaître ce vin de légende. Sylvie Caze qui est copropriétaire du château Lynch-Bages à Pauillac, vient d’acquérir Château Chauvin, un Saint-Emilion Grand Cru Classé. Elle est également la présidente de l’association de préfiguration de la Cité des civilisations du vin de Bordeaux.

Faisant presque face au Château Pichon Longueville, l’entrée du Château Pichon Longueville Comtesse Lalande. Le château est depuis 2007 la propriété de Frédéric Rouzaud (Louis Roederer). Photo © François Collombet

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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