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Alerte aux toxiques !

Présence de résidus phytosanitaires dans les vins certifiés HVE (Haute Valeur Environnementale). Voir plus bas la réaction très mesurée du laboratoire d’analyse des vins en question.

Que faut-il en penser ?

En pleine crise de la Covid, et en période des foires aux vins, la filière vin n’avait pas besoin d’un tel tapage. Dossier « hautement sensible ». Il met face à face presque deux antinomies :

1/HVE (Haute valeur environnementale), une norme environnementale prônant une pratique plus vertueuse issue des travaux du Grenelle de l’environnement. Elle est censée distinguer « les exploitations engagées dans des démarches particulièrement respectueuses de l’environnement ». Mais à la différence du label bio, cette certification ne garantit pas le non-recours aux pesticides.

2/Le résultat d’un rapport polémique. Il a été commandé par une association fondée en 2016 à l’initiative de Valérie Murat* Alerte aux Toxiques. Son but, informer et sensibiliser aux dangers liés à l’utilisation de pesticides de synthèse dans la viticulture. Depuis 2018, l’association fait donc analyser les résidus de pesticides dans le vin par un laboratoire agréé (Laboratoires Dubernet). Les derniers résultats sont éloquents. Sur les 22 bouteilles (dont 19 bordelaises)*, toutes issues du label HVE (Haute valeur environnementale) qu’a fait analyser l’association Alerte aux toxiques, on détecte 28 substances actives (SA) avec une moyenne de 8 substances actives par bouteille.

*Dans le lot, des Bordeaux, des crus bourgeois et des grands crus, certains très connus mais aussi des champagnes et des vins du Languedoc.

Qui est Valérie Murat, militante anti-phytos ?

Valérie Murat s’est battue notamment contre les pulvérisations de pesticides pendant le confinement. Illustration, le folpel ! L’une des quatre molécules systématiquement retrouvée sur tous les sites de prélèvements, près des vignes et jusqu’à Bordeaux (avec des pics durant les traitements estivaux). Le folpel produit par Bayer est soupçonné d’être un pesticide cancérogène pour les enfants. Obligation est donc de s’opposer au renouvellement d’autorisation du folpel et des 3 autres substances actives potentiellement perturbateur endocrinien. Leur période d’autorisation doit prendre fin à partir d’avril 2021.

Un combat à la mémoire de son père

Un financement participatif lui a permis de récolter 5000 € auprès de 155 donateurs, budget qu’elle a consacré à faire analyser une série de vins, tous labellisés HVE. Valérie Murat signe une bande-dessinée : la vigne dans le sang, les racines d’un combat avec la dessinatrice Natacha Sicaud aux éditions Casterman. Elle relate le combat pour faire reconnaître en maladie professionnelle, le cancer de son père (le vigneron James Murat aujourd’hui décédé) qu’il contracta en utilisant de l’arsénite de sodium. C’était alors le seul moyen de lutte efficace contre les maladies du bois (l’esca) mais sa toxicité pour l’homme et l’environnement a contraint les pouvoirs publics à le retirer du marché en novembre 2001.

Le dilemme : comment se passer de la chimie de synthèse dans les vignes ?

La culture de la vigne, comme toute culture agricole, doit se défendre de ravageurs redoutables : mildiou, oïdium, eudémis, esca, botrytis, etc… et ce quel que soit le mode de production : conventionnel, bio, HVE. Le projet du bio, défini dans les années 70 vise à se départir de la chimie de synthèse. De son côté, pour sa défense, le HVE offre un arsenal de mesures environnementales, parmi lesquelles une traçabilité absolue, le nombre et l’efficacité des traitements, l’accent sur la biodiversité de l’environnement immédiat des parcelles de vigne, sur la vie du sol, etc…. Cependant la norme HVE n’interdit pas les pesticides de synthèse, certains très anxiogènes. Parmi les plus dangereux, les CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques), les fameux Perturbateurs Endocriniens (PE), les Sdhis (antifongiques qui bloquent une étape clé de la respiration des champignons) etc…

Le cuivre bon pour la vigne même bio ! Et pour l’homme ?

Mais que penser du cuivre composé naturel* ? Lui aussi porte une toxicité : H302 (nocif en cas d’ingestion), H319 (provoque une sévère irritation des yeux), H315 (provoque une irritation cutanée, et H410 (très toxique pour les organismes aquatiques, entraînant des effets néfastes à long terme). Malgré tout cela, il est encore largement utilisé, y compris en agriculture biologique.

*Le cuivre se retrouve dans tous les végétaux, donc dans la vigne à l’état de trace.

Le vignoble français, un environnement qui peut inquiéter !

20 % des pesticides utilisés en France sont, pour 3,7% de la surface cultivée, destinés à la vigne entraînant un fort impact sur la santé et l’environnement. Selon les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture, la valeur moyenne triennale 2014-2016 des pesticides a augmenté de plus de 12 % par rapport à 2009-2011. Une progression qui se consolide avec 12,4 % d’augmentation en 2017 et de 21%, avec une baisse relative en 2019. Les dernières études estiment que l’exposition des populations à des perturbateurs endocriniens est la cause de nombreuses pathologies. Elles représenteraient un coût pour la société entre 150 et 260 milliards d’euros par an. D’après l’OMS, 5 à 10 % des cas de cancers seraient dus aux dégradations de l’environnement.

La guerre autour du LMR (Limites Maximales de Résidus)

A leur disposition, les vignerons possèdent un arsenal d’une cinquantaine de produits légalement autorisés, pour leur permettre notamment de modifier le vin qu’ils produisent. Comme pour les produits destinés à l’alimentation (fruits, légumes, eau), existe-t-il une obligation légale de respecter des limites maximales de résidus de pesticides (LMR) pour le vin en bouteille ? Ces concentrations doivent être comparées aux Limites Maximales de Résidus raisin de cuve (LMR) qui sont bien évidemment applicables aux vins. Rappelons que les LMR sont définies selon des procédures extrêmement longues et rigoureuses par les instances nationales et européennes sur la base de données environnementales et toxicologiques précises. Alors, comment peut-on dénoncer un vin qui contient des teneurs inférieures à la LMR du raisin de cuve puisqu’il se trouve en situation de parfaite légalité ?

Réponse des Laboratoires Dubernet

(Réponse disponible sur www.dubernet.com). En voici les tenants et les aboutissants : les teneurs en résidus dans les vins, quand nous en trouvons, sont très faibles, toujours très en dessous des LMR (en moyenne de l’ordre de 0 à 3 % de ce seuil selon les molécules). La situation des vins en France est donc très loin de poser des problèmes vis-à-vis des limites légales. Nous savons aussi qu’en raison des progrès permanents des outils d’analyse, des teneurs autrefois non détectées le sont devenues, alors qu’elles se situent à des seuils infinitésimaux. À quel moment doit-on s’abstenir d’interpréter un résultat analytique relevant de concentrations tellement faibles qu’elles ne signifient plus rien ? C’est ce type de questions que les experts se posent actuellement. Il est donc recommandé la plus grande prudence concernant toute interprétation hâtive des teneurs très faibles, que peuvent porter les analyses de résidus.

Un laboratoire qui s’explique

Les laboratoires Dubernet, laboratoire indépendant et professionnel de l’analyse des vins, fournissent des analyses et conseils aux différents acteurs de la filière. L’association Alerte aux toxiques a ainsi fait appel à une prestation d’analyse dans ce laboratoire. Comme c’est la règle, les données produites appartiennent à Alerte aux toxiques, qui en est la seule dépositaire. Dans ce contexte, précisent Les Laboratoires Dubernet nous ne pouvons pas être associés ni aux contenus ni aux conclusions de cette communication. Nous ne saurions fournir ni de près ni de loin une quelconque caution scientifique à la démarche de l’association.

Et si la composition d’un vin s’affichait comme la contre-étiquette d’une eau minérale

Une première étape, la mention des ingrédients allergènes (les sulfites)

Dans le vin, depuis 2005, la mention contient des sulfites* apparaît sur les étiquettes des vins. Toute denrée alimentaire, y compris le vin doit en effet mentionner les ingrédients allergènes dans son étiquetage. Il faut que sa teneur soit supérieure à 10 mg/litre. Autant dire que quasiment toutes les bouteilles comportent cette indication. Mais là où le bât blesse, c’est que rien n’oblige le producteur à indiquer la vraie teneur de sulfites dans son vin. Ainsi par exemple, un vin rouge sec bien élaboré contient en général environ 50 mg/l de sulfites. On sait aussi que les vins à faible acidité ont besoin de plus de sulfites que les vins à forte acidité. Jusqu’à présent, seuls les États-Unis et l’Australie exigent que les bouteilles portent une étiquette indiquant le contenu en sulfites.

*Trois mentions sont autorisées : Contient des sulfites ; Contient de l’anhydride sulfureux ; Contient du dioxyde de soufre. En revanche, le sigle chimique SO2 n’est pas autorisé (ça se comprend !)

Faudra-t-il afficher sur l’étiquette les teneurs rencontrées dans les vins ?

Comme on l’a vu plus haut, pour la très grande majorité des vins analysés, aucun ne dépasse les LMR (Limite maximales de Résidus). Ils sont donc conformes à la réglementation européenne. Les teneurs moyennes détectées sont très faibles (des fractions inférieures à 1 % des LMR). Ainsi les molécules les plus souvent retrouvées sont toutes des antifongiques (nulle trace d’insecticide ou d’herbicide). En analysant la plupart des molécules (150 environ), seules une dizaine représente l’immense majorité des résidus détectés. Alors peut-on conclure que la plupart des produits phytosanitaires communément utilisés dans les vignes induisent une présence détectable de résidus dans les vins. Enfin, il est sage de rappeler qu’une expertise technique devrait être requise pour accompagner un résultat, et interpréter le rapport d’analyse.

Etiquette vin versus étiquette eau minérale, de source…

L’eau contient surtout des molécules d’eau (H2O) mais aussi différents ions en solution. Sur ces étiquettes d’eau minérale, on peut lire la nature et la concentration des espèces dissoutes.

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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