Recevez les articles de Dico-du-Vin.com

Pas de SPAM, pas de revente d’adresses !

Champagne bilan 2022 : émerveillement et incertitudes !

Oui, Maxime Toubart président du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV) a toutes les raisons de se réjouir de l’année 2022. Il trinque dans une sorte de mise en abyme avec cette jeune femme qui incarne les vigneron(ne)s de Champagne de sa campagne de communication.

Bilan Champagne 2022. Le Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV) dressait un premier bilan des vendanges en octobre 2022 sur le plan de la qualité et des quantités avec deux mots clés : émerveillement et incertitude.

Conférence de presse du SGV de Champagne à Paris, octobre 2022. Debout, Maxime Toubart, président du syndicat général des vignerons (SGV), à gauche, Laurent Panigai, directeur général et à droite, Olivier Robbe président de la délégation des employeurs de main-d’œuvre Photo © François Collombet

I/L’émerveillement !

D’abord pour le rendement 2022 : 12 000 kg/ha

12 000 kg/ha pour une récolte estimée entre 14 000 kg/ha et 15 000 kg/ha (au-delà de 12 000 kg/ha : reconstitution des réserves) *. La vendange 2022 débutée le 25 août est satisfaisante, tant en qualité qu’en quantité. La récolte est plutôt homogène en termes de maturité des raisins, et ce, quel que soit le cépage et quel que soit le terroir.

*Les quantités récoltées au-delà, jusqu’à hauteur de 16500 kg/ha peuvent servir à la reconstitution de la réserve.

Ensuite, pour ce millésime (?) 2022 exceptionnellement ensoleillé doté d’un degré potentiel moyen au-dessus de 10 % vol.
Le voltis nouveau cépage autorisé en Champagne depuis septembre 2022 à hauteur de 5 % des surfaces par exploitation et ne devra pas dépasser 10 % de l’assemblage final d’une cuvée (DR)

Contrairement à 2021 (extrêmement difficile), les caractéristiques de cette année viticole ont été : fortes chaleurs, pression oïdium faible et quasi-absence de mildiou. Avec des températures élevées, 20°C en moyenne (année record depuis1961), 2022 restera dans les mémoires comme l’année la plus ensoleillée. Les pluies tombées aux moments opportuns ont permis une excellente maturation, tout en conservant un état sanitaire parfait. Dans l’ensemble, les moûts montrent une acidité assez faible, signe d’une année très solaire, tout comme le degré potentiel moyen qui se situe au-dessus de 10 % vol. La belle récolte 2022 laisse présager des vins de très bonne qualité.

Enfin, l’élection d’un nouveau cépage en Champagne, le voltis.

Hybride, oui mais à 95 % vinifera, un hybride interspécifique issu d’un croisement entre un cépage bouquet (INRA) et villaris (cépage allemand). Son choix a été validé par l’INAO le 8 septembre 2022. Ses qualités : résistance totale à l’oïdium et forte au mildiou mais sensible au black rot. Avec l’AOP Champagne, c’est le premier cépage résistant à figurer dans une appellation française. Voltis explique Maxime Toubart est une des réponses à l’importante question de la cohabitation entre habitants et producteurs*. Il s’agit avant tout de développer les pratiques et la consommation dans un esprit de durabilité.

*Avec le nouveau cépage voltis, on n’aura plus besoin d’autant traiter auprès des maisons d’habitation.

Ces vigneron(ne)s des Champagnes de Vignerons qui viennent illustrer « la diversité des instants de consommation » après la conférence de presse.

En conclusion, une évolution du marché du Champagne plus que favorable

La dynamique de la situation économique ne se dément pas puisque les expéditions de Champagne de janvier à août 2022 sont supérieures de 9.2 % à celles de 2021 et sur 12 mois glissants en augmentation de 14.7 %. Le marché est principalement tiré par l’export et tous les opérateurs (vignerons, coopératives et maisons de négoce) enregistrent une progression de leurs ventes.

II/Mais aussi, les incertitudes !

Les vignerons de Champagne n’en restent pas moins inquiets pour l’avenir et la pérennité de leur exploitation. Rappelons que le prix des vignes en AOC Champagne a été multiplié par 3.2 en 21 ans. La réussite du modèle champenois explique en partie cette valeur élevée. Or, ce modèle repose sur la maîtrise du foncier par le vignoble. Le maintien d’un équilibre entre le vignoble et le négoce permet une répartition équitable de la valeur ajoutée entre les 2 familles

La transmission, un défi majeur pour les vignerons.

La question de la transmission des exploitations pour les vignerons, dont près de 63 % ont plus de 50 ans, reste un défi majeur dans un contexte de prix important du foncier et de droits de succession élevés (5.4 années de résultat courant avant impôt pour un exploitant et jusqu’à 28 années de revenus pour un bailleur). Cette fiscalité patrimoniale frappe lourdement les héritiers de vigne qui sont incités à les céder plutôt qu’à les exploiter.

Mais que fait l’Etat ?

Le SGV a appelé le gouvernement et le Parlement à traduire dans la loi de Finances pour 2023, dont les discussions débutent à l’Assemblée nationale, les propositions du rapport remis au Premier Ministre en avril dernier et notamment l’extension du pacte Dutreil. Une mission sur le sujet du foncier viticole dans les appellations à forte notoriété a été confiée au député de la Marne, Éric Girardin. Ce rapport intitulé « Assurer la transmission familiale du foncier et des exploitations viticoles afin de garantir la pérennité et l’indépendance stratégique de la viticulture française » a été remis au gouvernement en avril 2022.

Les 4 mesures que préconise le SGV pour la préservation des exploitations viticoles familiales
  • 1/L’exonération totale de droits de mutation à titre gratuit des transmissions de biens loués par bail à long terme, sous réserve d’un engagement de conservation des biens sur une longue durée (25 ans)
  • 2/La suppression du plafonnement à 300 000 € applicable à l’exonération de 75 % des biens loués par bail à long terme et la suppression de l’imposition à l’impôt sur la fortune pour de tels biens
  • 3/Le raccourcissement à 10 ans au lieu de 15 ans du délai de rappel fiscal des donations antérieures
  • 4/l’amélioration de la fiscalité liée aux parts de GFA (Groupement Foncier Agricole) pour redonner de l’attractivité aux investissements dans le portage du foncier (cf. délai de détention de 2 ans pour pouvoir bénéficier de l’exonération partielle de droits de mutation)
Comment mieux faciliter l’emploi de main-d’œuvre en Champagne ?

La filière champenoise représente un secteur fortement pourvoyeur d’emplois. Au-delà des emplois permanents (5 919 en 2021), les exploitations recourent de manière importante aux emplois saisonniers notamment au moment des vendanges pour la cueillette manuelle des raisins. Le recours à l’emploi saisonnier dépasse cette période des vendanges pour courir tout au long de l’année afin d’accomplir les différentes tâches liées à l’entretien et la conduite de la vigne.

Debout, Éric Girardin (né à Sézanne) député de la Marne, en fonction depuis 2017. Il a remis au gouvernement un rapport intitulé : Assurer la transmission familiale du foncier et des exploitations viticoles afin de garantir la pérennité et l’indépendance stratégique de la viticulture française. Photo © François Collombet
D’énormes difficultés pour recruter au moment ses vendanges.

Le constat est particulièrement criant au moment des vendanges. En 2021, on comptait 70 700 vendangeurs en Champagne, contre 83 000 en 2020 et même 100 000 en 2019. Ces difficultés s’expliquent par un environnement législatif et réglementaire qui décourage les employeurs qui pourraient avoir tendance à recourir davantage à la prestation. Elle représente aujourd’hui 48 % pour la viticulture du Grand-Est.

Afin d’éviter la mise en péril des exploitations et des emplois, le SGV demande une réinstauration des exonérations salariales des contrats vendanges (supprimées en 2015) et appelle les parlementaires à réintroduire ce dispositif dans la prochaine loi de Financement de la Sécurité Sociale.

Comment mieux adapter les normes en matière d’hébergement de travailleurs saisonniers ?

Gros problème pour la filière ! La règlementation actuelle impose notamment des surfaces minimales en ce qui concerne les pièces affectées au sommeil (9m² pour le premier occupant, 7m² par occupant supplémentaire) mais aussi un nombre minimum d’équipements sanitaires par personne. Les investissements nécessaires pour la mise en conformité des bâtiments s’avèrent disproportionnés par rapport à l’usage qui en est fait (les vendanges s’étalant en moyenne sur douze jours). Ainsi, pour un exploitant accueillant 30 vendangeurs, 6 pièces sont nécessaires, pour une surface totale de 220m².

Le souhaitant du SGV. Que les normes d’hébergement des saisonniers agricoles recrutés pour une durée inférieure à 30 jours soient aménagées de manière pérenne en s’inspirant des règles prévues par le Code du Travail, à savoir 6m² par personne

La filière Champagne qui représente plus de 100 000 emplois saisonniers a fait part de ses difficultés croissantes à recruter. Le SGV a plaidé pour une rémunération plus attractive des vendangeurs au travers de la réintroduction dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 d’une exonération de charges pour les salariés et pour une adaptation de la réglementation sur l’hébergement des vendangeurs en s’inspirant de celle prévue par la législation du travail.

Maxime Toubart président du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV) devant l’une des affiches de la campagne de communication Champagne de Vignerons. Elle décline des portraits de vignerons et de natures mortes en miroir. Chaque vigneron incarne la typicité de son Champagne. Photo © François Collombet
Siège du SGV, 17-19 avenue de Champagne à Epernay. Créé en 1919, le syndicat général des vignerons de la Champagne regroupe plus de 99 % des vignerons champenois, soit près de 20 000 adhérents. Photo © François Collombet

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

Table des matières

Voir aussi

Nos derniers articles

Voir aussi

Autres articles qui pourraient vous intéresser