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En 2020, production mondiale de vin inférieure à la moyenne, en cause la pandémie et…

Que pensez de cette production mondiale de vin en 2020 ? Ce ne sont encore que les premières estimations* disponibles depuis fin octobre. Elles ont été présentées au siège de l’OIV (Organisation Internationale de la vigne et du vin), à Paris par Pau Roca, son directeur général. Elles pointent une production inférieure à la moyenne pour la deuxième année consécutive après il est vrai une production exceptionnellement élevée en 2018.

* Estimations fondées sur les informations collectées auprès de 30 pays, représentant 84 % de la production mondiale de vin en 2019.

Pau Roca directeur général de l’OIV lors de la web conférence le 27 octobre 2020 sur les premières estimations de la production de vin 2020.

2020, une production mondiale estimée à 258 millions d’hl

Que pensez de ce chiffre qui le rapproche de la production de 2019 (+1 %) ? Après une production exceptionnellement élevée en 2018, les premières estimations pour 2020 montrent un volume de production pouvant être qualifié d’inferieur à la moyenne pour la deuxième année consécutive. Est-ce une mauvaise nouvelle ? Sans doute pas, compte‑tenu du contexte actuel, où les tensions géopolitiques, le changement climatique et la pandémie de la Covid‑19 créent une grande volatilité et une forte incertitude sur le marché mondial du vin.

I/Hémisphère nord

Dans l’hémisphère nord, la récolte s’est déroulée normalement entre août et octobre ; des vendanges 2020 qui n’ont pas été très affectées par les mesures de confinement mises en place pour lutter contre la pandémie de la Covid‑19.

1/Union européenne : + 5 % par rapport à 2019

Pour l’Union européenne (UE), les bonnes conditions climatiques ont favorisé une récolte 2020 potentiellement élevée. La production a cependant été limitée par certaines mesures prises, aussi bien au niveau des gouvernements que des associations de producteurs*. Il fallait en effet modérer les effets négatifs (directs et indirects) de la pandémie de la Covid-19 sur le marché mondial du vin.

*Il faut savoir que l’Organisation commune du marché vitivinicole de l’UE accorde des subventions destinées à réguler les volumes, telles que des aides pour les vendanges en vert. En outre, dans certaines régions italiennes, françaises et espagnoles, les producteurs de vin ont décidé de fixer les volumes vinifiés à des niveaux inférieurs à ceux de 2019 en raison de la chute de la demande sur le marché mondial du vin.

Une production en hausse mais très hétérogène

Le volume de production est estimé cette année à 159,0 millions d’hl (hors jus et moûts) dans l’UE, soit environ 5 % de plus qu’en 2019. Ce volume montre une progression annuelle de 7 millions d’hl par rapport à 2019. Mais la situation est bien plus hétérogène que lors des années précédentes. Ainsi, pour les trois principaux pays producteurs et par rapport à 2019, on assiste à une baisse de 1 % en Italie (47,2 millions d’hl), une légère augmentation de 4 % en France (43,9 millions d’hl) et une forte progression de plus de 11 % en Espagne (37,5 millions d’hl). A eux trois, ils représentent 49 % de la production mondiale de vin et 81 % de celle de l’UE.

Vendanges réduites en Champagne (ici de pinot meunier à Charly en vallée de la Marne). Un rendement maximum limité à 8 000 kg/ha contre 1 200 kg/ha en 2019 (Photo Champagne Gratiot-Pillière)

Pour les autres pays producteurs de vin de l’UE

Une croissance positive par rapport à 2019 est également enregistrée dans d’autres pays producteurs majeurs de l’UE :

  • Allemagne (8,9 millions d’hl, +8 %/2019)
  • Hongrie (2,9 millions d’hl, +22 %/2019)  
  • Autriche (2,7 millions d’hl, +10 %/2019).

Ces niveaux de production sont comparables, voire supérieurs à leurs dernières moyennes quinquennales. Enfin, pour les autres pays :

  • Portugal (6,5 millions d’hl en 2020), production égale à 2019
  • Roumanie (3,6 millions hl -7 %/2019)
  • Grèce (2 millions d’hl -2 %/2019)

2/Hémisphère nord hors UE

En 2020, une production élevée dans deux pays :

  • Russie (4,7 millions d’hl, +2 %/2019)    
  • Ukraine (1,0 millions d’hl, +1 %/2019).

Mais une situation différente due à la sécheresse en :

  • Géorgie 1,7 million d’hl (−3 %/2019)
  • Moldavie 1,2 million d’hl (−18 %/2019)

Suisse : situation plus préoccupante : 2020 (0,9 million d’hl) chiffre inférieur à celui de l’année dernière (−10 %/2019), mais également à la moyenne observée sur la dernière période de cinq ans (−8 %).

Etats-Unis, la conséquence des incendies

Etats-Unis : les premières estimations se situent à 24,7 millions d’hl (+1 %/2019). Ces chiffres pourraient être révisés de manière significative dans les prochains mois. Quels seront en effet l’impact des incendies de Napa et de Sonoma et notamment des contaminations issues des fumées ? Rendront-ils une partie des raisins impropres à la vinification ? Autre sujet d’incertitude, l’excédent de l’offre qui caractérise la production de ces dernières années.

Chine : à ce stade de l’année, aucune donnée n’est disponible sur les vendanges en Chine. Il est cependant probable que la production de vin poursuive le recul initié en 2016 pour les raisons structurelles signalées dans la Note de conjoncture du secteur vitivinicole de l’OIV parue en avril 2020. Et que dire des effets négatifs entrainés en 2020 par la pandémie de la Covid-19 ?

La Chine le déclin ?

En 2019, la Chine indiquait une production vinifiée estimée de 8,3 millions d’hl, une diminution de 10 % par rapport au niveau de production déjà relativement faible de 2018. Il s’agit d’un déclin prononcé pour la troisième année consécutive, ce qui semblerait indiquer que le développement futur du secteur vinicole chinois pourrait être plus incertain qu’attendu. Cette tendance négative peut s’expliquer par l’existence de problèmes structurels (conditions climatiques difficiles, contraintes technologiques et faible productivité). Tous ces facteurs rendent la filière vinicole chinoise moins compétitive par rapport à un approvisionnement en vins importés hautement diversifié soutenu par des politiques commerciales favorables promues par les autorités chinoises.

II/Hémisphère sud

Une production estimée à 49 millions d’hl (−8 % par rapport à 2019)

Dans l’hémisphère sud, où les vendanges se sont achevées au premier trimestre de 2020, les chiffres préliminaires concernant la production de vin tendent à être plus précis et fiables à cette époque de l’année. En termes de volumes, un déclin prononcé de la production de vin est enregistré dans les principaux pays producteurs, avec quelques exceptions. Il convient de signaler que la pandémie de la Covid-19 s’est propagée pendant la saison de récolte, même si cette difficulté ne semble pas avoir beaucoup influencé les volumes de production. Cependant, en raison de conditions climatiques défavorables, la production 2020 est estimé à 49 millions d’hl (-8% par rapport à 2019).

L’Amérique du Sud est la région de l’hémisphère sud qui enregistre la baisse la plus prononcée par rapport au niveau de production de 2019.

Argentine : la production de vin chute de manière significative en 2020, pour atteindre 10,8 millions d’hl (−17 %/2019), et cela en raison de conditions climatiques défavorables causées par El Niño.  

Chili : avec 10,3 millions d’hl, le Chili enregistre une baisse de 13 % par rapport à 2019, principalement du fait de la sécheresse.

Ces deux pays montrent des niveaux de production qui sont bien en dessous de leur moyenne quinquennale, avec respectivement ‑13 % et ‑10%.

Brésil : la production de vin au Brésil est estimée à 2,2 millions d’hl, un niveau comparable à celui de l’année précédente et 15 % inférieur à celui de sa moyenne sur cinq ans.

Afrique du Sud : ici, la sécheresse a affecté significativement les récoltes en 2018 et 2019. Pour 2020, la production est estimée à 10,4 millions d’hl, marquant, retour donc à la normalité.

Australie : cette île-continent enregistre un déclin prononcé de son volume de production en 2020 avec 10,6 millions d’hl (−11 %/2019 et −16 % par rapport à sa dernière moyenne quinquennale). Ne pas oublier que la sécheresse a réduit les rendements et que les incendies géants (du jamais vu !) se sont tenus pendant la campagne de vendange (une partie des raisins ayant été contaminée par les fumées.

Nouvelle-Zélande : production inversement proportionnelle à celle de l’Australie avec pour la quatrième fois de son histoire plus de 3 millions d’hl. En 2020, la production se montant à 3,3 millions d’hl en 2020 (+11 %/2019 et +15 % par rapport à sa dernière moyenne sur cinq ans).

L’OIV est une organisation intergouvernementale de nature scientifique et technique de compétence reconnue pour son travail concernant les vignes, le vin, les boissons à base de vin, les raisins de table, les raisins secs et autres produits à base de vigne. Il est composé de 47 membres.

 Les vignoble du domaine Bousquet en Argentine, vallée de Uco dans le Tupungato à Mendoza face à la Cordillère des Andes. L’Argentine connaît en 2020 une chute de production estimée à -17 % par rapport à 2019 en raison de conditions climatiques défavorables causées par El Niño. (Photo FC)

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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