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Château Margaux (Margaux, Médoc)

Château Margaux, ce Premier Cru mythique inaugurait en 2015 son nouveau chai signé Lord Norman Foster et célébrait le bicentenaire architectural du Château. En venant de Bordeaux par la D2 et après avoir laissé La Lagune et Cantemerle, on entre dans la zone d’appellation par Giscours, qui ouvre la route des crus classés jusqu’à Palmer et Margaux. Le château est à l’est de la commune de Margaux.

 

Château Margaux
Château Margaux au bout de sa majestueuse allée (Photo FC)

Château Margaux, le Versailles du Médoc

Le château Margaux*, construit dans les années 1802-1810, avec son portique à colonnes, apparaît au bout d’une allée de platanes. Ce château, à la sobriété austère de style néoclassique d’inspiration palladienne est un véritable mythe. Un châ­teau à vigne a-ton pu dire !  Voyez les magnifiques piè­ces d’eau qui agrémentent le parc ! Elles furent creusées pour permettre de drainer les vignes. Du même architecte Emile Combes qui conçut le château, un chai rythmé par dix-huit colonnes, véritable cathédrale du vin avec son cuvier et sa  tonnellerie ; une orangerie ; le pavillon de l’intendant ; une cour des artisans (Bordeaux était alors à une journée de diligence) et la rue du village avec ses maisons destinées au personnel. En tout, le domaine couvre 262 ha dont 80 ha plantés en vignes rouges et 11 ha en vignes blanches. 5 ha sont en attente de plantation (rotation des parcelles). Les sols sont constitués par des graves günziennes, mêlées d’argile par endroit, et par des zones plus calcaires dans les parties basses du vignoble. Sur les parcelles réservées au rouge, on retrouve du cabernet sauvignon (75 %), du merlot (20 %), du cabernet franc et du petit verdot (5 %). La fermentation s’opère en cuves de chêne, suivie par un éle­vage de 18 à 24 mois en barriques neuves (le collage se fait au blanc d’œuf).

*Monument historique depuis 1946.

Château Margaux
Le cabernet sauvignon sur le terroir de château Margaux représente 75 % de l’encépagement. Un sol de graves, argilo-calcaire (Photo FC)

chateau-margaux-2000-grandissime-millesimeChâteau Margaux, 120 000 bouteilles du grand vin par an

La production annuelle du grand vin tourne autour de 120 000 à 150 000 bouteilles. Lors de ces derniers millésimes, la sélection des raisins s’est accrue entraînant de ce fait une production qui a presque été divisée par 2. Ainsi, seuls, pour le millésime 2015, 35 % de la récolte totale ont été retenus pour élaborer le grand vin. Depuis 2011, il a été mis en place un système de sécurité par code à bulles apposé sur la capsule permettant à quiconque possédant une bouteille de Château Margaux de garantir son authenticité.

  • Second vin, Pavillon Rouge du château Margaux. Il est l’un des plus anciens seconds vins puisqu’il est produit (par lesjeunes vignes) depuis le millésime 1908. C’est un des anciens propriétaires du château Margaux, le comte Frédéric Pillet-Will qui, à cause d’un millésime ravagé par le phylloxéra a eu l’idée de créer un second vin. Sa production est aujourd’hui d’environ 200 000 bouteilles d’une qualité à la hau­teur de son sublissime grand frère.
  • Troisième vin : Margaux de Château Margaux. Il a été lancé en 2013 sur le millésime 2009.
  • Pavillon Blanc du Château Margaux.  A noter les 12 ha de vignes blanches (sau­vignon blanc) que le château consacre à un vin sec portant le nom de Pavillon Blanc du Château Margaux. Il fut créé en 1977. Une rareté dans le Médoc ! Il s’en produit 20 000 bouteilles par ans vendues en AOC Bordeaux, mais quel Bordeaux ! L’un des tout meilleurs vins blancs secs de Bordeaux.

Un régisseur qui révolutionna la viticulture au XVIIIe siècle

Il faut remonter au XIIe siècle pour trouver les premières mentions du domaine sous le nom de La Mothe de Margaux qui évoque une de ces croupes de terrain, dépôts alluvionnaires formés par la Gironde. A la fin du XVIIe siècle, Château Margaux occupe 265 hectares, surface dont il ne s’écartera plus ; un tiers du domaine est consacré à la vigne, comme c’est le cas encore aujourd’hui C’était l’époque où la Hollande et l’Angleterre buvaient du claret dont le domaine s’était fait une spécialité. La réputation du château Margaux au début du XVIIIe siècle est l’œuvre d’un homme exceptionnel, le sieur Berlon,  régisseur du domaine à l’origine d’innovations qui vont révolutionner la vigne. Il est le premier à vinifier séparément les raisins rouges et les raisins blancs, dont les ceps étaient à l’époque plantés en mélange dans les vignes ; il exige que les raisins ne soient pas vendangés aux premières heures, « parce que les raisins sont couverts de rosée, et que s’ils sont cueillis le matin, leur couleur sera diluée et pâlie par l’excès d’humidité ». Enfin Berlon comprend  l’importance des sols dont il connaît déjà les meilleures parcelles.

Thomas Jefferson : Margaux en première place 

Tous ses efforts vont propulser les vins du château au plus haut niveau. Pour preuve, en 1705, le London Gazette annonce la première enchère des grands crus de Bordeaux : 230 barriques de « Margose » ! Le millésime 1771 est le premier « claret » à apparaître dans un catalogue Christie’s jusqu’au Premier ministre anglais, Robert Walpole qui passe commande de 4 fûts de Margaux par trimestre, qu’il oublie d’ailleurs souvent de régler.  La renommée des «premiers crus» va aussi franchir l’Atlantique. Thomas Jefferson, ambassadeur des Etats-Unis en France en sera le principal promoteur. Il est l’auteur d’une première hiérarchisation des meilleurs vins de Bordeaux avec château Margau (sic!) en première place. N’écrit-il pas lors de sa commande de Margaux 1784  « qu’il ne peut y avoir une meilleure bouteille de Bordeaux »

Un Grec à Margaux !

Corinne et André Mentzelopoulos son père devant château Margaux en 1980
Corinne et André Mentzelopoulos son père devant château Margaux en 1980

Près de deux siècles plus tard, en 1977, Pierre et Bernard Ginestet après une série de millésimes désastreux et invendables (72-73-74) décident de vendre château Margaux à André Mentzelopoulos. Le monde du vin est alors médusé. Un Grec dans le Médoc ? Cet homme né en 1915 à Patras est parti très tôt faire fortune à l’étranger. Il acquiert, en 1958, la société Félix Potin, maison fondée en 1844 et qui possède 80 épiceries de quartier. Il fait de cette société une importante maison de distribution dotée d’un prestigieux patrimoine immobilier. Son action sera spectaculaire; 1/dans le vignoble : drainage, replantations… 2/dans les chais, sous la supervision de l’œnologue Emile Peynaud, avec la réintroduction du Pavillon Rouge et l’augmentation considérable de la sélection, l’élevage en barriques neuves, le premier grand chai enterré de la région, la redéfinition du Pavillon Blanc… 3/dans le château et ses dépendances.

La Dame de Margaux

A sa mort en 1980, sa fille, Corinne Mentzelopoulos,  relève le défi. Après une licence de Lettres Classiques et le diplôme de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Sciences-po), elle a débuté comme chef de produits à l’agence Havas. Rien pourtant dans sa formation ne l’avait préparée au vin mais elle se passionne très vite pour Margaux. En 1990, la famille Agnelli prend une participation majoritaire dans le capital (75 %) avant de revendre ses parts en 2003 (sans doute l’une des plus grosses transactions jamais réalisée dans l’histoire du vin de Bordeaux). Corinne Mentzelopoulos est aujourd’hui l’unique actionnaire du domaine. Preuve éclatante de sa réussite !

Voir l’article que consacre dico-du-vin.com à Corinne Mentzelopoulos

Philippe Bascaule
Philippe Bascaules nommé par Corinne Mentzelopoulos, directeur général de château Margaux  (Photo du Château)

Philippe Bascaules, nommé directeur général

C’est en quelque sorte un retour au bercail pour Philippe Bascaules ingénieur agronome qui de 1990 à 2011, sous la houlette de Paul Pontallier avait été directeur d’exploitation du château. Mais l’appel du large le conduisit pendant 5 ans aux côtés du réalisateur américain, Francis Ford Coppola (Le Parrain, d’Apocalypse Now…). Grand amateur de vin, Coppola avait fait l’acquisition depuis 1975 dans la Napa Valley, en Californie, de parcelles du célèbre domaine Inglenook (Rutherford), dont il racheta l’appellation. Son objectif fut de produire avec Philippe Bascaules, directeur général du domaine et vigneron de génie, les meilleurs vins du « Nouveau Monde » (tout au moins aux Etats-Unis !). A  partir de mars 2017, de retour à Margaux, Philippe Bascaules nommé directeur général du Château par Corinne Mentzelopoulos, s’appuiera sur l’expérience d’Aurélien Valance, diplômé d’HEC, directeur général adjoint et présent au Château depuis 15 ans, et de Sébastien Vergne, agronome et œnologue, promu récemment directeur d’exploitation.

Sébastien Vergne, nouveau directeur technique

Après le départ de Thomas Dô Chi Nam, Paul Pontallier nommait en 2015 Sébastien Vergne, 37 ans, directeur technique de Margaux*. Sébastien Vergne a suivi (comme Paul Pontallier d’ailleurs) les cours de viticulture et d’œnologie à SupAgro Montpellier. Son stage de 9 mois qu’il effectua au Château Cheval Blanc, le mit en contact de  Kees Van Leeuwen, spécialiste des sols de Saint-Emilion et ingénieur agronome, en charge du vignoble et de Pierre-Olivier Clouet, directeur technique du Château.

*Les vinifications sont suivies par l’oenologue Eric Boissenot.

In memoriam : Paul Pontallier, une perte immense !

Paul Pntallier
Paul Pontallier était depuis 1990 le Directeur général de Château Margaux. On a dit qu’il en était le magicien.

Paul Pontallier Directeur Général de château Margaux est mort le 28  mars 2016 à l’âge de 59 ans alors que les ventes en primeurs allaient débuter (millésime 2015) au château. C’était son 33e millésime. Ainsi s’achevait une longue collaboration avec Corinne Mentzelopoulos. Elle l’avait nommé en 1990, directeur général de Château Margaux au départ à la retraite de Philippe Barré. La longueur de ce partenariat est unique parmi les Premiers Grands Crus. La totale confiance, voire cette complicité qu’il nouèrent ensemble fut exemplaire pour la gouvernance de château Margaux. Toutes ces années furent une quête de l’excellence et la volonté commune  de mieux exprimer le grand terroir de Margaux sans pour autant renoncer aux nouvelles technologies.

Un avenir nommé Alexandra

De son premier mariage avec Pierre Petit, Corinne a deux enfants, Nathalie née en 1982 et Alexandra en 1985. Nathalie qui vit à Londres montre peu d’intérêt pour château Margaux. En attendant la décision d’Alexis né en 1993 d’un second mariage avec Hubert Leven, c’est donc Alexandra, la troisième génération des Mentzelopoulos à Margaux à s’impliquer dans la gestion du château. On lui doit  le troisième vin du château, Margaux de Château Margaux* dont le début de la commercialisation date de 2013 pour un millésime 2009.

*Alexandra fut soutenue dans ce lancement par Aurélien Valance, le directeur commercial arrivé à Margaux en 2006.

Un nouveau chai signé Norman Foster inauguré en 2015

En 2009 Corinne Mentzelopoulos décidait de confier au célèbre architecte britannique Lord Norman Foster (l’architecte du viaduc de Millau) la conception d’un nouveau chai dans le prolongement des anciens. Il est le seul bâtiment neuf visible de l’extérieur donnant une incroyable impression de se fondre dans cette architecture bicentenaire ; même toiture traditionnelle mais reposant sur une structure métallique contemporaine et présence de larges baies vitrées faisant entrer toute la technologie du XXIe siècle.

Nouveau chai du Château Margaux
Nouveau chai du Château Margaux conçu par l’architecte britannique Norman Foster et inauguré en 2015 (Photo Designboom)

Chai, vinothèque et salle de dégustation

Le nouveau chai se divise en 3 parties, l’une rassemble une quarantaine de cuves servant à la fois à la fermentation des raisins rouges et blancs. Leurs petites tailles aident à une meilleure sélection parcellaire. Une autre est le chai à barriques destiné à la vinification et à l’élevage du vin blanc (le Pavillon Blanc du Château Margaux) avec maîtrise des températures à chaque barrique. Au centre, comme un symbole, le centre de Recherche et de Développement crée par Paul Pontallier sans oublier la surprenante vinothèque souterraine, sous les vignes permettant de stocker dans des conditions idéales tous ces précieux millésimes dont beaucoup portent l’empreinte de Paul Pontallier. Cette vinothèque souterraine à 2 m sous le sol, est d’une capacité de 200 000 bouteilles (allant de 1848 à 2013) entreposées dans une salle de 70 m de longueur, 8 m de largeur et autant en hauteur aux murs latéraux couverts d’alcôves pour les recevoir. L’inauguration de cet ensemble exceptionnel eut lieu en juin 2015, l’année du bicentenaire architectural du Château. Et, il n’y a pas de coïncidence, 2015 est un très grand millésime !

Le domaine n’avait pas connu de tel chantier depuis 200 ans ! Un projet qu’André Mentzelopoulos eut approuvé assurément ! N’avait-il pas lui même dessiné les plans d’un nouveau chai souterrain achevé en 1982 ?

Château Margaux fait l’actualité

Château Margaux
Château Margaux a reçu le titre de vin du millésime 2015 (Photo Millesima)

Château Margaux reçoit le titre de vin du millésime 2015

C’est sans doute un ultime hommage à Paul Pontallier, ce 33e Château Margaux s’est vu attribuer le titre de vin du millésime 2015 par le site Liv-ex* (bourse d’échange en ligne britannique spécialisée dans la spéculation et la vente des vins). Ce classement annuel établi après enquête auprès de 440 professionnels du vin du monde entier qui ont placé (les 2/3 d’entre eux) selon 5 critères Château Margaux en tête des vins du millésime 2015 dégustés en primeur. Derrière, on trouve Haut Brion, Cheval Blanc, Petrus, Vieux Château Certan, Ausone, Lafleur, Palmer, Mission Haut Brion et en dixième position, Lafite Rothschild.

Un Château Margaux 1900,  vendu $ 61 250 à New York

Cette vente aux enchères organisée par Sotheby’s Wine, à New York en octobre 2015, était pour la première fois entièrement dédiée à Château Margaux. Elle proposait 239 lots pour une estimation de $ 1,4 millions (la vente a en fait rapporté le double). Etaient proposés des millésimes rarissimes et exceptionnels : 1900, 1929, 1945, 1953, 1961, 1982 et 1990.  Un balthazar de Château Margaux 2009 s’est vendu à près de 100 000 dollars (90 000 €).

Le clou de la vente fut une bouteille de Château Margaux 1900, millésime légendaire qui a atteint un record, $ 61 250 soit 55 105 €, six fois son estimation basse !

Château Margaux millésime 1900
Château Margaux millésime 1900, une qualité légendaire qu’on retrouve un siècle plus tard dans le millésime 2000.

Les très grands millésimes de Château Margaux

Pour dresser le tableau des meilleurs millésimes, faudrait- il évoquer  ces années mythiques que furent pour château Margaux 1870, 1900, 1928, 1937, 1945, 1953, 1961, 1983, 1986, 1988, 1989, 1990, 1995, 1996, 2000 (le plus grand parmi les grands), 2003, 2005, 2009, 2010 des bouteilles qui portent comme un blason,  une des plus prestigieuses étiquettes du monde.  A part quelques changements mineurs dus aux mentions légales, l’étiquette est restée remarquablement stable depuis la fin du XIXe siècle. Une sobriété, une élégance  en parfaite symbiose avec un vin qui a tout de l’exceptionnel ! Hemingway (entre autres) en était un grand amateur, sans doute la raison pour laquelle sa petite fille se prénomma Margaux (1954-1996).

Margaux
Au milieu des vignes, l’église de Margaux à deux pas du château (Photo FC)

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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