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Médoc (le Médoc) Bordeaux

Médoc (le) Bordeaux : Médoc, in medio aquae, disaient les Romains de cette terre « au milieu des eaux », située entre la Gironde, le plus grand estuaire d’Europe et l’Océan. On y pénètre en quittant Bordeaux après avoir franchi la Jalle de Blanquefort. Les 100 km qui suivent traversent, de Margaux à Saint-Estèphe, les plus prestigieux villages du vignoble français. Au-delà et jusqu’à la pointe de Grave, s’étendent les paysages du Bas-Médoc coupés de ruisseaux, de marais et de landes.

Une presqu’île à vignes bordée par 80 km de plages

Les vignes, dispersées en essaims, occupent une étroite bande de terre, côté Gironde, pour ne pas démentir un vieux dicton médocain qui veut que le vin soit meilleur quand la vigne voit la rivière. Chaque parcelle, minutieusement cadastrée, correspond à un sol déterminé, qu’il soit légèrement surélevé dans le secteur de Margaux ou formé de ces fameuses croupes graveleuses vers Pauillac et Saint-Estèphe. Toutes les meilleures vignes occupent sommets et pentes qui dominent l’estuaire, là où l’enracinement des plants (jusqu’à 7 m) peut atteindre la nappe phréatique. Sans doute serez-vous surpris d’y rencontrer encore quelques somptueux rosiers plantés au début de certains rangs de vigne. Pour faire joli, sans doute! Mais la raison en est tout autre. Ils servent d’alarme. Les rosiers étant touchés avant la vigne par la maladie, ils préviennent ainsi le vigneron qu’il est temps de traiter. L’histoire du Médoc commence au XVIe siècle, après l’assèchement des terres. Un voyageur John Locke, qui visita la région en 1677  décrivait des sols maigres et de bonnes pentes,de faibles fumures et de vielles vignes.

Des croupes gravelo-sableuses

Le climat convient parfaitement à la vigne ; dunes et pinèdes protègent les vignobles des gelées printanières. Le sous-sol, constitué de nappes alluviales déposées par les glaciers au quaternaire, forme des croupes gravelo-sableuses dont les cailloux, en grand nombre, restituent pendant la nuit la chaleur accumulée durant le jour (idéal pour le cabernet sauvignon, que l’on taille bas). Si les vins (le Médoc ne produit que des vins rouges) sont plutôt féminins, un brin plus élé­gants vers Margaux, ils ont tendance à se corser, à prendre plus de plénitude au fur et à mesure que l’on atteint Saint-Estèphe. En général, les Médoc acquièrent en vieillissant un bouquet puissant. Ce sont des vins équilibrés, charnus, ronds, qui se distinguent des Saint-Emilion par leur finesse. Ces qualités sont celles qu’ils tirent de leurs cépages et du plus noble d’entre eux, le cabernet sauvignon.

le royaume du cabernet sauvignon

16 500 ha en production, le Médoc (16 % des bordeaux rouges) est exploité directement par quelques 1533 vignerons. Qu’il s’agisse des heureux propriétaires de l’un des 60 crus classés (1855), qu’ils fassent partie de la famille des crus bourgeois, de celle des crus artisans ou qu’ils soient viticulteurs-coopérateurs, ils partagent en commun la fierté d’appartenir à l’une des plus belles terres à vigne que la nature ait donnée à l’homme. Ici, très peu de propriétés moyennes. Les grands domaines caractéristiques du Médoc, allant de 30 à 50 ha (et quelquefois plus), côtoient de petites propriétés inférieures à 5 ha. Enfin, évoquer le Médoc sans parler de sa confrérie serait un oubli. La Commanderie du Bontemps créée en 1949, et rejointe par le vignoble des Graves en 1959, a pris le nom de cette coupelle de bois dans laquelle le maître de chai bat les œufs destinés à coller et à clarifier le vin. Elle rassemble les vignerons, les courtiers et les négociants pour fêter les trois temps forts de l’année, la Saint-Vincent (en janvier), le fête de la Fleur (de la vigne) fin juin et, en septembre, la proclamation du ban des vendanges (qui a perdu tout aspect autoritaire).

  • Le cabernet sauvignon ossature des grands médocs est le cépage noble par excellence  Il représente 52 % de l’encépagement du Médoc et va jusqu’à 80 % dans les meilleurs crus. C’est un cépage relativement tardif. Pour qu’il exprime tout son potentiel qualitatif, il doit être réservé aux meilleurs sols qui hâtent sa maturité. Sa production est modérée mais assez régulière Plus le pourcentage est élevé, plus le vin sera dur dans sa jeunesse, signe d’une propension à bien vieillir. Château Latour et Château Mouton Rothschild en sont les meilleurs exemples, puisqu’ils ne s’affinent vraiment qu’après quinze à vingt ans en bouteilles. Il est connu pour produire ici des vins aromatiques, dominés par les fruits noirs(cassis) lorsque les vins sont jeunes. En vieillissant, ils peuvent atteindre une incomparable complexité, avec une palette aromatique où sont présentes des notes de cacao et de menthe.
  • Le merlot est le cépage indispensable et complémentaire du cabernet sauvignon.Il lui arrive souvent d’occuper jusqu’au tiers des surfaces plantées.Sa plus grande précocité (de deux semaines environ) lui permet d’atteindre tous les ans une bonne maturité, même en année fraîche, quand celle du cabernet sauvignon est difficile à obtenir. N’aurait-il qu’un défaut, sa trop grande générosité qu’il faut absolument maîtriser pour qu’il exprime toutes ses qualités. Jeune, ses arômes sont dominées par des fruits rouges et noirs pour évoluer vers des notes de fruits confits, de cuir et de fourrure Il est à noter que l’évolution d’un merlot est un peu plus rapide que celle d’un cabernet sauvignon.
  • Le cabernet franc est le troisième cépage du Médoc. Il faut dire que ses terres de prédilection sont plutôt en face dans le Libournais (Saint-Emilion, Pomerol…). Sa précocité se situe entre celle du merlot et celle du cabernet sauvignon. Dotée d’un grand potentiel de finesse, on lui reproche parfois sa légèreté.
  • Le petit verdot cépage difficile à cultiver et exigeant est peu planté alors qu’il peut être d’un grand secours lors de certains millésimes. Il est tardif, ce qui explique que son vin ne soit pas réussi tous les ans mais, quel atout dans le contexte du réchauffement climatique actuel. Il faut s’attendre ici, dans le Médoc à une augmentation de ses surfaces au cours des années à venir. Enfin, lorsqu’il est réussi, le petit verdot donne un vin très complet et pourrait presque se suffire à lui seul.

Ces trois derniers cépages viennent ici contrebalancer la dureté du cabernet sauvignon. Si le cabernet franc (10 %) apporte la finesse de son bouquet, le merlot (34 %), quant à lui, contribue à la grandeur des Médoc en donnant souplesse, arôme et alcool. Autres cépages autorisés : le carmenère, et le cot (ou malbec).

Le Médoc en chiffres

Le Médoc produit bon an mal an 85 millions de bouteilles provenant de ses huit appellations sur 16 500 ha : appellations communales  (Moulis, Listrac, Margaux, Saint Julien, Pauillac, Saint-Estèphe) et  appellations régionales  (Médoc et Haut-Médoc). Ces deux dernières, appelées régionales par différenciation avec les  communales représentent à elles seules les deux tiers de la production totale du Médoc. En affinant les chiffres, on peut établir (chiffres 2010) la répartition suivante :

–         Les crus classés (1855) : 22% des volumes,

–         les crus bourgeois : 20%,

–         les coopératives : 12%,

–         les crus artisans :  2%.

Avec 1400 étiquettes de châteaux et de marques au total, le Médoc assure 16% de la commercialisation des Bordeaux. Les vins du Médoc sont vendus pour 60% en France, et le reste à l’export. L’Europe du nord achète la moitié des vins expédiés à l’étranger.

Les 8 appellations du Médoc

deux appellations régionales

  • Médoc : 5330 ha (33 % du vignoble Médocain)
  • Haut-Médoc : 4600 ha (25,5 %)

six communales

  • Saint-Estèphe : 1250 ha (8 %)
  • Pauillac : 1200 ha (7,5 %)
  • Saint-Julien : 910 ha (6 %)
  • Moulis-en-Médoc : 600 ha (3,5 %)
  • Listrac-Médoc : 690 ha (4,5 %)
  • Margaux : 1410 ha (9 %)

Le Classement de 1855 (révisé une seule fois)

La classification officielle des vins de Bordeaux 1855 est la référence établie à l’époque sur la demande de l’empereur Napoléon III pour l’exposition universelle de Paris de 1855. Ce classement, établi selon la notoriété des Crus et le prix des transactions, reflète leur valeur marchande. Il est le point d’aboutissement d’une réalité du marché et d’une évolution existante depuis plus d’un siècle. Il a été revu une seule fois en 1973, avec la promotion de Château Mouton-Rothschild au rang de 1er Grand Cru Classé. Il compte 1 Cru des Graves (Château Haut-Brion) et 60 Crus du Médoc qui se répartissent de la façon suivante :

premiers crus

  • Château LAFITE-ROTHSCHILD – Pauillac
  • Château LATOUR – Pauillac
  • Château MARGAUX – Margaux
  • Château MOUTON ROTHSCHILD – Pauillac
  • Château HAUT-BRION – Pessac

seconds crus

  • Château RAUZAN-SÉGLA – Margaux
  • Château RAUZAN-GASSIES – Margaux
  • Château LÉOVILLE LAS CASES – Saint-Julien
  • Château LÉOVILLE-POYFERRÉ – Saint-Julien
  • Château LÉOVILLE BARTON – Saint-Julien
  • Château DURFORT-VIVENS – Margaux
  • Château GRUAUD LAROSE – Saint-Julien
  • Château LASCOMBES – Margaux .
  • Château BRANE-CANTENAC – Margaux
  • Château PICHON-LONGUEVILLE – Pauillac
  • Château PICHON LONGUEVILLE COMTESSE de LALANDE – Pauillac
  • Château DUCRU-BEAUCAILLOU – Saint-Julien
  • Château COS d’ESTOURNEL – Saint-Estèphe
  • Château MONTROSE – Saint-Estèphe

troisièmes crus

  • Château KIRWAN – Margaux
  • Château d’ISSAN – Margaux
  • Château LAGRANGE – Saint-Julien
  • Château LANGOA BARTON – Saint-Julien
  • Château GISCOURS – Margaux
  • Château MALESCOT SAINT-EXUPÉRY – Margaux
  • Château BOYD-CANTENAC – Margaux
  • Château CANTENAC BROWN – Margaux
  • Château PALMER – Margaux
  • Château LA LAGUNE – Haut-Médoc
  • Château DESMIRAIL – Margaux
  • Château CALON-SÉGUR – Saint-Estèphe
  • Château FERRIÈRE – Margaux
  • Château MARQUIS d’ALESME – Margaux

quatrièmes crus

  • Château SAINT-PIERRE – Saint-Julien
  • Château TALBOT – Saint-Julien
  • Château BRANAIRE-DUCRU – Saint-Julien
  • Château DUHART-MILON – Pauillac
  • Château POUGET – Margaux
  • Château LA TOUR CARNET – Haut-Médoc
  • Château LAFON-ROCHET – Saint-Estèphe
  • Château BEYCHEVELLE – Saint-Julien
  • Château PRIEURÉ-LICHINE – Margaux
  • Château MARQUIS de TERME – Margaux

cinquièmes crus

  • Château PONTET-CANET – Pauillac
  • Château BATAILLEY – Pauillac
  • Château HAUT-BATAILLEY – Pauillac
  • Château GRAND-PUY-LACOSTE – Pauillac
  • Château GRAND-PUY DUCASSE – Pauillac
  • Château LYNCH-BAGES – Pauillac
  • Château LYNCH-MOUSSAS – Pauillac
  • Château DAUZAC – Margaux
  • Château d’ARMAILHAC – Pauillac
  • Château du TERTRE – Margaux
  • Château HAUT-BAGES LIBÉRAL – Pauillac
  • Château PÉDESCLAUX – Pauillac
  • Château BELGRAVE – Haut-Médoc
  • Château de CAMENSAC – Haut-Médoc
  • Château COS LABORY – Saint-Estèphe
  • Château CLERC MILON – Pauillac
  • Château CROIZET-BAGES – Pauillac
  • Château CANTEMERLE – Haut-Médoc

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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