Recevez les articles de Dico-du-Vin.com

Pas de SPAM, pas de revente d’adresses !

Primeur (vente en primeur) Bordeaux

Vente en primeur : d’abord il convient de ne pas confondre les ventes de vins primeurs et les ventes de vins en primeur. Les ventes de vins primeurs concernent notamment des vins AOC (voir le Beaujolais) ou des vins de pays/IGP (indication géographique protégée), récoltés depuis peu de temps, et qui ne peuvent être mis en vente qu’à compter du troisième jeudi de novembre ou du troisième jeudi d’octobre suivant la récolte. Rien à voir avec la vente en primeur !

La vente en primeur

Il s’agit d’une tradition typique de la région bordelaise. Elle est réalisée au printemps suivant la récolte et s’effectue entre les propriétaires et les négociants de la place par l’intermédiaire des courtiers bordelais. Le rôle de ces derniers est d’assurer les négociations entre la production et les acheteurs, c’est-à-dire les négociants. Ils doivent non seulement avoir une grande connaissance des vins mais également entretenir des relations étroites avec les producteurs.

Les meilleurs crus de Bordeaux

Ce type de vente est réservée aux meilleurs crus de Bordeaux, objets de toutes les spéculations. Il est bon de savoir que les négociants*, par l’intermédiaire des courtiers, procèdent à l’achat de près de 90 % des grands crus. Cet achat est matérialisé par un bordereau de courtage. Après cette transaction, le vin demeure sous la responsabilité du vendeur, qui le conserve et l’élève à la propriété jusqu’à la mise en bouteilles, environ 18 mois plus tard. Ainsi, les vins du millésime 2011, vendus en primeur en 2012, seront livrés à partir du premier semestre 2014, au moment de leur mise en bouteille, après règlement de la TVA.

*A Bordeaux, cette profession compte près de 300 intervenants, du petit négociant-distributeur qui se contente d’acheter et de revendre des vins mis en bouteilles dans les châteaux, aux grosses entreprises associant la distribution à une activité de négociant éleveur.

Au moins 2 avantages à acheter en primeur 

  1. Pouvoir bénéficier de tarifs très avantageux par rapport aux prix qui seront pratiqués deux ans plus tard. Ainsi, peut-on s’attendre à une économie d’environ 10 à 30% selon les châteaux. Mais attention aux déconvenues ! Et notamment à des prix qui pourraient être plus intéressants dans les linéaires des grandes surfaces lors des foires aux vins. Quant aux domaines viticoles, ils profitent d’une avance de trésorerie considérable.
  2. Avoir l’assurance de réserver les crus que l’on recherche, surtout lorsqu’il s’agit de grands vins de châteaux d’un millésime convoité qui s’annonce prometteur et de grande garde.

Quels sont  les risques ?

Ce qui est acheté n’existe pas encore. C’est donc le risque principal. Dans l’absolu, tout peut être à craindre. En attendant sa livraison, le consommateur peut constater que son vendeur a fait faillite, soit pire qu’il n’a en fait jamais acheté le vin sur le marché et qu’il se retrouve dans l’incapacité de livrer la marchandise. Il faut savoir qu’en cas de liquidation, un client primeur sera créancier chirographaire (en droit français, c’est un créancier simple, c’est-à-dire ne disposant d’aucune sureté particulière). Il est alors peu probable qu’il puisse retrouver un jour son investissement.

Sur dix ans, une bonne affaire !

Jean-Christophe Estève, dégustateur bordelais renommé, fondateur et président du club de vente de vin par correspondance Sovinat constatait en 2011 que sur 10 ans, l’achat en primeur est finalement une bonne affaire. Ainsi note-t-il en prenant quelques exemples des évolutions de tarifs conséquentes (millésime 2008) :

  • Château Talbot (Saint-Julien) : 28,50 € en primeur à 44€ en 2011 ;
  • Château Giscours (Margaux) : 30€ à 45€ ;
  • Château Calon Ségur (Saint-Estèphe) : 32,50€ à 70€ ;
  • Château Beychevelle (Saint-Julien) : 29,50 € à 85€ ;
  • Château Brane-Cantenac (Margaux) : 28,50 à 50€ ;
  • Château Haut-Bailly (Pessac-Léognan) : 46 € à 73€.

Et quelques cotes pour rêver : Ausone 2008 (Saint-Émilion), vendu en primeur à 480 €, atteint 1 500 € ; Château Margaux est passé de 178 € à 780 € ; Château Latour (Pauillac) : de 168 € à 1 230 € ; Petrus (Pomerol) : de 295 € à 2 400 €. Enfin, un record d’après Jean-Christophe Estève : Carruades de Lafite, second vin de Château Lafite (Pauillac) a vu son prix multiplié par dix en deux ans, de 54,50 € à 530 € sous l’effet chinois, Lafite, un mot magique pour eux ! Avis donc aux amateurs.

Jean-Christophe Estève précisait au journal Sud-Ouest que le millésime 2008 avait été proposé par les châteaux à des tarifs plus sages que les millésimes 2006 ou 2007. La flambée des prix que l’on constate actuellement s’expliquerait aussi par  l’engouement des chinois pour les grands crus de Bordeaux. Source Journal Sud-Ouest.

2012, château Latour et château d’Yquem font défection

Coup de tonnerre dans le bordelais ! Château-Latour, un des cinq premiers grands crus classés 1855 du Médoc, propriété du milliardaire François Pinault (groupe PPR), a décidé de quitter le système unique à Bordeaux de vente en primeur. A partir du millésime 2012, nos vins seront mis en marché au moment où nous estimerons qu’ils sont prêts à boire, et non plus comme ces dernières années en primeur précise son directeur, Frédéric Engerer, dans une lettre envoyée aux professionnels. Comment ne pas le comprendre quand on sait l’énorme marge qui lui échappe. Ainsi, un Château Latour 2008 vendu en primeur 150 € la bouteille atteint aujourd’hui 800 €. Ce système qui a été mis en place dans les années 1970 pour aider les propriétés à vendre leur vin près de deux ans avant leur mise sur le marché a vu en effet les prix dues à la spéculation s’envoler entre la vente en primeur et le prix du marché. Même défection du château d’Yquem au main de Bernard Arnault patron de LVMH. Son directeur Pierre Lurton estime que les attentes et la qualité du millésime ne nous semblent pas en adéquation avec le contexte délicat de la campagne 2011 et s’il y a bien un cru qui sait que le temps joue en sa faveur, c’est bien le Château d’Yquem… C’est pourquoi il nous parait plus sage de décaler cette sortie à une période plus propice, pour que celle-ci soit à hauteur de ce millésime. Le millésime 2011 fait l’unanimité chez les critiques. Il serait, selon eux, certainement le meilleur millésime de la décennie. Ainsi, une importante baisse des prix n’étant pas légitime, Pierre Lurton a décidé de repousser la sortie du millésime.

Semaine des dégustations, grand messe ou fashion week !

Des séances dégustations, sorte de grands messes réservées aux professionnels ont lieu chaque année, généralement début avril. Les acheteurs de vins venus du monde entier se pressent à Bordeaux pour aller déguster les échantillons prélevés sur fûts. Ils étaient 8000 en 2011, des professionnels de près de 70 pays représentant près de 40 % des visiteurs. Les dégustations sont coordonnées par le CIVB. Quelques châteaux sont chargés d’accueillir pour le compte de leur appellation les clients acheteurs. On déguste mais surtout on note et on vit dans l’angoisse, dans la fébrilité et le buzz médiatique de ces notes : celles des revues spécialisées comme La Revue du Vin de France, le Wine Advocate de Robert Parker, le Wine Spectator, Le Point, etc. Leurs notes seront déterminantes tant sur la formation des prix (annoncés fin juin) que sur la demande. Un vin noté au dessus de 90 par Parker pourra bénéficier d’une côte plus élevée avec une demande souvent plus forte. Grosso-modo ces ventes approchent la somme astronomique du milliard d’euros.

Les dégustations primeurs du millésime 2011 à Bordeaux (début avril 2012)

Une semaine qui se déroule comme une fashion week où il convient d’être partout et avoir le flair pour des vins dont les stocks sont loin d’être inépuisables !

Voici en gros là où il faut être :

  • Dégustation Bordeaux et Bordeaux Supérieur Primeurs
  • Semaine des Primeurs de l’Union des Grands Crus de Bordeaux (UGCB). En 2011, les vins des 132 membres de l’UGCB étaient regroupés dans sept châteaux.
  • Dégustation Sweet Bordeaux (les liquoreux)
  • Dégustation Syndicat Viticole des Graves
  • Dégustation Association de Grands Crus Classés de Saint-Emilion
  • Dégustation Lalande de Pomerol
  • Dégustation Groupement de Premiers Grands Crus Classés de Saint-Emilion
  • Dégustation Biodyvin
  • Dégustation des hors classement
  • Dégustation Collection d’Oenoconseil
  • Dégustation des Vins  de Michel et Dany Rolland ainsi que ceux vinifiés en association avec François Lurton
  • Dégustation Vins Bernard Magrez
  • Dégustation Hubert de Boüard.

Des ventes aussi en primeur en Bourgogne et dans les Côtes du Rhône

Ce grand mouvement des ventes en primeur qui fait la réputation et la fortune des producteurs bordelais, se répand maintenant dans les Côtes du Rhône (Châteauneuf-du-Pape) et en Bourgogne. Créé par Albert Bichot en 2009, le site www.hospices-beaune.com propose aux amateurs du monde entier d’acheter en ligne, le jour de la célèbre vente (troisième dimanche de novembre) les vins du domaine des Hospices de Beaune. Il faut savoir qu’Albert Bichot, maison familiale de Bourgogne fondée en 1831, est depuis 15 ans, le premier acheteur aux Hospices de Beaune. On peut ainsi depuis 2009, guidés par Jean-David Camus, en quelques clics acheter en primeur les vins des Hospices de Beaune.

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

Table des matières

Voir aussi

Nos derniers articles

Voir aussi

Autres articles qui pourraient vous intéresser