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Saint-Emilion (la Jurade de Saint-Emilion) Bordeaux

Saint-Emilion (Bordeaux) : l’inventaire de cette petite cité mondialement connue et classée au patrimoine mondial par l’Unesco en 1999 est impressionnant. Il s’agit en effet d’un paysage exceptionnel, entièrement consacré à la viticulture, dont les villes et villages comptent de nombreux monuments historiques. C’est un exemple remarquable d’un paysage viticole historique qui a survécu intact.

5 % des vins rouge du bordelais

Aux confins de la Gironde et de la Dordogne, Saint-Emilion, à 35 km à l’est de Bordeaux, symbolise à elle seule quelque trois cents crus, répartis sur 5500 ha* dont 3500 en grands crus, un véritable record comparé aux  soixante crus du Médoc sur une surface double. Actuellement, les vignobles de Saint-Emilion produisent annuellement en moyenne 250 000 hl de vin exclusivement rouge, soit 5 % des vins AOC rouges de tout le Bordelais.

*Pour les appellations Saint-Emilion et Saint-Emilion Grands Crus.

Un merlot dominant

Les vins sont issus de quatre cépages. Les deux cabernets, franc et sauvignon (respectivement 30 et 10 % de l’encépagement), sont les compléments traditionnels du merlot (60 %) qui domine le vignoble à Saint-Emilion. Ils sont reconnus pour apporter au vin une élégance et une grande persistance aromatique. Le petit verdot, lui, n’occupe que quelques rangs. C’est un cépage tardif et très fragile, potentiellement riche en couleur et tanins. Le malbec, dénommé aussi pressac, est également très minoritaire, mais beaucoup plus présent que le petit verdot.

Une mosaïque de parcelles

Le vignobles est ici une mosaïque de parcelles trouvant ses racines dans les structures foncières et économiques dont l’origine remonte souvent à la fin du Moyen Âge. L’expression de colline aux mille châteaux correspond  à une certaine réalité puisque les deux appellations Saint-Emilion et Saint-Emilion Grand Cru représentent plus de 800 viticulteurs déclarants. Les vignes sont littéralement aux portes de la ville. Elles occupent les coteaux escarpés qui s’étagent jusqu’à la plaine des Graves avant d’atteindre les sables de la Dordogne. D’un coté, le Saint-Emilionnais offre ses vins de coteaux; de l’autre, ses vins de plaine, des vins qui se caractérisent par leur rondeur et leur fraîcheur. D’une vigne à l’autre, la vigne puise sa sève dans des sols argilo-calcaire, sableux, limoneux, graveleux, qui ne se ressemblent guère. S’ils se révèlent accessibles très tôt, ces vins exigent pour certains grands millésimes, un long vieillissement permettant au bouquet de s’exprimer dans toute sa complexité.

La plus vieille cité viticole de France

On dit de Saint-Emilion, ville de 2194 habitants (arrondissement de Libourne) dont 750 vignerons que c’est la plus vieille cité viticole de France. Lui fallait-il cela pour la rendre plus touristique encore, si l’on compte déjà ses remparts du XIIIe siècle, la collégiale et la surprenante église monolithe creusée dans 25 m de calcaire (la plus vaste d’Europe)? Ajoutez-y le cloître des Cordeliers, le château du Roy et les catacombes utilisés comme caves.

La villa d’Ausone, entre la Gaffelière et Saint-Georges

Le poète latin Ausone se retira ici au IVe siècle, lorsqu’il cessa ses activités publiques. Il y avait sa villa gallo-romaine. Des travaux archéologiques  font du site du Palat le lieu le plus plausible de sa résidence. En 1969, au cours de travaux agricoles, des débris de mosaïques antiques furent mis à jour au lieu-dit Moulin du Palat. Tout porte à croire qu’il s’agissait là de sa villa. Elle était située entre château la Gaffelière et château Saint-Georges (Côte de Pavie). Il vivait alors au milieu des vignes qui d’après la légende, arrivèrent dans les bagages des légions romaines. L’occupation romaine avait commencé dès la création par Auguste de la province d’Aquitania en 27 av. J.-C.  les légions romaines furent alors employées pour déboiser la forêt de Cumbris  nom primitif de Saint-Emilion. Les premières vignes y furent planté en greffant des cépages phocéens sur la Vitis biturica qui poussait naturellement dans cette région (l’ancêtre du cabernet).

Un ermite sur la route de Saint-Jacques de Compostelle

Si la ville s’est vouée très tôt au culte de l’un des tout premiers vins rouges du monde, elle célèbre aussi son patron, Saint Emilion, qui s’y arrêta alors qu’il était en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle. En fait il s’installa à Ascumbas, l’ancien nom de Saint-Emilion et y aménagea une église dans le roc. Très vite sa réputation attira autour de lui une petite communauté religieuse. Après sa mort en 787, ses disciples creuseront au dessus du sanctuaire initial la fameuse église monolithe que l’on visite toujours aujourd’hui.

Statut de Jurade

Le statut particulier de juridiction lui a été accordé au cours de la période du gouvernement anglais au XIIe siècle. Elle fut conférée par Jean Sans Terre (fils d’Aliénor d’Aquitaine) lors de la signature de la Charte de la Falaise qui déléguait des pouvoirs économiques, politiques et judiciaires, à des notables et des magistrats pour la gestion et l’administration générale de la cité. En contre-partie, s’établirent des échanges très actifs des vins de Saint-Emilion vers l’Angleterre à partir de Libourne.

Reconstituée en 1948 après sa suppression à la Révolution, la Jurade continue à célébrer tous les grands moments de la vigne et du vin. Depuis 2008, elle est également l’ambassadrice des appellations Lussac Saint-Emilion et Puisseguin Saint-Emilion. Chaque année, elle proclame le  Jugement du Vin Nouveau  et le Ban des Vendanges. Elle organise de nombreuses dégustations et cérémonies d’intronisation pour la gloire et la prospérité du vin de Saint-Emilion. Plusieurs chancelleries ont été créées à l’étranger : à Londres et York en Angleterre, en Flandres et en Wallonie pour la Belgique, au Texas pour le continent nord-américain. Si les vins de Saint-Emilion sont mondialement connus aujourd’hui, c’est sans conteste grâce au formidable travail de promotion de cette Jurade qui a permis de faire connaître ses vins, aussi bien en France qu’à l’étranger.

Premier syndicat viticole

Saint-Émilion s’est distingué des autres régions vinicoles du Bordelais en suscitant différentes innovations, comme la fondation du premier syndicat vinicole, en 1884, et la création de la première cave coopérative de Gironde, en 1932*. Ainsi, des vignerons se sont regroupés pour créer le premier syndicat viticole de France à l’initiative des deux Appellations d’Origine Contrôlée : Saint-Émilion et Saint-Émilion Grand Cru. Il instaure un classement permettant aux vins d’AOC Saint-Émilion Grand Cru d’être distingués au titre de Grand Cru Classé, 1er Grand Cru Classé B ou 1er Grand Cru Classé A. Ce classement est révisé tous les 10 ans. La révision du dernier classement (2006) a donné lieu à de nombreuses polémiques et d’actions en justice. Il a finalement été remis en cause et annulé en 2008. On a décidé de conserver l’ensemble des vins de 1996 et d’ajouter les nouveaux classés de 2006. Il sera entièrement refondu en 2012.

* Les six viticulteurs du début ont été rejoints depuis par 164 récoltants soit 750 ha de vignes sur les appellations Saint-Emilion et Saint-Emilion Grand cru et 38 000 hl de récoltes par an (4,6 millions de bouteilles).

Les quatre appellations de Saint-Emilion

L’ensemble du vignoble de Saint-Emilion s’étend sur près de 8000 ha, avec une production annuelle moyenne de 35 300hl. Il est composé des appellations :

  • Saint-Emilion,
  • Saint-Emilion Grand Cru,
  • Lussac Saint-Emilion,
  • Puisseguin Saint-Emilion.

Les châteaux des appellations Saint-Emilion et Saint-Emilion Grand Cru

(Liste non exhaustive des principaux châteaux)

  • Ambe Tour Pourret
  • Angélus
  • Arnaud de Jacquemeau
  • Ausone
  • Balestard La Tonnelle
  • Beaurang
  • Belle Assise Coureau
  • Bernateau
  • Cadet Bon
  • Cadet Pontet
  • Canon
  • Cantenac
  • Cardinal Villemaurine
  • Carteau Cotes Daugay
  • Carteau Matras
  • Champion
  • Chante Alouette
  • Cheval Blanc
  • Clos Des Menuts
  • Clos Des Prince
  • Clos Fourtet
  • Clos La Madeleine
  • Clos Rol de Fombrauge
  • Corbin
  • Corbin Michotte
  • Coutet
  • De Ferrand
  • De la Cour
  • De Lescours
  • De Pressac
  • Des Laudes
  • Faugères
  • Figeac
  • Fombrauge
  • Fonplégade
  • Fonrazade
  • Fonroque
  • Franc Mayne
  • Franc Pourret
  • Gaillard
  • Grand Corbin Despagne
  • Guadet
  • Gueyrosse
  • Haut Lavallade
  • Haut Sarpe
  • Haut Veyrac
  • Haut Villet
  • Jean Faure
  • La Clotte
  • La Couspaude
  • La Croix Chantecaille
  • La Dominique
  • La Fagnouse
  • La Fleur d’arthus
  • La Fleur d’horus
  • La Fleur Picon
  • La Gaffelière
  • La Garelle
  • La Rose Brisson
  • La Rose Cotes Rol
  • La Rose Monturon
  • La Tour du Pin Figeac
  • Laniote
  • Laplagnotte Bellevue
  • Larmande
  • Laroque
  • Laroze
  • Lavallade
  • Le Chatelet
  • Le Prieuré
  • Maine Reynaud
  • Mangot
  • Mauvezin
  • Mauvinon
  • Monlot
  • Moulin de Lagnet
  • Pas de l’ane
  • Patarabet
  • Piganeau
  • Pindefleurs
  • Pipeau
  • Puy-Razac
  • Quercy
  • Ripeau
  • Robin
  • Rozier
  • Saint Esprit
  • Saint Georges Côte Pavie
  • Soutard
  • Toinet Fombrauge
  • Tonneret
  • Tour Grand Faurie
  • Tour Saint Pierre
  • Trapaud
  • Union de Producteurs
  • Vieille Tour La Rose
  • Vieux Larmande
  • Villemaurine

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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