Saint-Pierre (château Saint-Pierre) Quatrième Cru (1855), appellation Saint-Julien (Médoc, Bordeaux) vin rouge : c’est en 1982 que château Saint-Pierre, morcelé et dispersé au fil des héritages successifs, a retrouvé ses dimensions d’origine et le nom qu’il portait autrefois. Cette année là en effet, Henri Martin, beau-père de l’actuel propriétaire, Jean-Louis Triaud (et aussi président des Girondins de Bordeaux) qui avait acheté auparavant la demeure puis les chais, a fait l’acquisition du vignoble. C’était la dernière pièce du puzzle pour reconstituer la propriété historique de Saint-Pierre.
La renaissance sous le signe de la famille Martin
Cette propriété de taille modeste, 17 ha, moins connue que ses prestigieux voisins bénéficie d’un beau terroir de graves garonnaises günziennes, au sous-sol de graves. Le château est représenté par une élégante bâtisse, dans la pure tradition médocaine qui trône au milieu des vignes, à l’entrée de St Julien de Beychevelle. L’encépagement est constitué par des vignes relativement anciennes (moyenne d’âge 50 ans) à 70 % cabernet sauvignon, 20 % merlot et 10 % cabernet franc. Une sélection sévère est réalisée au chai et seulement 60 % environ du volume est utilisé, le reste étant vendu au négoce. La vinification est élaborée dans les chais du Château Gloria (100 m séparent les deux châteaux, tous les deux propriétés de la famille Martin) sous la conduite technique de Rémi di Constanzo. L’élevage de 14 mois environ se fait à 50% en barriques neuves.
La production annuelle est d’environ 60 000 bouteilles.
Un seul nom classé mais deux exploitations distinctes
L’histoire viticole de ce domaine, l’un des plus anciens du Médoc, remonte au XVIe siècle. Dès 1693, les archives attestent de l’existence d’une propriété vinicole, appelé Serançan, appartenant au marquis de Cheverry. En 1767, le baron de Saint-Pierre acquiert le domaine et, selon l’usage de l’époque, lui donne son nom. En 1832, suite à divers héritages, la propriété est partagée. Une partie recevait la moitié du vignoble, les chais et le château ; le reste des vignes allant à l’autre partie déjà propriétaire de la Tour-Carnet. Lors du classement de 1855, les deux moitiés du domaines sont classés Quatrième Cru bien que leurs exploitations étaient totalement distinctes. En 1892, deux noms apparaissent alors : Saint-Pierre-Bontemps-Dubarry et Saint-Pierre-Sevaistre. Dans les année 1920, un négociant anversois, Van den Bussche, réunit les deux domaines à l’exception des chais achetés par Alfred Martin qui recherchait de la place pour entreposer ses barriques.
Une seule et même étiquette
En 1981, c’est la demeure du château Saint-Pierre qu’Henri Martin, le fils d’Alfred achète, séduit par le site et l’espace qui lui permettront de construire un chai. Enfin, en 1982, ultime étape, l’achat du vignoble aux héritiers Van den Bussche. Ainsi, après avoir fait naître le Château Gloria qui s’étend en partie sur les communes de Saint-Julien-Beychevelle, Cussac et Saint-Laurent, Henri Martin (tonnelier comme son père) a redonné vie et intégrité au Château Saint-Pierre, en rassemblant le vignoble (situé au cœur de la commune de Beychevelle), la demeure et le chai. Il réussissait ce tour de force à reconstituer à quelques ares près, dans son cadastre d’autrefois, le domaine de Saint-Pierre.