En 15 ans, le vignoble languedocien n’est plus le même. Il a été chamboulé par une véritable révolution. Elle s’est opérée par l’AOP Languedoc née dans le sillon des Coteaux du Languedoc. Non content de les supplanter, l’AOP Languedoc s’est taillé un empire. Il s’étend aujourd’hui des portes de Nîmes jusqu’à Collioure. Il couvre le vignoble de toutes les aires d’appellations contrôlées du Languedoc et du Roussillon. Une position qui lui confère une position dominante avec 10 000 ha de vignes en appellation AOP du Languedoc couvrant 531 communes sur 4 départements (l’Hérault, le Gard, l’Aude et les Pyrénées Orientales). De plus, depuis 2022, l’appellation a modifié son cahier des charges avec 3 mesures agro-environnementales en lien avec le terroir. Ainsi, l’AOP Languedoc permet la plantation de cépages complémentaires historiques de variétés autochtones (piquepoul noir ou œillade) et même étrangères (le sicilien, nero d’Avola, l’italien, montepulciano ou le grec, assyrtiko).
AOP Languedoc, 1ère appellation en volume des AOP du Languedoc
Les chiffres sont à l’avenant. 250 000 hl (près de 34 millions de bouteilles), soit 25 % de la production. L’AOP Languedoc est aujourd’hui, la 1ère appellation en volume des AOP du Languedoc. Depuis près de 10 ans, l’AOP Languedoc a vu émerger la reconnaissance de 4 appellations : 2013 : Picpoul de Pinet ; 2014 : Terrasses du Larzac ; 2015 : La Clape et en 2017 : Pic Saint-Loup. D’autres AOP sont en devenir dans les 5 prochaines années : Grès de Montpellier (Hérault), Pézenas (Hérault), Sommières (Gard), Saint-Christol (Hérault), Quatourze (Aude), Saint-Saturnin (Hérault), Montpeyroux (Hérault), Saint-Georges-d’Orques (Hérault), La Méjanelle (Gard), Cabrières (Hérault), Saint-Drézéry (Hérault).
Les rosés, moteur de la croissance de l’AOP Languedoc
Les rosés produits en AOP Languedoc représentent les deux tiers des volumes de l’ensemble des appellations (les vins rouge 35 % et les vins blancs 10 %). Avec une production de rosés qui ne cesse de croître et des ventes qui augmentent à l’export, le rosé est devenu le moteur de la croissance de l’AOP Languedoc. En 9 ans, les volumes exportés ont progressé de + 125 %. Aujourd’hui, cette couleur représente la moitié des ventes de l’AOP Languedoc à l’export soit l’équivalent de 11,5 millions de cols. Résultat, le rosé, fer de lance de l’AOP Languedoc, crée une dynamique dont profite le rouge et le blanc.
Languedoc, une AOP premium qui reste accessible
En 15 ans, l’AOP Languedoc s’est valorisée en France comme à l’international. Elle s’est positionnée au cœur du marché premium mais accessible. Des prix qui permettent de retrouver une bouteille entre 5 € et 7 € en grande distribution, de 8 € à 15 € à la vente au caveau. Les sites d’e-Commerce proposant des vins autour de 15 €. Quant aux cavistes, leur offre tourne autour de 10 € et 20 € pour les rosés et de 15 € à 20 € pour les rouges.
A noter que l’AOP Languedoc fait partie du top 10 des appellations les plus représentées chez les cavistes, avec les Côtes du Rhône, Sancerre ou Châteauneuf-du-Pape.
AOP Languedoc, 45 % de la production exportée
L’appellation Languedoc s’exporte plus que la moyenne des AOP du Languedoc (45 % contre 39 %). Les Etats-Unis représentent le premier marché de l’appellation Languedoc. A lui seul, il absorbe 30 % des exportations, tirées par les rosés, loin devant la Chine (15 à 17 % des exportations), le Canada et la Belgique (à 10 %) et un trio autour de 5-7% composé du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la Suisse.
Climat, eau, biodiversité : les 3 grands défis de l’AOP Languedoc
Aujourd’hui, 30 % des vignerons sont engagés dans des démarches environnementales comme l’agroforesterie, la biodiversité… dont 15 % en bio.
Face à l’évolution du climat, à la raréfaction des ressources en eau, à la diminution des rendements et à l’hétérogénéité des récoltes, l’AOP Languedoc place l’agro-environnement au cœur de ses priorités. « Il nous faut tout changer de nos pratiques culturales si nous voulons assurer la pérennité de notre vignoble, contribuer à la valorisation économique de notre appellation et consolider la confiance des consommateurs à l’égard de nos vins » insiste Jean-Benoît Cavalier, président du syndicat de l’AOP Languedoc et vigneron lui-même au château de Lascaux en Pic Saint-Loup.
Les 3 mesures pour préserver l’eau
En 2022, le syndicat de l’AOP Languedoc modifiait son cahier des charges en introduisant 3 mesures agro-environnementales pour préserver l’eau : interdiction du paillage plastique, du désherbage chimique des tournières et limitation du désherbage de l’inter rang. Un seul but, une meilleure pénétration de l’eau dans les sols avec augmentation de sa capacité de rétention en améliorant la qualité de l’eau souterraine et de ruissellement.
Introduction de cépages plus résistants
Le cahier des charges de l’appellation vient d’introduire des cépages plus résistants, des variétés autochtones (piquepoul noir, œillade noir) et une série de cépages siciliens (Nero d’Avola), italien (Montepulciano) et grec (Assyrtiko). Des pieds de vignes plus résistants, c’est évidemment moins de chimie, de soufre, de cuivre utilisé pour lutter contre les maladies. Des cépages qui ont été expérimentés pendant 3 ans dans le vignoble. Ils sont aujourd’hui prêts à être introduits dans les assemblages.
Assyrtiko, très grand cépage venu de Santorin (Grèce) (dico-du-vin.com)