Recevez les articles de Dico-du-Vin.com

Pas de SPAM, pas de revente d’adresses !

Merlot (cépage noir)

Merlot (cépage noir) : « ses grappes — dit-on de lui— sont ailées, d’un noir velouté et composées de raisins qui se tiennent assez serrés ». Son nom (merlau à l’origine attesté comme cépage noir en 1783) lui a été donné parce que les merles s’attaquent de préférence à ses raisins qui mûrissent d’assez bonne heure.

Un père illustre : le cabernet franc !
Une mère : une parfaite inconnue !

Scientifiquement parlant, ses origines sont maintenant connues. Grâce aux analyses génétiques, son père avait été identifié depuis longtemps, il s’agit du célèbre cabernet franc. Quant à sa mère, il fallut attendre 2010 pour la connaître. Il s’agit d’une parfaite inconnue, la magdeleine noire des Charentes : un cépage oublié et redécouvert en Charente grâce au Conservatoire du vignoble charentais et à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Et, pendant qu’on y était, il lui fut également attribué, la maternité (!) par croisements du merlot blanc, du guignard de saintours, du mourtès, du côt, de l’abouriou et du plant dubosc. Une belle descendance qui se retrouve aujourd’hui largement répandue dans tout le sud-ouest !

Près de 250 ans de conquête

C’est seulement à la fin du XVIIIe siècle que l’on note l’apparition du Merlot dans la région de Bordeaux. Ce nouveau cépage y a trouvé des conditions climatiques et de culture idéales. Bordeaux est en effet la limite nord de sa zone de production. Ici peut-il exprimer au maximum tout son potentiel de richesse et de complexité. Comme les sols froids avec plus d’argile (car elle conservent suffisamment d’humidité pendant l’été) lui conviennent mieux, il va d’abord conquérir des zones plus éloignées de l’Océan Atlantique. C’est la partie est du Bordelais, dans la région de Pomerol, Saint-Émilion et ses satellites, Fronsac, Canon-Fronsac, qui l’accueille en premier. Il s’y implante massivement et en devient le cépage dominant. Son caractère chaleureux et aimable a donc servi à façonner le style de ces vins.

Dans le Médoc, le merlot a été utilisé en simple complément du cabernet sauvignon. De nos jours, de nombreuses propriétés augmentent les proportions de son encépagement pour offrir des vins capables d’être dégustés plus jeunes.

C’est ainsi que le merlot, le plus jeune des cépage bordelais, est-devenu en près de 250 ans une star pour ses qualités de couleur, de rondeur et de fruité.

Ses atouts, ses faiblesses

Le merlot est un cépage sensible à la coulure (empêche la fécondation), à la pourriture grise, au mildiou et aux cicadelles. Il bourgeonne tôt ce qui le rend sensible aux gelées printanières. Il mûrit donc avant le Cabernet-Sauvignon et pour cette raison il est utilisé par la très grande majorité des châteaux bordelais. Il est le complément idéal du très charpenté Cabernet Sauvignon et du très fin Cabernet Franc. Il donne de la souplesse, de la rondeur et de la générosité au vin, qui devient plus charnu et fruité. Ceux à dominante de merlot peuvent également très bien vieillir mais sont généralement prêts à boire plus tôt que ceux dont la proportion en Cabernet-Sauvignon est très élevée. C’est surtout à Pomerol que le merlot joue un rôle prépondérant (jusqu’à 95% de l’assemblage), mais on le rencontre dans le Médoc (jusqu’à 50%), dans les Graves (20-40%) et à Saint-Emilion (jusqu’à 90%).

Une exceptionnelle palette aromatique

Ses petites baies noires dotent le vin de profondes robes grenat, denses et soutenues ; des vins aux tannins élégants qui ont beaucoup de rondeur avec une exceptionnelle palette aromatique : fruits mûrs, fruits rouges (fraise et framboise), truffe, pruneau, violette, épices douces, cuir, sous-bois, cassis, prune. évoluant selon le vieillissement. Nul doute, c’est un cépage élégant au caractère féminin.

L’un des plus grands cépages du monde

En France, le merlot est le troisième cépage noir derrière le grenache et le carignan et le plus répandu dans le bordelais. On le retrouve également dans le Languedoc-Roussillon dans la production de vins rouges ou rosés. Son succès dépasse largement les frontières de Bordeaux : l’Italie, la Suisse, plusieurs pays de l’Europe de l’Est : Croatie, Slovénie, Russie, Hongrie et désormais les pays du Nouveau Monde (Californie, Nouvelle Zélande, Afrique du Sud) où il « cartonne » depuis une dizaine d’années.

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

Table des matières

Voir aussi

Nos derniers articles

Voir aussi

Autres articles qui pourraient vous intéresser