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Dépérissement de la vigne, comment lutter ?

Le dépérissement de la vigne touche aujourd’hui 10 % du vignoble. 10 % donc qui est improductif ! Le dépérissement qui est dû en très grande partie aux maladies du bois (Esca, Excoriose, Black Dead Arm…) est responsable d’une perte de rendement annuelle de 4,6 hl/ha. Sachant que la France représente 10 % de la surface mondiale de vigne, qu’elle produit 16 % du vin de la planète (3,7 milliards de litres) et qu’elle est le 1er exportateur de vin en valeur dans le monde, on comprend mieux l’énorme gâchis économique que ce fléau peut engendrer (un manque à gagner annuel de l’ordre de 1 milliard d’€).

Dépérissement du vignoble. On voit ici un cep mort qui a été touché par l'esca (Panzoult, Chinon) Photo FC
Dépérissement du vignoble. On voit ici un cep mort qui a été touché par l‘esca (Panzoult, Chinon) Photo FC

Dépérissement, plus de 60 causes dénombrées 

A côté des maladies du bois, on dénombre plus de 60 causes qui peuvent être à l’origine de ce dépérissement dont la sécheresse (stress hydrique), le changement climatique, une taille défectueuse, la flavescence dorée, le court-noué, le pourridié et les différentes agressions biologiques par des champignons mais aussi par des bactéries, des phytoplasmes (agent pathogène de la flavescence dorée), des virus, des ravageurs, des maladies non infectieuses. On met également en cause la mauvaise qualité du matériel à greffer sachant qu’il faut aujourd’hui greffer en moyenne deux plants pour en obtenir un (Comment peut-on alors améliorer le taux de reprise ?). En revanche, on connaît moins les effets du sol et encore moins, le véritable impact du climat, de la physiologie de la plante ou même des effets induits par les normes des cahiers des charges.

Dépérissement de la vigne. Une coupe transversale d'un cep présentant des symptômes foliaires d'esca. On voit la présence d'amadou ; le bois particulièrement dégradé présente une « pourriture » blanche, dont la teinte peut être aussi jaune voire marron très clair. (Photo FC)
Dépérissement de la vigne. Une coupe transversale d’un cep présentant des symptômes foliaires d’esca. On voit la présence d’amadou ; le bois particulièrement dégradé présente une « pourriture » blanche, dont la teinte peut être aussi jaune voire marron très clair. (Photo FC)

En 10 ans, c’est la moitié de la production de vin qui disparaît

Pour être plus concret, au bout de 10 ans, c’est la moitié de la production qui disparaît affectant les quelques 558 000 personnes qui travaillent dans la filière (le 2e secteur d’exportation français avec 8,7 milliards d’euros, derrière l’aéronautique). Enfin, sans exception, cette perte touche, presque dans les mêmes proportions, l’ensemble des 66 départements viticoles du pays.

Le plan national dépérissement du vignoble

Prenant conscience de ce drame économique, la filière viticole représentée par le CNIV, qui regroupe l’ensemble des interprofessions viticoles françaises*, a engagé un Plan National Dépérissement du Vignoble avec le soutien de FranceAgriMer et du Ministère de l’Agriculture ; un plan doté d’un budget de 10,5 millions d’€ investis sur 3 ans de 2017 à 2019 qui traduit la volonté d’agir à tous les niveaux, de la production du plant de vigne (issu des pépiniéristes viticoles) à la commercialisation.

*Chambres d’agriculture, Institut Français de la Vigne et du Vin, filière pépinière, Inra, Universités, Etat.

Comment sensibiliser les vignerons ?

Anastasia Rocque, conseillère à la Chambre d'Agriculture d'Indre-et-Loire, à Panzoult (Chinon) devant un plant de vigne cureté (Photo FC)
Anastasia Rocque, conseillère à la Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire, à Panzoult (Chinon) devant un plant de vigne cureté (Photo FC)

Ainsi, à titre d’exemples, le programme prévoit une sensibilisation des vignerons à ces sujets :

  • Les nouvelles techniquesde lutte contre les maladies du bois (taille respectueuse des flux de sève, curetage, regreffage, recépage, endothérapie*…) ;
  • La qualité du matériel végétal avec une production des plants (pré-multiplication) rénové et sécurisé ;
  • Une sélection massale (plutôt que clonale) et les engrais verts (avoine, seigle, radis, trèfle, moutarde, lin…) pour favoriser la fertilité des sols dans les méthodes de lutte ;
  • Une meilleure compréhension de la durée de vie d’une parcelle en présence de maladies du bois ;
  • Que faire sur une parcelle qui dépérit (arracher, replanter, complanter, recéper ?) ;
  • Mieux comprendre la tolérance des cépages aux maladies du bois ;
  • Pourquoi le vignoble connaît aujourd’hui de si bas rendements, phénomène qui touche la quasi-totalité des régions ; des baisses régulières de rendement et de vigueur sont constatées, ainsi qu’une moindre disponibilité en ressources hydriques et minérales ;
  • L’utilisation de drones pour contenir la pression de maladies comme la flavescence dorée

*L’endothérapie est l’injection directement dans le tronc de produits phytosanitaires, d’activateur de défense des plantes ou de fertilisants.

Une des technique contre les maladies du bois, le recépage
Une des techniques contre les maladies du bois, le recépage

Un programme de recherche contre le dépérissement 

On peut synthétiser aujourd’hui les efforts consentis par ce plan autour de 3 axes principaux auxquels se greffent 5 nouveaux programmes* de recherche sélectionnés à l’issue de l’appel à projets lancé en décembre 2017. Un même objectif : apporter aux vignerons des solutions techniques, scientifiques et humaines.

*Les 5 nouveaux programmes sont à découvrir sur : https://www.plan-deperissement-vigne.fr/

Les 3 axes majeurs du plan :

  • Les interactions entre la plante et le sol pour mieux comprendre le lien entre santé de la vigne et qualité des sols ;
  • Les leviers socio­-économiques nécessaires à l’accompagnement du changement de pratiques viticoles à l’échelle de l’exploitation (contraintes économiques et organisationnelles) ;
  • Le transfert de connaissances, notamment en matière de lutte contre la maladie.
Renaud le père et Boris Desbourdes, le fils (à droite) du domaine de la Marinière à Panzoult (Chinon), un domaine de 15 ha de vigne dont 13,5 ha de cabernet franc (Chinon rouge) et 1,5 ha de chenin blanc (Chinon blanc), un domaine certifié en bio à partir de 2018. Boris Desbourdes fait partie du programme MIVigne (Mobilisation et Innovation Vigneronne) qui est piloté par les Chambres d'agriculture, ce projet a pour objectif central de remettre les viticulteurs et vignerons au coeur de la lutte contre les dépérissements : pour ma part dit-il, dans ce réseau, j'aimerais travailler sur le retour en production de jeunes ceps complantés. Sur mon exploitation j'observe une entrée en production très longue des com plants. S'agit-il d'une concurrence racinaire entre le jeune plant et les pieds ? Je pense plutôt à une concurrence pour la lumière, les pieds établis, faisant de l'ombre aux jeunes plants. Grâce au réseau, j'aimerais tester cette hypothèse (Photo FC)
Renaud le père et Boris Desbourdes, le fils (à droite) du domaine de la Marinière à Panzoult (Chinon), un domaine de 15 ha de vigne dont 13,5 ha de cabernet franc (Chinon rouge) et 1,5 ha de chenin blanc (Chinon blanc), un domaine certifié en bio à partir de 2018 (Photo FC)
Boris Desbourdes fait partie du programme MIVigne (Mobilisation et Innovation Vigneronne) qui est piloté par les Chambres d’agriculture. Ce projet a pour objectif central de remettre les viticulteurs et vignerons au coeur de la lutte contre les dépérissements : pour ma part dit Boris Desbourdes, dans ce réseau, j’aimerais travailler sur le retour en production de jeunes ceps complantés. Sur mon exploitation j’observe une entrée en production très longue des com plants. S’agit-il d’une concurrence racinaire entre le jeune plant et les pieds ? Je pense plutôt à une concurrence pour la lumière, les pieds établis, faisant de l’ombre aux jeunes plants. Grâce au réseau, j’aimerais tester cette hypothèse.

3 régions pilotes et 200 vignerons engagés

Côté humain, le Plan dépérissement a permis la création de 29 réseaux de viticulteurs acteurs dans 3 régions pilotes : Val de Loire, Charente et Rhône Provence, soit plus de 200 vignerons engagés. Le développement d’un observatoire national est lancé, une sorte de waze de la viticulture pour anticiper et gérer les crises sanitaires. Une démarche de certification avec la filière pépinière est aussi engagée pour la transparence sur la provenance des plants, la qualité sanitaire et la sécurité de l’approvisionnement avec une garantie d’origine France.

Le dépérissement au plus près

Thomas Chassaing dans les rangs de vigne du Domaine de Lavigne à Varrains (Saumurois) exhibe le système racinaire d'un vieux plant (Photo FC)
Thomas Chassaing dans les rangs de vigne du Domaine de Lavigne à Varrains (Saumurois) exhibe le système racinaire d’un vieux plant (Photo FC)

Thomas Chassaing, conseiller Viticulture Œnologie d’ATV 49 (Association technique viticole) dans le Maine-et-Loire apporte à titre de conclusion, une approche très concrètes sur les maladies du bois, causes principales du dépérissement de la vigne (il a d’ailleurs réalisé un tableau comparatif des principales techniques à mettre en place pour lutter contre celles-ci) : les maladies du bois ont une dynamique pluri- annuelles. Certaines années les ceps encaissent les attaques de champignons sans laisser apparaître de symptômes ; d’autres années, l’expression de la maladie prend le dessus, les symptômes à motif tigrés apparaissent. Enfin, le cep n’ayant plus assez de bois fonctionnel se défolie et meure d’apoplexie. Dans ces cas d’apoplexie, un curetage immédiat peut permettre de sauver le pied, mais la période d’intervention est très courte. Si les symptômes sont plus lents, il suffira de marquer le pied pour le cureter durant l’hiver.

Pour aller plus loin sur les maladies du bois : https://dico-du-vin.com/maladies-du-bois-lespoir-dune-solution/

Tableau des principales techniques à mettre en place pour lutter contre le dépérissement de la vigne (ici, les maladies du bois)
Tableau des principales techniques à mettre en place pour lutter contre le dépérissement de la vigne (ici, les maladies du bois)

 

 

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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