Trousseau (cépage noir) Jura : il est rare, il est capricieux ; il est assez peu productif, en plus il est tardif ; il cohabite dans le vignoble arboisien avec son jumeau le poulsard, l’autre cépage traditionnel noir du Jura lui apportant son côté coloré, tannique et sa longue garde ; il aime les pentes chaudes, les sols graveleux, des marnes peu profondes, des argiles à chailles issues du Trias sur le versant occidental du Jura tout près d’Arbois ; il apprécie le climat semi-continental, bref il est chez lui dans le Bon Pays, le Jura d’où il est (presque !) originaire et dont la présence est attestée depuis 1732. Il représente aujourd’hui 5 % de l’encépagement jurassien (175 ha).

Montigny, capitale du trousseau

Et pourtant si on se penche sur son ADN, le trousseau ne serait pas totalement comtois mais le fruit d’un croisement entre le très gaillacois duras (dans le Gers) et le petit verdot du bordelais (d’autres disent qu’il serait probablement un descendant du savagnin). Il serait donc né quelque part dans le sud-ouest sans doute au moment du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle pour gagner ensuite le Jura où il a pour capitale Montigny-lès-Arsures (qui organise tous les 2 ans, fin août, la fête du trousseau) et… la région de Porto*.
* On le surnomme bastardo au Portugal. Il est connu pour entrer dans la composition du Porto et dans certains assemblages de Dao, province de Beira Alta, au centre du Portugal.
Pasteur à Montigny-les-Arsures

Pasteur l’inventeur du vaccin contre la rage achetait en 1874 une parcelle de 12 ares de vignes située à 2 km au nord d’Arbois, en bas du village de Montigny-les-Arsures, au lieu dit « Rosières ». Il la compléta par d’autres parcelles les années suivantes devenant propriétaire d’une maisonnette. Elle existe encore et porte une plaque commémorative relatant la naissance de la pathologie microbienne. Pour le démontrer, il avait fait installer ici des serres vitrées pour préserver les grappes des germes extérieurs prouvant que dans ces conditions ces raisins ne pourraient fermenter.
Un cépage bien troussé
Trousseau… troussé ! L’aspect ramassé, cylindrique et compacte de ses grappes aux grains à peau épaisse, à la couleur noir intense et à la pulpe molle, lui a donné son nom. Bien difficile à croire cette légende qui veut que dans la région, quelques bouteilles de ce vin accompagnent le trousseau de la mariée.
Le trousseau à la couleur rubis et à la robe plutôt profonde est un bon vin de garde élevé en général de 15 à 18 mois en foudres. Il doit se faire attendre quelques années en cave (de 3 à 5 ans). C’est alors un vin relativement claire, chatoyant à l’œil avec au nez des arômes de fruits rouges : cerises et griottes principalement avec des notes épicées. Il est en plus doté d’une belle longueur.
