Le Champagne 2018, état de la dernière récolte, situation économique, bilan humain, réglementation, les grandes Maisons, les coopératives, les indépendants… et toutes les clés pour pénétrer le monde du Champagne ! Le Champagne est sans conteste le vin le plus célèbre du monde. Son vignoble le plus septentrional de France occupe 33 805 ha. Il compte 300 maisons de Champagne, 15 800 exploitants viticoles* (avec une surface moyenne de 2 à 3 ha) et une récolte qui atteignait en 2016, 268 millions de bouteilles pour un chiffre d’affaire de 4,7 milliards d’euros dont 2,6 milliards réalisé à l’export. Faudrait-il ajouter les chiffres de 2016 dévoilés par la Safer* et cette évolution de 513 % du prix moyen d’un hectare de vigne en Champagne en 25 ans avec aujourd’hui un prix moyen de 1 291 800 € par hectare.
*Safer : Société d’aménagement foncier et d’établissement rural.
2017, des vendanges précoces
Le point marquant de ces vendanges 2017, est sans doute leur précocité ; des vendanges parmi les plus précoces depuis 1950, après celles de 2003, 2007, 2011. Dans certains secteurs elles ont commencé dès le samedi 26 août. Une année qui fut marquée par des aléas climatiques du printemps (23 % du vignoble a gelé) et des conditions météorologiques dégradées en août. Les Blancs sont en général magnifiques mais les meuniers qui ont subi de plein fouet la pourriture notamment dans l’ouest de la vallée de la Marne ont beaucoup soufferts. Malgré tout, les raisins récoltés avec un degré moyen de 10° alcoolique, offrent une acidité satisfaisante et un équilibre très prometteur selon le Comité Champagne. Assurément 2017 sera un millésime de garde ! Enfin, si la Champagne en terme de viticulture durable est en avance sur tous les autres vignobles (30 % des surfaces sont certifiées), sur le front du bio, ça peine encore. L’Association des champagnes bio recense aujourd’hui, près de 370 ha certifiés (sur les 33 805 ha du vignoble !) et 154 ha en conversion, regroupant au total 65 adhérents (contre 56 en 2015) pour une production de 637 000 bouteilles certifiées AB (agriculture biologique).
*En Champagne, près d’un vigneron sur deux pratique la vente directe.
Champagne !
Il est bon de rappeler ce qui fait l’extraordinaire originalité du Champagne. Pourquoi ce vin où que l’on soit dans le monde, est synonyme de célébrations, de retrouvailles, de victoires, de fêtes ? « Je ne peux pas vivre sans champagne, en cas de victoire, je le mérite ; en cas de défaite, j’en ai besoin » disait Napoléon Bonaparte. Et cette inscription sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 2015 n’est-elle pas une des dernières plus belles victoires remportée par la Champagne ?
Le Champagne, un vin et une méthode
D’abord une question se pose, le Champagne est-il un vin ou une méthode, la fameuse méthode champenoise ? Les deux, en fait. Seule la conjonction d’un vin de très grande qualité et son traitement selon la méthode champenoise permettent d’obtenir un véritable champagne. Dom Pérignon, cellérier de l’abbaye d’Hautvillers n’a pas inventé la mousse au XVIIe siècle comme on le croit ; il a su par contre en excellent technicien et grâce à une sévère sélection de cépages (voir plus bas) améliorer la qualité. Le champagne lui doit l’une de ses règles d’or, les assemblages de raisins. Il pratiqua avec talent les soutirages et les collages, réussissant à stabiliser les vins et à garder leur mousse. Aujourd’hui, sous une appellation unique, il existe une multitude de champagne, vin civilisateur selon le mot de Talleyrand qui, par le monde, fut souvent imité mais jamais surpassé. Doit-on rappeler que Champagne est le deuxième mot français le plus connu dans le monde (après bonjour) !
Les 16 clés pour entrer dans le monde du Champagne
- Le climat et le réchauffement climatique
- La géologie
- Le vignoble champenois
- Le classement du Champagne en 3 catégories
- Une révision de la délimitation
- Viticulture bio et développement durable en Champagne
- L’échelle des prix
- Une brève histoire du Champagne
- Comment élabore-t-on le Champagne ?
- Grandes marques et grandes maisons
- Les Vignerons indépendants
- Les coopératives
- Les chiffres clés du Champagne
- Les grandes fortunes du Champagne
- La route des vins en Champagne
- Tableau des Grands et des très Grands millésimes de Champagne
Mais d’abord, le Champagne a établi 6 règles principales :
- Emploi des cépages suivants : chardonnay, pinot noir, pinot meunier (voir plus bas les cépages secondaires autorisés) ;
- Taille vigoureuse* ;
- Rendement maximum en raisins à l’hectare (en kg/ha) décidé chaque année par l’lnterprofession (voir plus bas) ;
- Rendement maximum au pressurage de 102 litres pour 160 kilos de raisins ;
- Degré minimum fixé chaque année ;
- Conservation en bouteille pendant quinze mois minimum avant expédition, 36 mois pour les millésimes.
*4 types de taille sont autorisés en Champagne
- La taille Chablis : taille courte sur charpente longue ;
- La taille Cordon de Royat : taille courte sur charpente longue unique ;
- La taille Guyot : taille longue sur charpente courte, qui peut être simple, double ou asymétrique ;
- La taille Vallée de la Marne (seulement pour le meunier) : taille longue sur charpente courte (un courson à 3 yeux francs maximum par pied ; une baguette lancée sur le courson de l’année précédente et portant 9 yeux francs maximum ; un prolongement (à fruits) établi à l’extrémité de la baguette de l’année précédente et portant 6 yeux francs maximum).
« Taille tôt, Taille tard, rien ne vaut la taille de mars ». Les coupes effectuées pendant les pleurs retarderont la végétation de 8 ou 15 jours, ce qui pourra préserver les bourgeons des premières gelées souvent fatales (les pleurs car au printemps, lorsque la température du sol augmente, la vigne reprend son activité : elle se manifeste par la remontée de la sève et par les pleurs de la vigne. Il apparaît des gouttes de sève au niveau des plaies de tailles.
Voici donc les seize clés pour vous ouvrir le Champagne :
I – Les six catégories de Champagne
Sous l’appellation Champagne blanc et rosé existent six catégories dont la mention figure sur l’étiquette. Mais d’abord quelques explications :
Les 6 champagnes dont la mention figure sur l’étiquette
1/ Champagne Millésimé : vin effervescent blanc et rosé
2/ Champagne Cuvée Spéciale de Prestige : vin effervescent blanc et rosé
3/ Champagne Blanc de Blancs : vin effervescent blanc
- Un Champagne Blanc de Blancs est un Champagne élaboré uniquement à base de jus blanc issu de raisins à peau blanche, donc de chardonnay. Pourquoi un « s » à « blanc de blancs » ? Parce que d’autres cépages blancs à jus blanc autorisés mais, moins connus peuvent entrer dans certaines cuvées (le pinot blanc ou l’arbane par exemple).
4/ Champagne Blanc de Noirs : vin effervescent blanc
- Un Champagne Blanc de Noirs est un Champagne, blanc d’apparence qui est élaboré à partir de cépages rouges tels que le pinot noir et le pinot meunier, soit ensemble, soit individuellement.
5/ Champagne Rosé : vin effervescent rosé
Les deux façons d’élaborer un champagne rosé :
- Le rosé d’assemblage. L’appellation champenoise est la seule autorisée à produire du champagne rosé de cette façon. Avant la champagnisation, on assemble au vin blanc, un vin rouge de pinot noir (AOC Coteaux Champenois) pour lui donner la couleur rosée.
- Le rosé de saignée, qui consiste à extraire le jus des raisins, et le faire macérer avec des peaux de raisins noirs (pinot meunier ou pinot noir) pendant quelques jours pour atteindre la couleur rosée désirée. Cette méthode demande un grand savoir-faire.
6/ Crémant de Champagne : vin effervescent blanc
Les 8 spécificités de goût du Champagne selon le dosage
A cela s’ajoutent 8 spécificités de goût selon le dosage en sucre, une quantité de sucre ajoutée qui permet d’élaborer les différents niveaux de goût, plus ou moins dosés, c’est-à-dire plus ou moins sucrés, définis dans l’Union européenne.
- extra-Brut (entre 0 et 6 g/l de sucre)
- brut nature (moins de 3 g/l)
- brut (moins de 15 g/l)
- extra-dry (de 12 à 20 g/l)
- sec (dry) (de 17 à 35 g/l)
- demi-sec (de 33 à 50 g/l)
- doux (plus de 50 g/l)
Pour une teneur de moins de 3 g/l, on peut également utiliser les mentions :
- brut nature,
- pas dosé,
- dosage zéro
Les autres appellations champenoises
Enfin, à cette longue liste de vins effervescents, il convient d’ajouter les deux vins tranquilles de Champagne (non effervescents) :
- Les Coteaux champenois (vins rouges, rosés, blancs)
- Le Rosé des Riceys (vin rosé)
II – Les cépages du Champagne
- Le pinot noir (38 % du vignoble) se satisfait de terrains calcaires et frais. C’est le cépage dominant de la Montagne de Reims et de la Côte des Bar ; un cépage qui offre des arômes de fruits rouges et une structure marquée. Il apporte à l’assemblage du corps et de la puissance.
- Le meunier (31 % du vignoble), cépage vigoureux qui convient plus particulièrement aux terroirs plus argileux, comme ceux de la vallée de la Marne. Il s’accommode mieux de conditions climatiques plus difficiles. Le meunier donne des vins souples et fruités qui évoluent un peu plus rapidement dans le temps et apportent à l’assemblage de la rondeur.
- Le chardonnay (31 % du vignoble). Voici le cépage de prédilection de la Côte des blancs qui se caractérise par des arômes délicats, des notes florales, d’agrumes parfois minérales. A évolution lente, c’est le cépage idéal pour le vieillissement des vins. Seul, il sert à élaborer le Blanc de Blancs.
A ces trois cépages qui dominent le Champagne, il existe un complément d’âme apporté par d’autres cépages. Ils furent volontairement estompés pour réapparaître bien timidement aujourd’hui. Ce sont quatre cépages blancs :
Ils sont autorisés mais représentent aujourd’hui moins de 0,5 % du vignoble. Autorisés sans doute mais pas en plantation nouvelle, que sur des droits d’arrachage ! Le CIVC (Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne) veille au grain.
III – Le climat et la Champagne face au réchauffement climatique
Le vignoble de Champagne est le plus septentrional de France, jouissant d’un climat continental. Et, paradoxalement, c’est la partie la plus au nord du vignoble qui produit les meilleurs raisins, malgré les durs vents d’hiver, venus en droite ligne de l’Atlantique sans rencontrer d’obstacles majeurs. La température annuelle moyenne ne dépasse jamais 10° C, et les gelées peuvent atteindre -30° C, comme ce fut le cas en 1985. Cependant, les nombreux vallonnements, les forêts et les cours d’eau stabilisent les températures et maintiennent une certaine humidité. Les redoutables gelées de printemps frappent surtout les vallées et les dépressions. C’est pourquoi les vignes sont plantées à mi-côte, et orientées vers le sud ou le sud-est, à deux exceptions près : Verzenay face au nord et la Côte des Blancs face à l’est.
Augmentation climatique en Champagne, 1 degré en 25 ans. Que du bonheur mais au-delà !
En 25 ans, la Champagne a vu sa température moyenne augmenter de 1,2° avec comme conséquences, un risque de gelée dû à un débourrement trop précoce et des vendanges avancée de 13 jours*. Autres points liés au réchauffement, on constate une teneur en sucre de plus de 8 %, une baisse d’1 g du taux d’acidité et une augmentation de 50 % du poids des grappes de raisin passant de 97 à 140 g. Pour corollaire positive, la viticulture champenoise utilise aujourd’hui moitié moins d’engrais. Donc, plus de rendement et des raisins de meilleure qualité. Cependant si l’augmentation de la teneur en sucres permet de limiter la liqueur de dosage, on note depuis une vingtaine d’années, une diminution de l’acidité, gage essentiel de fraîcheur pour le Champagne. Afin de contrer cette perte d’acidité, certaines maisons ont dors et déjà fait l’impasse (et cela au détriment de la complexité aromatique) sur la fermentation malolactique.
* Depuis 2000, 4 vendanges ont démarré au mois d’août (2003, 2007, 2011, 2017).
Gain de sucre, perte d’acidité et propagation de maladies de la vigne
Si en Champagne, l’oïdium se montrait très discret, on le voit réapparaitre depuis une bonne dizaine d’année. Le CIVC (Comité interprofessionnel des vins de Champagne) constate également l’apparition de nouveaux virus et champignons pathogènes comme le black rot, ou encore l’eudémis (un ravageur de la grappe). Il a également tout mis en œuvre pour lutter contre la flavescence dorée et travaille aussi pour mettre au point des cépages offrant une plus grande résistance aux maladies. Toutes ces recherches se font à partir de trois vignobles expérimentaux gérés par le Comité Champagne : Plumecoq, Gionges et Essoyes. Concrètement on assiste à de nouvelles pratiques culturales pour lutter contre le réchauffement climatique comme des haies arbustives, l’enherbement des rangs de vigne pour réduire l’érosion, de nouveaux systèmes de taille, une réduction de l’effeuillage pour protéger les raisins du soleil, plus d’espace donné aux plants de vigne, etc.
IV – La géologie
La réussite de la vigne en Champagne tient surtout à la nature du sol. Cette énorme masse de craie qui atteint jusqu’à 100 mètres d’épaisseur joue un triple rôle :
- Elle favorise la maturation du raisin, à la fois par sa capacité à retenir l’humidité, à renvoyer le rayonnement solaire vers les grains et à emmagasiner la chaleur le jour pour la restituer la nuit.
- Les racines y pénètrent profondément, jusqu’à 10, voire 20 m, y puisant les éléments minéraux qui concourent à la finesse du vin.
- Enfin, on a pu y creuser facilement les immenses caves fraîches, sèches et propres, où le champagne vieillit idéalement à la température constante de 10° C. Ces caves, généralement ouvertes à la visite, représentent un réseau de galeries long de plus de 250 km, essentiellement sous les villes de Reims et d’Épernay.
V – Le vignoble champenois
La superficie du vignoble champenois déclaré en AOC se monte à 33 805 ha*. Il doit sa richesse à son morcellement ; chaque village constitue un cru (le produit d’un terroir et d’un climat). Il faut se rappeler que le vignoble de la Champagne est ancien et historiquement très vaste. En 1865, il s’étendait sur 65.000 ha. L’apparition du phylloxéra à la fin du XIXe siècle puis, la guerre de 1914-18 vont en réduire considérablement la surface, celle-ci représentant environ 12 000 ha à la fin d’un conflit dévastateur pour la Champagne. Mais dès 1927, la Champagne a été la première région française à fixer les limites de sa zone d’appellation. Elle est encore aujourd’hui morcelée et s’étend principalement sur les départements de la Marne (72 % des surfaces en production) et de l’Aube (21 %), avec 5 régions principales (Montagne de Reims, Côte des Blancs,Vallée de la Marne, Côte de Sézanne et Côte des Bar) ainsi que sur quelques communes de l’Aisne, de la Haute-Marne et de la Seine-et-Marne soit 319 communes (voir la liste plus bas).
*22 454 ha dans la Marne, 7992 ha dans l’Aube et la Haute-Marne, 3359 ha dans l’Aisne e la Seine-et-Marne.
Les cinq régions de la zone d’appellation
Chacun sait approximativement situer la Côte des Bar, la Côte des Blancs, mais lorsque qu’il s’agit de la célébrissime Montagne de Reims, dans sa partie Vallée de la Marne (Coteaux sud d’Epernay, Grande Vallée de Marne, Terroir de Condé, Vallée de la Marne Rive droite, Vallée de la Marne Rive gauche) qui penserait que tout à l’ouest de cette vallée, se rencontre un des champagnes les plus originaux, le Champagne axonais (du département de l’Aisne), le Champagne des portes de la Champagne, rive droite et gauche de la Marne qui suit ses méandres englobant 38 villages et villes dont Château-Thierry, Charly-sur-Marne, Trélou-sur-Marne, Crouttes-sur-Marne…
- Montagne et Val de Reims : des coteaux entre le plateau et la vallée de l’Ardre et de la Vesle exposés au sud avec comme cépages dominants, pinot noir et pinot meunier.
- Vallée de la Marne : des coteaux qui d’Aÿ jusque dans l’Aisne au-delà de Château-Thierry sont à prédominance argilo-calcaire avec le pinot meunier comme cépage dominant (62 %).
- Côte des Blancs et Sézannais, royaume du chardonnay (82 %). La craie y est omniprésente. Les coteaux relient du nord au sud Épernay aux coteaux du Sézannais.
- Côte des Bar entre Seine et Aube, au sud de la Champagne. Sur des sols crayeux à tendance marneuse, le pinot noir domine (87 %).
VI – Un classement en trois catégories
Le vignoble champenois est classé en 3 catégories. Il comprend 320 villages sachant que chaque village est considéré comme un cru.
Première catégorie : 17 villages classés Grands Crus
Ces 17 villages sont tous situés dans le département de la Marne. Seuls les propriétaires ayant la totalité de leurs vignes dans un ou plusieurs villages grands crus peuvent mentionner Grand Cru sur l’étiquette de leurs bouteilles. Ce classement est fondé sur des critères de sous-sols, de pente et d’exposition.
- Ambonnay,
- Avize,
- Aÿ,
- Beaumont-sur-Vesle,
- Bouzy,
- Chouilly,
- Cramant,
- Louvois,
- Mailly-Champagne,
- Le Mesnil-sur-Oger,
- Oger,
- Oiry,
- Puisieulx,
- Sillery,
- Tours-sur-Marne,
- Verzenay,
- Verzy
Deuxième catégorie : 44 villages classés Premiers Crus
- Avenay,
- Bergères-les-Vertus,
- Bezannes,
- Billy le Grand,
- Bisseuil,
- Chamery,
- Champillon,
- Chigny les Roses,
- Chouilly (pinot noir),
- Coligny (chardonnay),
- Cormontreuil,
- Coulommes la Montagne,
- Cuis,
- Cumières,
- Dizy,
- Ecueil,
- Etrechy (chardonnay),
- Grauves,
- Hautvillers,
- Jouy les Reims,
- Les Mesneus,
- Ludes,
- Mareuil sur Aÿ,
- Montbré,
- Mutigny,
- Pargny les Reims,
- Pierry,
- Rilly la Montagne,
- Sacy,
- Sermiers,
- Taissy,
- Tauxières,
- Tours-sur-Marne (chardonnay),
- Trépail,
- Trois Puits,
- Vaudemanges,
- Vertus,
- Villedommange,
- Villeneuve Renneville,
- Villers Allerand,
- Villers aux Noeuds,
- Villers Marmery,
- Voipreux,
- Vrigny
Troisième catégorie
Elle regroupe tous les autres, les 255 villages restants sur 25 000 ha. Ils ont droit à l’appellation Seconds Crus qui est très peu utilisée.
VII – Une révision de la délimitation
Depuis 1936, la surface a crû de 1 % par an en moyenne en grignotant mètre par mètre sur cet immense jeu de marqueterie formé de 280 000 parcelles que représente le vignoble champenois. Mais il n’y a plus aujourd’hui de place pour planter de nouvelles vignes. Pour s’agrandir, il faut prendre sur le voisin (ou la concurrence) sachant que cette terre champenoise vaut de l’or (en moyenne, il faut compter 1 million d’€ par ha). Voilà une dizaine d’année qu’une procédure visant à la révision de la délimitation de l’appellation a été lancée en étroite relation avec l’ensemble de l’inter-profession. Dans un premier temps, la procédure a pour objectif d’intégrer dans l’aire de production du vin de Champagne une quarantaine de nouvelles communes, sélectionnées selon de stricts critères géologiques, techniques et historiques. Elles sont situées actuellement sur des terres agricoles de l’Aube, l’Aisne, la Haute-Marne et la Marne.
A titre indicatif, voici la liste des nouvelles communes qui pourraient rentrer dans l’appellation :
- Dans la Marne : Baslieux-lès-Fismes, Blacy, Boissy-le-Repos, Bouvancourt, Breuil-sur-Vesle, Bussy-le-Repos, Champfleury, Courlandon, Courcy, Courdemanges, Fismes, Huiron, La Ville-sous-Orbais, Le Thoult-Trosnay, Loivre, Montmirail, Mont-sur-Courville, Péas, Romain, Saint-Loup, Soulanges, Ventelay.
- Dans l’Aisne : Marchais-en-Brie.
- Dans l’Aube : Arrelles, Balnot-la-Grange, Bossancourt, Bouilly, Etourvy, Fontvannes, Javernant, Laine-aux-Bois, Macey, Messon, Prugny, Saint-Germain-Lépine, Souligny, Torvilliers, Villery.
- Dans la Haute-Marne : Champcourt et Harricourt.
Une révision parcellaire
Début 2011, le dernier comité national de l’INAO a approuvé le lancement de la révision parcellaire* sur les communes de l’aire délimitée et étendu les missions de la commission d’enquête chargée de la révision de l’aire géographique afin de définir les principes généraux de la délimitation parcellaire. La délimitation à l’échelle de la parcelle quant à elle porte sur les 360 communes de l’AOC. Un travail qui devrait aboutir lorsque les premiers droits de plantation seront accordés par l’INAO. Les premières bouteilles issues de ces parcelles seront donc mises sur le marché au plus tôt à partir de 2020. Actuellement il est impossible de donner une simulation de la nouvelle surface parcellaire délimitée tant que les experts n’ont pas effectué ce travail, mais il est peu probable d’arriver aux 75 000 ha qui existaient avant la crise du phylloxera au XIXe siècle compte tenu des exigences des critères techniques.
* La zone de production comporte plus de 300 communes situées dans la zone d’élaboration, dont des parcelles précises peuvent être plantées en vignes destinées à l’élaboration du champagne. On compte actuellement près de 300.000 parcelles classées en appellation Champagne qui représentent 33 805 ha. Elles sont maintenant presque totalement plantées.
VIII – Viticulture bio et développement durable en Champagne
A peine 2 % du vignoble en viticulture biologique
Le mouvement fut engagé dans les années 70 par des pionniers comme Jacques Beaufort (Ambonnay), Jean Bliard (Hautvillers), Serge Faust (Vandières), Roger Fransoret (Mancy), Georges Laval (Cumières), Yves Ruffin (Avenay Val d’Or) et Pierre Thomas (Oger). En 2014, La viticulture biologique en Champagne* ne représentait que 438 ha (soit 1,4 % du vignoble) dont 132 ha en conversion (chiffres Agence Bio). Il s’agit de 106 domaines qui se répartissent dans l’Aube, la Marne et l’Aisne. Les délais de conversion, de vinification et de champagnisation sont au minimum de 6 ans. Pourquoi si peu de bio en Champagne ? L’explication est donnée par Thibaut Le Mailloux directeur de la communication du Comité Champagne (CIVC) : Le climat froid et humide de la Champagne rend la vigne particulièrement sensible aux attaques des parasites et des ravageurs ce qui ne facilite pas la conversion au bio. Bon nombre de vignerons qui travaillent en bio ou en biodynamie n’en font pas état pour ne pas se priver de la possibilité de traiter en cas de besoin. Autre point, les champagnes certifiés en bio sont en moyenne 20 % plus chers que les vins conventionnels.
Du bio à la biodynamie
Si près de 370 ha en Champagne sont certifiés en bio (et 154 ha en conversion), regroupant au total 65 adhérents (contre 56 en 2015) pour une production de 637 000 bouteilles certifiées AB seules quelques rares maisons et négociants de Champagne sont passées du bio à la biodynamie comme les Maisons de Champagne :
- Augustin à Avenay
- De Sousa : 11 ha à Avize
- Benoît Marguet à Ambonnay
- Rodez à Ambonnay
- Sapience à Ambonnay
- Franck Pascal à Baslieux-sous-Chatillon
- Couche à Bouxeuil, Côte des Bar
- Fleury à Courteron, Côte des Bar
- Alain Reaut à Courteron
- Francis Boulard & Fille à Cauroy-lès-Hermonville
- Françoise Bedel & Fils à Crouttes-sur-Marne
- Leclerc Briant: 10 ha à Cumières
- Tarlant à Oeuilly
- Ruppert-Leroy : 4 ha, à Essoyes, Côte des Bar
- Louis Roederer (en partie), Reims
- David Léclapart : 3 ha, commune de Trépail
- Larmandier-Bernier à Vertus
- Mouzon-Leroux à Verzy…
Viticulture durable en Champagne
Si le bio n’est pas encore tout à fait au rendez-vous, le développement durable l’est avec moins de 50 % d’intrants en 15 ans. Il s’agit de tous ces produits servant à augmenter les rendements comme les fertilisants ou les produits phytosanitaires de type fongicides, herbicides, insecticides, etc. Et sur les 50 % restants, près de la moitié sont autorisés en agriculture biologique. De plus, la quasi-totalité des sous-produits et déchets sont maintenant valorisés. A ce jour, 30 % des surfaces de vignes sont certifiées (une certification qui date de 2014) Viticulture Durable en Champagne pour atteindre 50 et à terme, 80 % des surfaces seront certifiées.
Suppression des traitements d’insecticides
La Champagne est la première région française pour le développement de la technique biologique de confusion sexuelle. Elle permet la quasi suppression des traitements insecticides classiques sur 15 000 ha soit près de la moitié des surfaces de l’appellation. On assiste également à un triplement en 10 ans de l’enherbement du vignoble (les contours des parcelles sont désormais enherbés naturellement à plus de 95 %).
Une bouteille plus légère
Autre effort apporté par la filière n’est autre que la réduction de 7 % du poids de la bouteille de Champagne (de 900 g à 835 g). La Champagne a ainsi réduit en 10 ans ses émissions de gaz carbonique de 15 % par bouteille expédiée. Elle fait partie des rares filières économiques à avoir réduit ses émissions en valeur absolue. Aujourd’hui, 100 % des exploitants du vignoble champenois sont intégrés dans cette démarche.
Les 2 certifications
1/ Qu’est-ce que la VDC (Viticulture Durable en Champagne) ?
C’est une certification mise en place par les instances champenoises et ciblée sur les spécificités locales. Elle est complémentaire de l’approche HVE (Haute Valeur environnementale). 4 enjeux dans cette démarche :
- maîtriser le recours aux intrants dans un objectif de respect de la santé et de l’environnement,
- préserver et mettre en valeur le terroir; la biodiversité et les paysages viticoles,
- gérer de manière responsable l’eau, les effluents, les sous-produits et les déchets,
- réduire la dépendance énergétique et l’empreinte carbone de notre exploitation et de la filière.
Une démarches qui contient 140 critères allant de l’aménagement du vignoble à la formation du vigneron, en passant par l’entretien des sols et la gestion des déchets, cet ensemble constituant le référentiel « Viticulture Durable en Champagne ».
2/ Qu’est-ce que la certification HVE (Haute Valeur Environnementale) ?
HVE est une certification environnementale issue du Grenelle de l’Environnement. Il s’agit d’une démarche officielle, encadrée par la loi, et accessible à l’ensemble des exploitants sur la base du volontariat. Elle comporte 3 niveaux d’exigence :
- Niveau 1 : le respect de la réglementation environnementale. C’est un pré-requis indispensable pour accéder aux autres niveaux.
- Niveau 2 : le respect d’un référentiel de bonnes pratiques environnementales, composé de 4 thématiques (biodiversité, fertilisation, protection phytosanitaire, gestion de l’eau). Il s’agit d’une obligation de moyens sur le principe de l’Agriculture raisonnée. Ce niveau n’est pas obligatoire pour accéder au niveau 3.
- Niveau 3 : c’est le seul qui permette d’obtenir la mention « Haute Valeur Environnementale ». Il implique des obligations de résultats dans les 4 thèmes cités précédemment. La performance environnementale de l’exploitation est alors évaluée par des indicateurs de résultats précis (indice de fréquence des traitements, balance globale azotée…)
IX – Une échelle des prix propre au Champagne
La qualité du raisin est appréciée par rapport à une cote sur une échelle qualitative exprimée par un pourcentage. La cote minimum est de 80 %, la qualité la mieux valorisée de raisin ayant une cote de 100 %. Aujourd’hui, 323 crus sont répertoriés. Le champagne a droit au titre grand cru s’il est élaboré à partir de raisin venant des crus classés à 100 % et au titre premier cru si les raisins viennent de crus classés de 90 à 99 %.
Un rendement qui s’exprime en kilo
Le rendement s’exprime ici en kilo de raisin et non en hectolitre. Chaque année le rendement maximum à l’hectare, tirable, est fixé avant la vendange, en prenant en compte la quantité ainsi que la qualité des raisins et également le contexte économique. Les rendements 2017 était de 10 300 kg de raisin par hectare (dont 500 kg/ha sortis de la réserve).
Qu’est-ce que le rendement maximum pour le Champagne ?
Pour avoir droit à l’appellation Champagne, le rendement maximum du raisin à l’hectare est fixé chaque année, sans pouvoir dépasser un plafond de 15 500 kg par hectare. Au-delà, l’excédent peut être utilisé pour constituer une réserve qualitative qui est stockée sous forme de vins clairs et qui sera ensuite débloquée pour compenser par exemple une insuffisance de rendement futur. Si surplus de production, il est automatiquement envoyé en distillerie. Ainsi la réserve qualitative constituée après la vendange 2016 s’élevait-elle à 8 840 kg/ha (avant la sortie de la Réserve Individuelle du 1er février 2017) et de 7 050 kg après la sortie de la Réserve Individuelle du 1er février 2017). De 2013 à 2015, le rendement commercialisable s’élevait à 10 500 kg/ha, avec des nuances sur les quantités déblocables. Sur les 6 dernières campagnes, c’est la vendange 2012 qui s’affichait au plus haut, avec 11 000 kg/ha.
- 12 000 kg/ha en 2004
- 11 500 kg/ha en 2005
- 13 000 kg/ha en 2006
- 12 400 kg/ha en 2007
- 13 600 kg/ha en 2008
- 9 700 kg/ha en 2009
- 10 500 kg/ha en 2010
- 12 500 kg/ha en 2011
- 11 000 kg/ha en 2012
- 10 500 kg/ha en 2013
- 10 500 kg/ha en 2014
- 10 500 kg/ha en 2015
- 11 000 kg/ha en 2016
- 10 300 kg/ha en 2017
Combien le kilo ?
Les négociants achètent le raisin en fonction d’un prix de référence fixé par le CIVC (Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne). En 1920, chaque commune de Champagne a été répertoriée en fonction de la qualité des vins qu’elle produisait. Aujourd’hui, 316 communes sont consacrées en AOC Champagne dont 17 en AOC Champagne Grand Cru, et 44 en AOC Champagne Premier Cru. Les meilleures communes se voient attribuer le coefficient 100 %. Ce sont les communes des Grands Crus, et elles sont toutes situées sur le département de la Marne. On passe de 90 % à 99 % pour les Premiers Crus et de 80 % à 89 % pour les Champagne sans cru. Inutile de dire que la cueillette est toujours manuelle.
1,2 kg de raisin en moyenne pour une bouteille (75 cl)
Le rendement a été fixé en 2015 comme on l’a vu à 10 500 kg par hectare sachant qu’il faut 1,2 kg de raisin pour une bouteille de 75 cl. A chaque vendange, un prix de référence par kg de raisin est décidé pour l’ensemble de la Champagne. A titre d’exemple, lors de la vendange 2014, le prix du raisin a été négocié au prix de 5,50 à 6,20 € le kilo ce qui en fait le kilo de raisin le plus cher du monde. A comparer au 0,50 € à 1 € pour le kilo du Prosecco (cépage appelé aujourd’hui glera) issu de Vénétie, Frioul-Vénétie-Julienne et qui donne le plus réputé des effervescents italiens. Question triviale ! Comment peut-on voir des Champagne bradés à 10 € voire plus bas dans la grande distribution lorsque que le kg de raisin est déjà autour de 6 € et qu’il faut au minimum 1,2 kg de raisin pour élaborer une bouteille de Champagne (0,75 cl) ? A titre d’indication, le prix moyen d’une bouteille de Champagne était de 15 € en 2016.
Le Prosecco, un sérieux rival pour le Champagne
Le Prosecco est devenu un sérieux concurrent du Champagne entrée de gamme. Il peut se présenter en Brut, Extra Dry et Dry mais également en versions Spumante et Frizzante. Spumante, quand la fermentation s’effectue en autoclaves, en cuves (méthode Charmat), contrairement à la méthode champenoise où la fermentation s’effectue dans la bouteille. Frizzante, la fermentation peut s’effectuer de manière naturelle en cuve ou par injection d’anhydride carbonique (dioxyde de carbone ou CO2).
Plus de 300 millions de bouteilles en DOC Prosecco ont été produites en 2016 dont 70 % vendues à l’étranger et notamment aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne : Pour boire du champagne, il faut être en smoking, le Prosecco est plus décontracté. Aux champenois de démontrer que le Champagne se boit aussi en décontracté !
X – Une brève histoire du Champagne
La culture de la vigne remonte en Champagne à l’époque gallo-romaine. Jusqu’au XVIIe siècle, on appréciait ces vins gris faiblement colorés mais qui vieillissaient mal en fûts. Pour en conserver les arômes, ils étaient mis en bouteilles très tôt. Il en résulta que ces vins ayant peu d’alcool et dont le tirage était fait à l’équinoxe de printemps devinrent naturellement pétillants. Les vignerons les appelaient Vin du diable ou saute-bouchon à cause des bouteilles qui explosaient ou des bouchons qui sautaient.
L’apport de Dom Pérignon
Impossible d’évoquer le Champagne sans citer dom Pérignon (1639-1715), moine cellérier de l’abbaye d’Hautvillers qui, l’un des premiers, décida de tirer parti de la refermentation printanière spontanée jusqu’alors considérée comme une calamité. Il préconisa tout à la fois :
- L’assemblage de raisins provenant de terroirs différents pour marier leurs qualités
- Le pressurage rapide et fractionné des raisins noirs majoritaires en Champagne pour en extraire un jus blanc
- L’utilisation des premières bouteilles en verre épais et résistant
- Le remplacement des anciens bouchons de bois et d’étoupe par un bouchon de liège maintenu par une ficelle, afin de contenir la mousse
- Le creusement de caves en pleine craie pour assurer le vieillissement des vins à température constante.
Le champagne lui doit ainsi l’une de ses règles d’or : les assemblages de raisins. Il pratiqua avec talent les soutirages et les collages, réussissant à stabiliser les vins et à garder leur mousse. Ensuite, tout s’accélère avec la fondation des grandes maisons :
- 1729 Ruinart,
- 1743 Moët,
- 1772 Clicquot,
- 1776 Roederer,
- 1785 Heidsieck.
Puis au XIXe siècle :
- Henriot,
- Perrier-Jouët,
- Laurent-Perrier,
- Bollinger,
- Deutz,
- Pommery,
- Krug, etc.
Les grandes étapes vers le Champagne « moderne »
1804 : premier Champagne Rosé lancé par Mme Clicquot
1830 : premières étiquettes collées sur les bouteilles
1860 : premier Brut promu par Mme Pommery. Mais il faut attendre…
1870 : année de défaite, pour voir apparaître les premiers Champagne Millésimés.
XI – Comment élabore-t-on le Champagne ou la fameuse méthode champenoise ?
Il s’agit ici de détailler ce qui est appelé la méthode champenoise, une méthode complexe qui nécessite un savoir-faire, des outils précis et un investissement considérable en hommes, en talents et en argent.
Procédons donc par étapes chronologiques :
1 – Les vendanges : elles sont exclusivement manuelles pour recueillir des grappes intactes. Elles durent entre 2 et 3 semaines, de septembre à octobre. Les maisons réputées pratiquent toutes l’épluchage, c’est-à-dire qu’elles sélectionnent les raisins verts et écarte systématiquement les raisins pourris. Vient ensuite le débourbage qui a pour but de laisser décanter les bourbes constituées de terre, de débris de feuilles et d’impuretés pour ne laisser qu’un moût le plus limpide possible.
Vendanges 2017, l’une des cinq vendanges les plus précoces jamais observées en Champagne
Les conditions climatiques ont fait démarrer en 2017 les vendanges très tôt. Ainsi, à Charly-sur-Marne, elles débutaient par le chardonnay et le meunier dès le 30 août pour ensuite s’attaquer au pinot noir à partir du 4 septembre. Le rendement officiel d’appellation avait été fixé le 21 juillet à 10.300 kg/ha, augmenté de 500 kg des vins de réserve, contre 1 100 kg/ha en 2016. Pour la récolte 2017, les raisins présentent une acidité satisfaisante et un équilibre très prometteur, a assuré le Comité Champagne. On évaluera leur qualité lors des dégustations de vins clairs, avant la seconde fermentation qui leur donnera leur effervescence : cette tendance laisse envisager une année 2017 exceptionnelle en chiffre d’affaires pour la filière du Champagne conclut le Comité Interprofessionnel du vin de Champagne.
Le salaire des vendanges
En 2017, le Champagne s’est assuré le travail de 60 000 vendangeurs. Quel est donc le salaire de ces vendangeurs ? Ce salaire peut être :
- Un salaire brut horaire. Il ne peut pas être inférieur au SMIC. 9,76 € de l’heure pour un cueilleur ; 10,10 € de l’heure pour un porteur de petits paniers à bras (distribution des caisses, vidage des paniers dans les caisses) ; 10,42 € de l’heure pour un vendangeur qui assure de façon habituelle le «débardage» des caisses de raisins (transport des caisses pleines en bout de vigne, aide au chargement).
- Pour un salaire à la tâche c’est-à-dire en fonction du nombre de kilos de raisins cueillis par l’équipe dans laquelle le vendangeur travaille comme cueilleur et/ou porteur et/ou débardeur. Le barème est fixé par le Syndicat général des vignerons selon les rendements par hectare. Pour une vendange comportant le débardage, dans des vignes non effeuillées, le salaire brut ne peut être inférieur à 0,179 € /kg (primes de fin de contrat et indemnité de congés payés comprises), soit un salaire net de 0.137 € /kg pour un salarié fiscalement domicilié en France et de 0.143 € /kg pour un salarié non fiscalement domicilié en France.
2 – Le pressurage
Il est strictement réglementé par l’appellation. Le pressurage est effectué très rapidement après la cueillette des raisins, afin qu’ils ne s’altèrent pas et pour éviter que la peau du raisin ne teinte le jus. Cette opération s’effectue généralement à l’aide de pressoirs verticaux, mais aussi de plus en plus avec des pressoirs horizontaux à cages ou à membranes. Le pressurage assure donc une extraction lente du jus de la pulpe afin de préserver la finesse des arômes. Les maisons pressent les raisins séparément cru par cru. Le rendement est limité à 25,5 hl de moût pour 4 000 kg de raisin, dont 20,5 hl de cuvée, le meilleur jus, seul utilisé dans les cuvées de qualité puis est tiré 500 l qualifiés de tailles.
3 – La vinification
Tout d’abord la première fermentation alcoolique se fait à basse température en octobre dans des cuves inox thermo-régulées (plus rarement en fûts comme par exemple chez Krug et Bollinger), par cépages, crus et cuvées. Cette fermentation va transformer le moût en vin, un vin tranquille, fruité et sec, doté d’une légère acidité qui retiendra la mousse. Certains producteurs font alors faire à leurs vins une fermentation malolactique qui est la dégradation d’acides maliques en acide lactique. Cette opération donne au vin sa souplesse et sa rondeur. Quelques maisons y renoncent pourtant pour conserver à leurs vins plus de tonicité et de fraîcheur.
4 – L’assemblage
C’est l’étape fondatrice de chaque cuvée. Le chef de Maison et son oenologue marient les vins tranquilles de différents crus et années pour perpétuer le style et la qualité constante de la maison. On peut ainsi à partir de 150 crus déguster et analyser jusqu’à 500 cuves pour réussir un assemblage et recréer ce fameux goût maison propre à chaque Champagne. Ainsi, plusieurs types d’assemblages sont possibles, l’assemblage horizontal qui utilise des vins du même millésime, mais de crus ou de cépages différents ; l’assemblage vertical qui s’élabore à partir de vins de l’année, associés à des vins de réserve et enfin, un mix de ces deux assemblages.
5 – Le tirage ou mise en bouteilles :
Sucre et levures sont ensuite ajoutés à l’assemblage préparé selon les proportions choisies. En règle général, pour la liqueur de fermentation, c’est un kg de sucre de canne ou de betterave par litre de vin vieux. Il suffit de 4 grammes de sucre par litre pour obtenir une pression de 1 kg par cm2, soit une atmosphère dans la bouteille. La réglementation champenoise exige au minimum 5 bars à la commercialisation. Les bouteilles sont ensuite stockées dans des caves fraîches, à température et hygrométrie contrôlées.
6 – La prise de mousse : en 4 à 6 semaines, sous l’action des levures et à basse température dans les caves (9 à 11°), la deuxième fermentation en bouteille rend le vin effervescent.
7 – La maturation sur lies : le vieillissement permet aux cuvées de développer leurs arômes spécifiques. Il est obligatoirement de 15 mois minimum après tirage et 3 ans pour les Champagne millésimés. Ce sont évidemment des minima. Ces durées sont largement dépassées pour les cuvées de qualité. On dit alors des bouteilles qu’elles sont rangées sur lattes.
8 – Le remuage :
Un geste ancestral qui permet de faire descendre progressivement le dépôt de levures dans le col pour pouvoir l’expulser, après congélation du col, lors du dégorgement. Longtemps exclusivement manuel, il est aujourd’hui principalement assuré par des automates (gyropalettes).
9 – Le dosage : il permet, par l’adjonction au vin d’une petite quantité de liqueur de dosage, de restituer à la cuvée un niveau de sucre habituel dans les vins. C’est par le niveau de dosage que se différencient Brut, Extra Brut, Sec, Demi-Sec (voir plus haut).
La bouteille sera ensuite fermée hermétiquement par un bouchon de liège, coiffée d’une plaque de muselet (au couleurs de la maison) et l’ensemble retenu par un muselet en fer.
10 – L’habillage
Il se fait par la pose d’une étiquette et d’un col porteurs d’image. L’habillage doit se conformer aux nombreuses règles de l’AOC et souvent aussi aux obligations propres des pays importateurs. Ainsi, l’étiquette comporte un certain nombre d’informations qui donnent au consommateur des éléments sur le type de Champagne et la façon dont il a été fabriqué.
Quelques spécificités au Champagne
La Champagne évalue traditionnellement la récolte en tonnes de raisins, en pièces de jus non fermenté et en cols de bouteille, en distinguant les bouteilles vendues annuellement et les stocks, alors que partout ailleurs la tendance est à compter en hectolitres. La production annuelle est ainsi estimée à 320 millions de bouteilles, avec des stocks de 1,2 milliard de bouteilles. Avec l’augmentation du rendement, aujourd’hui à 10 300 kg/ha, les perspectives de production annuelle peuvent monter à près de 400 millions de cols.
XII – Grandes marques et grandes maisons
Près de 72% des expéditions de champagne sont assurées par le négoce. Les quatorze premières marques internationales trustent le négoce. Elles vendent à un prix moyen au-dessus de 20 € et représentent des volumes significatifs (114 millions de bouteilles et la moitié du chiffre d’affaires global du champagne).
L’importance des contrats d’approvisionnements
En Champagne, on recense 15 800 exploitants cultivant près de 90 % de la surface plantée alors que les quelques 300 maisons de Champagne ne possèdent que 10 % du vignoble mais réalisent presque 70 % des ventes de champagne. Il est donc impératif qu’elles entretiennent avec les vignerons des relations permanentes et équilibrées pour s’assurer d’un approvisionnement suffisant en raisin grâce notamment à de solides contrats d’approvisionnement*. Le but est de faire face à la demande des marchés et en particulier celui de l’export qui peut se monter jusqu’à 88 %. Il est bon de répéter qu’il faut environ 1,2 kilo de raisin pour produire les 75 centilitres d’une bouteille de champagne. Le prix du raisin représente environ 75 % du coût total de cette bouteille.
*Des contrats d’approvisionnement négociés périodiquement entre le Syndicat Général des Vignerons et l’Union des Maisons de Champagne.
Une centaine de Grandes Maisons
Il faut savoir que ces maisons de champagne, même celles qui possèdent et exploitent des vignes, sont des entreprises dont l’activité principale est d’élaborer et de commercialiser du champagne. Elles choisissent leurs raisins parmi les divers crus de l’appellation pour ensuite les vinifier séparément puis les assembler selon des règles et des traditions propres à chaque maison. La Champagne compte une centaine de grandes maisons. Certaines ont plusieurs siècles d’existence, comme la maison Louis Roederer qui remonte au XVIIIe siècle. Elle est d’ailleurs encore dirigée par un descendant de la famille. Certaines sont propriétaires de vignobles ; d’autres s’approvisionnent chez les viticulteurs. Certaines ne commercialisent que les champagnes de leur marque ; d’autres élaborent des cuvées pour le compte de clients extérieurs à la Champagne, etc.
Top 5 des grands groupes en 2016 (cotés en bourse)
- Moët & Chandon/Mercier/Ruinart/Veuve Clicquot/Krug (groupe Moët Hennessy LVMH)
- Lanson-BCC : Lanson/Burtin Besserat de Bellefon/ Boizel/Chanoine/Philipponnat/de Venoge/Alexandre Bonnet
- Vranken/Pommery/Heidsieck & Monopole/Charles Lafitte
- Laurent-Perrier/de Castellane/Salon-Delamotte/Lemoine
- Mumm, Perrier-Jouët (groupe Pernod Ricard)
Les autres groupes
Ces groupes se caractérisent par un chiffre d’affaires qui se situe entre 10 et 100 millions d’euros
- Roederer Louis et Théophile + Deutz,
- Taittinger + Irroy
- Martel + De Cazanove + Mansard Baillet,
- Thienot + Canard-Duchêne + Joseph Perrier + Marie Stuart,
- Piper Heidsieck + Charles Heidsieck (E.P.I.),
- Bollinger + Ayala,
- N. Gueusquin,
- Duval Leroy,
- Billecart-Salmon,
- Pol Roger,
- Henriot,
- Gosset,
- Lombard & Médot,
- Cattier,
- C. Mignon-L. Launois,
- Malard,
- Gardet.
Autres grandes maisons (par ordre alphabétique)
- Abelé
- Brice
- E. Brun
- Baron-Fuenté
- Bruno Paillard
- Chaudron
- Cheurlin-Arnoult
- Comte de Dampierre
- Cuperly
- Deregard Massing
- De Telmont
- A. Desmoulins
- H. Giraud
- A. Gratien
- Jacquesson
- Jacquinot
- R.J. Lallier
- Lenoble
- P. Mignon
- Moutard Diligent
- E. Ralle
- L. de Sacy
- C. Senez
- A. Soutiran
XIII – Les Vignerons indépendants
Vignerons indépendants, ils le sont à tous les points de vue ! Pour rejoindre la Fédération Champenoise, ils doivent apporter la preuve que leurs champagnes proviennent de leurs propres vignes et de leurs récoltes. Ainsi ce sont eux qui assurent la taille, le liage, l’ébourgeonnage, l’entretien des sols, le relevage des fils, le rognage, la vendange puis de la vinification, de la création des assemblages, de la mise en bouteilles et du dégorgement. Ils gèrent en parallèle la commercialisation de leurs champagnes.
13 millions de bouteilles vendues
336 Vignerons Indépendants sont adhérents à la Fédération Régionale des Vignerons Indépendants de Champagne, venant de 126 communes. A eux tous, ils représentent près de 2 400 hectares soit environ 7 % du vignoble champenois. Mais avec leurs 13 millions de bouteilles vendues, ils représentent 20 % des ventes de l’ensemble des vignerons champenois (4500 vignerons). Et plus de 15 % de leurs bouteilles sont exportées.
Près de 10 % des vignerons ont la certification Haute Valeur Environnementale
La Fédération a plus que triplé le nombre de ses adhérents en 15 ans ! (Elle est passée de 106 adhérents en 2000 à 336 aujourd’hui). En dehors des différents événements organisés (Concours des Vins, Salons, Pique-nique chez le Vigneron indépendant…), la Fédération de Champagne est aussi très engagée dans la viticulture durable telle que la certification Haute Valeur Environnementale. En 2015, 30 Vignerons Indépendants sont certifiés HVE Niveau 3 sur 50 exploitations certifiées au total en Champagne
Maisons de Champagne représentant les Vignerons Indépendants
(Liste non exhaustive)
- Champagne Bonnevie-Bocart à Billy Le Grand
- Champagne Louis Brochet à Ecueil
- Champagne Etienne Calsac à Avize
- Champagne Colin à Vertus
- Champagne Yves Couvreur à Rilly-la-Montagne
- Champagne A & J Demière à Fleury-la-Rivière
- Champagne Daniel Etienne à Cumières
- Champagne Fredestel à Trépail
- Champagne Gaidoz Forget à Ludes
- Champagne Goutorbe-Bouillot à Damery
- Champagne Guy Larmandier à Vertus
- Champagne Xavier Leconte à Troissy
- Champagne Michel Loriot à Festigny
- Champagne Philippe Martin à Cumières
- Champagne Thierry Massin à Ville-sur-Arce
- Champagne Monmarthe à Ludes
- Champagne Plot Sevillano à Vincelles
- Champagne Robert à Fossoy
- Champagne Trudon à Festigny
XIV – Les coopératives, 50 % des surfaces
Les chiffres sont parlants. La coopération vinicole champenoise regroupée au sein de la Fédération des Coopératives Vinicoles de la Champagne (FCVC) rassemble 138 coopératives et unions répartis sur l’ensemble de la Champagne. Celles-ci regroupent 14 174 viticulteurs adhérents (70 % des déclarants de récolte de l’appellation) travaillant 13 244 ha soit 50 % de l’ensemble de l’AOC Champagne. Elles fédèrent 125 centres de pressurage et possèdent une capacité de stockage de 295 millions de bouteilles. En termes de vente, à elles seules, 40 coopératives vendent 30 millions de bouteilles sachant que 25 millions de bouteilles sont vendues par 2700 coopérateurs sous leurs propres marques.
Ainsi une marque de champagne comme Nicolas Feuillatte qui est la propriété de la coopérative de Chouilly, est devenue en 25 ans le troisième champagne le plus vendu dans le monde !
Comment s’y reconnaître ?
Il suffit de regarder l’étiquette. Si la mention CM pour Coopérative de manipulation apparaît, il s’agit d’une cave à laquelle les adhérents apportent leurs raisins. La coopérative se charge de les presser, de les vinifier puis d’élaborer les assemblages ; des bouteilles qui seront vendues ensuite pour la plupart sous le nom de la coopérative ou celui d’une marque qu’elle a créée. Si le coopérateur reprend ses vins* pour les commercialiser lui-même sous son nom ou sa marque, ses champagnes prendront les initiales RC pour Récoltant-coopérateur.
*Le coopérateur après avoir confié ses raisins à la coopérative, va récupérer son vin après la seconde fermentation en bouteille. A charge pour lui ensuite d’assurer la commercialisation.
Les coopératives et leurs marques de Champagne
(liste non exhaustive)
- Champagne Jacquart, Champagne Montaudon… : Alliance Champagne. En 2010, Champagne Jacquart, filiale du groupe Alliance
Champagne, a racheté le Champagne Montaudon au groupe Moët Hennesy Champagne qui l’avait acquis en décembre 2008.
- Champagne Nicolas Feuillatte : Centre Vinicole-Champagne Nicolas Feuillatte
- Champagne Pannier : Coopérative Pannier-Covama à Château-Thierry. La Covama fait partie du groupe Alliance Champagne.
- Champagne de Saint Gall : Union Champagne à Avize
- Champagne Beaumont-des-Crayères : Coopérative Beaumont des Crayères à Mardeuil
- Champagne Veuve A. Devaux : Union Auboise à Bar-sur-Seine
- Champagne Collet : Cogevi à Aÿ
- Champagne de Castelnau : Cave Coopérative régionale des vins de Champagne (CRVC) à Reims
- Champagne Mailly Grand Cru : Coopérative Mailly à Mailly Champagne
- Champagne H.Blin : Coopérative Vinicole de Vincelles
- Champagne Clérambault : Coopérative Vinicole de Neuville et Buxeuil
- Champagne Palmer & Co : Société des grands crus de la Champagne à Reims
- Champagne Esterlin : Coopérative de Mancy
- Champagne Le Brun de Neuville : Cave coopérative des Champagne Le Brun de Neuville au sud d’Epernay
- Champagne Argentaine : Cave coopérative viticole L’Union de Vandières
- Champagne Chassenay d’Arce : Cave coopérative à Ville sur Arce, Côte des Bar
- Champagne Charle Heston : Cave Les Six Coteaux à Villers Franqueux
- Champagne Paul Goerg : Maison Paul Goerg à Vertus
- Champagne Vincent d’Astrée : Les Celliers de Pierry à Pierry
- Champagne Le Royal Coteaux : Cave coopérative du Royal Coteaux à Grauves
- Champagne Marquis de Pomereuil : Cave coopérative des Riceys
- Champagne Dom Caudron : Cave coopérative de Dom Caudron à Passy-Grigny
Les Champagnes de Vignerons ou comment communiquer collectivement
Créée dans les années 2000, Les Champagnes de Vignerons est en quelque sorte une bannière collective sous l’égide du Syndicat Général des Vignerons de Champagne. Elle regroupe tout vigneron et toute coopérative qui revendiquent un certain nombre de valeurs qu’ils soient RM (Récoltant Manipulant), RC (Récoltant Coopérateur), CM (Coopérative de Manipulation) ou SR (Société de Récoltants) :
- La maîtrise de toutes les étapes de culture de la vigne et de la vinification sur le domaine ou au sein d’une coopérative.
- L’élaboration des vins issus d’assemblages de la diversité des terroirs et dans le respect du cahier des charges de l’appellation Champagne ;
- Un accueil personnel des clients avec découverte du Champagne de l’exploitation.
Quels sont les chiffres ?
- 5000 adhérents vignerons et coopératives
- 28 % des ventes totales du Champagne (86 millions en 2016)
- 43,2 % des ventes France (68 millions en 2016)
- 14,8 % des ventes à l’export au sein de l’Union Européenne et 9,9% hors UE.
Dans le Secraie des 12 vignerons du Sézannais
Enfin, focus sur le dernier né des groupements de producteurs, celui des douze vignerons créant en 2015 l’association Secraie*. Leur objectif : faire connaître l’un des secteurs les plus secrets du Champagne (au sud de la Côte des Blancs), les Coteaux du Sézannais. Ils s’étendent sur une vaste bande de 30 km de long d’Allemant au nord-est à Villenauxe-la-Grande au sud-ouest, englobant les communes de Broyes, Sézanne, Vindey, Saudoy, Barbonne-Fayel, Fontaine Denis, La Celle-sous-Chantemerle, Chantemerle, Bethon et Montgnost. Ce terroir de vignes champenoises les plus proches de Paris couvre des sols argileux et sableux de 1477 ha entrecoupés de châteaux, d’églises, de dolmens et de souvenirs des combats de la première Guerre Mondiale. Ici, deux cépages dominent, le chardonnay et le pinot noir. Chaque récoltant-manipulant de l’association issu d’une ou deux générations de viticulteurs sont signataires de la charte Secraie qui impose quatre conditions :
- Être situé dans l’un des 12 villages qui constituent les Coteaux Sézannais ;
- Produire au moins 4 cuvées différentes avec des raisins des Coteaux Sézannais ;
- S’engager dans une démarche de respect de la nature et de l’environnement ;
- Vinifier soi-même les cuvées vendues au domaine.
* Secraie : SE comme Sézanne et CRAIE comme la roche constituant le sous-sol du Sézannais.
Liste des 12 vignerons membre de l’association Secraie
- Champagne DELONG Marlène
- Champagne Bertrand Doyard
- Champagne Michel Marcoult
- Champagne Pierre Launay
- Champagne G. Richomme
- Domaine Collet
- Champagne Cédric Guyot
- Champagne Dominique Jarry
- Champagne Benoît Cocteaux
- Champagne Marie Copinet
- Champagne Barrat-Masson
- Champagne Frédéric Torchet
XV – Les chiffres clés du Champagne
Au total 15 628 exploitants * (dont 293 négociants) assurent la mise en valeur du vignoble en production, soit 33 500 ha, morcelé en plus de 280 000 parcelles dont la superficie moyenne est de 12 ares. Les Maisons possèdent seulement 10 % des surfaces en production alors qu’elles réalisent environ 68,6 % des expéditions totales (86 % pour les marchés export) : d’où l’importance de relations étroites et équilibrées entre Vignerons et Maisons pour assurer un approvisionnement suffisant permettant le développement de nouveaux marchés dans un contexte de forte demande.
*Un chiffre significatif puisque ces quelques 15 000 vignerons champenois détiennent 90 % du foncier.
A combien l’hectare en Champagne ?
Combien l’hectare se négocie par exemple dans la Côte des Blancs ? En 2017, il faut compter à titre d’exemple : 1,533 million d’€ l’hectare en Côte des Blancs ; 1,181 sur la Côte d’Epernay et 1,09 pour les autres secteurs de la Marne. La Safer dévoile que le prix minimum fut, en 2016, de 570 900 € et le maximum de 1 862 700 € par hectare. Mais les records ne sont pas en Champagne. Il faut aller les chercher en Bourgogne avec une vente dans un grand cru qui a atteint la somme stratosphérique de 10 millions d’euros l’hectare (le Clos des Lambrays à Morey-Saint-Denis, 8,66 ha d’un seul tenant, Premier Grand Cru de la Côte de Nuits aurait été acheté pour 100 millions d’€ par LVMH en 2014). Une certitude, la vigne reste encore la propriété des champenois ! Enfin, on estime la valeur de l’appellation Champagne à environ 70 milliards d’€ (supérieure à celle de tous les autres vins en France et dans le monde).
XVI – Le top 15 des plus grandes fortunes du Champagne
(selon le magazine Challenge)
- Bernard Arnault (Moët & Chandon, Ruinart, Krug, Veuve Clicquot, Mercier, Dom Pérignon)
- Alexandre Ricard & famille (Mumm, Perrier-Jouët)
- Familles Hennessy (idem à Bernard Arnault)
- Christophe Descours & famille (Piper Heidsieck et Charles Heidsieck)
- Frédéric Rouzaud & famille (Louis Roederer, Deutz)
- Jean-Jacques Frey & famille (Billecart Salmon)
- Alain Thiénot (Thiénot, Joseph Perrier, Canard-Duchène, Marie Stuart)
- Famille Bollinger (Bollinger, Ayala)
- Carol Duval-Leroy & famille (Duval-Leroy)
- Joseph Henriot & famille (Henriot)
- Alexandra Nonancourt & sa famille (Laurent-Perrier)
- Paul-François Vranken & famille (Vranken, Pommery, Charles lafitte, Heidsieck & Co Monopole)
- Bruno Paillard (Lanson, Chanoine Frères, Boizel, Besserat de Bellefon, De Venoge, Philipponnat, Alexandre Bonnet, Paillard)
- Pierre-Emmanuel Taittinger & famille (Taittinger)
- Famille Pol-Roger et Billy (Pol-Roger)
XVII – Les routes du Champagne
Quatre routes entièrement balisées font découvrir la Champagne et son terroir, des routes qui serpentent au milieu des vignes, sur des coteaux découpés où s’accrochent villages, châteaux et églises avec haltes chez les vignerons.
- Côte des Blancs, berceau du chardonnay au départ d’Épernay ;
- Vallée de la Marne, au départ d’Épernay ;
- Montagne de Reims, au départ de Reims ou d’Épernay ;
- Massif de Saint-Thierry, au départ de Reims.
XVIII – Tableau des Grands et des très Grands Millésimes de Champagne
Voici la liste des grands et des très grands millésimes de Champagne de 2009 à 1937
(*Millésimes du siècle)
- 2009, 2008*, 2007, 2002*
- 1998, 1996, 1990*
- 1989, 1988*, 1985, 1983, 1982, 1981
- 1979*, 1978*, 1976, 1975, 1973, 1971, 1970
- 1969, 1964, 1962
- 1959, 1955, 1953
- 1947, 1945*, 1943
- 1937
(Voir le tableau complet des millésimes de Champagne de 1926 à 2012)
La Champagne inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco
La candidature de la Champagne (Coteaux, Maisons et Caves de Champagne) pour son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco a enfin abouti conjointement à celle de la Bourgogne et de ses climats*. Le dossier avait été circonscrit aux coteaux historiques de la Montagne de Reims, d’Aÿ à Hautvillers, à la Colline Saint-Nicaise de Reims et à l’avenue de Champagne d’Epernay.
*Les « climats » du vignoble de Bourgogne sont selon l’Unesco des parcelles de vignes précisément délimitées sur les pentes de la côte de Nuits et de Beaune, au sud de Dijon. Il s’agit en fait de 1 247 climats situés entre les villes de Dijon et de Beaune sur une bande de 60 km et réparties entre la Côte de Beaune et la Côte de Nuits en Côte- d’Or.
Après 8 ans d’attente
Il fallut 8 ans d’attente, la demande avait été déposée en 2007 dans la catégorie paysage culturel. Elle concernait les coteaux, maisons et caves de champagne. Le 4 juillet 2015 étaient inscrits officiellement sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco dans la catégorie Paysage culturel, trois sites de la Champagne :
- l’avenue de Champagne à Epernay,
- la colline Saint-Nicaise à Reims dont le sous-sol recèle d’immenses crayères (extraction de la craie) utilisées de l’époque gallo-romaine à l’époque médiévale utilisées comme espace de vinification et de stockage,
- les coteaux historiques autour d’Epernay dont le village d’Hautvillers.
Trois ensembles qui reflètent d’après l’Unesco la totalité du processus de production de champagne. La plupart des grandes maisons sont concernées (Ruinart, Pommery, Veuve-Clicquot, Charles Heidsieck, Taittinger…). Cette reconnaissance universelle sous le label Unesco devrait selon les estimations engendrer un surplus de touristes de l’ordre de 20 %.
Déjà 7 sites* viticoles inscrits au patrimoine mondial
Avant la Champagne et la Bourgogne, 5 sites viticoles étaient déjà inscrits au Patrimoine mondial : l’ancienne juridiction de Saint-Emilion, la Vallée du Haut-Douro au Portugal, la Côte de Tokaj en Hongrie, Lavaux en Suisse et l’île de Pico dans les Açores.
* Il existe dans le monde 1031 sites répertoriés au patrimoine mondial par l’Unesco. La France en compte 41. Elle se situe derrière l’Espagne (44), la Chine (48) et l’Italie (51).